Chapitre 6

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-Non, pas comme ça, regarde.

Judith me remontre pour la millième fois le morceau de piano qu'elle essaye de m'apprendre. Aujourd'hui il pleut et la salle de musique du lycée est bondée. Quand Judith commence à jouer "Radioactive" de Imagine Dragons, on se met à chanter.

*This is it, the apocalypse *

J'aime être avec elle. Depuis toujours, c'est comme si le monde n'était pas fait pour moi. Comme si j'était un ovnis dans se monde hiérarchisé. Comme si j'étais hors-concours, laissé de coté, incomprise, insoumise. Pas rejeté de la société, non, mais pas totalement intégré non plus. Incapable de comprendre le semblant d'humain, assoiffé d'argent, de pouvoir. Avec elle, on pourrait m'exiler sur une île, j'y serais à ma place. Avec elle, n'importe où, le temps s'arrête. Avec elle, je me sent enfin comprise. Naturellement on fusionne.

~Apesanteur ~

On parle souvent, de choses futiles, de choses importantes, de choses joyeuses ou de choses intensément tristes. On parle sans gène, sans tabou, sans même nous rendre compte de la détresse de nos paroles et de l'immensité de nos utopies. On a la tête tourné vers des rêves audacieux, des espérances que l'on laisse de coté par manque de courage. Tout me plait chez elle, chez nous. La marginalité de notre relation. Tout.

Quand la chanson se termine, je sors de ma transe musicale et en tournant la tête, je m'aperçois qu'elle me fixe d'un air dubitatif. Enfin, elle me sourit.

-C'était cool, dit-elle.

-Ouais, c'était cool.

Je lui renvois son sourire. C'est fou comme avec elle je perd mes moyens. Parfois je n'arrive même plus à parler.

L'idée de quitter cette pièce, ce moment coupé du monde ne me ravit pas mais la sonnerie retentit et c'est l'heure d'aller en cours. En sortant du bâtiment, je meurs d'envie de lui prendre la main mais je n'ose pas. C'est fou comme elle est dure a cerner. Comme j'ai du mal a la capter. Je reste indécise avec elle.

Elle est drôle avec ses cheveux tout volumineux à cause de l'humidité et elle est mignonne même avec ses lèvres gercés et ses joues rouges. Son air fatigué me donne envie de la prendre dans mes bras et de la laisser s'endormir. Elle doit me trouver bizarre de la fixer ainsi mais j'ai l'impression qu'elle fait de même.

Je ne sais plus ce qui m'a attiré chez elle plus que chez les autres. Elle est si spéciale...

Son téléphone vibre ce qui nous tire de notre contemplation mutuelle. Elle consulte son portable et moi je me regarde mes poignets rougis par ma mauvaise habitude de les gratter quand je suis stressé.

-Allo? Ouais tes ou bordel? Ok. A tout de suite. Oui d'acc. Moi aussi.

Elle raccroche, le sourire au lèvres. Moi aussi? Non... Quelqu'un lui aurais dit "je t'aime"?

-Je dois te laisser! A plus! dit-elle.

Puis en un coup de vent, elle est partit. Ma jalousie naturelle revient en bombe: suis-je parano?

Elle a répondu "moi aussi"...

Quand j'entre en cours, mon visage doit trahir mon désarroi car Madison le remarque tout de suite et son aura s'assombrit légèrement. Je m'assois à ses cotés sans rien dire et elle tapote ses doigts sur la table pour que je lui donne ma main. Son énergie positive et amicale m'apaise d'un coup même si l'image de Judith répondant "moi aussi" me hante toujours.

-Tu sais, tu peux me le dire Babî si ça va pas.

Je la regarde et lui lance un pale sourire. Devant nous, Elise et Lee sont de bonne humeur. Marine, elle, est en ville avec Amélia et Aria. Le prof louche sur le décolleté d'Hermione au premier rang. Oh l'aura, mauvaises pensées monsieur, très mauvaises. Je rigole toute seule. Ah, pauvre professeur, sa femme boude et ça va faire deux mois d'abstinence... On le pardonne. Et, soit dit en passant, je sais aussi qu'elle va voir ailleurs... Le pauvre.

-Au fait Babî, me dit Elise. T'as pensé à l'anniversaire de Marine?

-A vrai dire, non.

-Et vous pensez quoi d'une fête surprise? lança Lee.

L'idée est tentante. On pourrait pas faire ça chez moi il n'y a pas assez de place, mais chez Madison c'est possible et je sais que c'est exactement ce qui plairait à Marine.

-Oui c'est une super idée!

-Stop les bavardages au fond! crie le professeur.

On se tait le regard rieur et quand le professeur se retourne je m'autorise un doigt d'honneur magnifique derrière son dos ce qui fait rire mes amis et en outre certains. Mais je m'en fou. Je m'en fou royalement de ce que pense ces abrutis qui pensent avoir une personnalité parce qu'ils écoutent les rappeurs à la mode sans même comprendre les paroles et qui te disent que tu es toute leur vie alors qu'ils viennent de te rencontrer et deux jours plus tard t'insultent. Je ne me sent pas à l'aise avec eux, ceux qui parle dans le dos des gens et qui collectionne les conquètes sans importances, seulement pour une nuit parfois. 

Je me délave de jour en jour devant ce pauvre monde sans coeur ou amour, sans liberté, sans paix, sans droits véritables, quelques phrases inventées pour rassurer la population pour ne pas dire que le monde part littéralement en couille.

"Perte de tout contrôle"

On dit que les hommes dirigent la Terre, mais avant il faudrait qu'ils  se dirigent eux même. J'ai compris ça depuis que je ressent les énergies. 

Depuis quelques minutes, ma mains est au dessus de celle de Madison et je lui envois de la chaleur, sans qu'elle ne s'en rende compte. Quand elle s'intensifie, instinctivement Madison retire sa main. Je regarde l'heure sur mon téléphone: il est 17h56. En apercevant la petite enveloppe sur le haut de mon écran, je regarde qui m'a envoyé un message: c'est Judith.

"T'es ou?"

"En cours, j'arrive"

Pff... J'ai eu sûrement tort de m'en faire pour un simple "moi aussi". Elle me cherche, elle n'est pas avec quelqu'un d'autre! Je ne peux pas m'empêcher de sourire.

La sonnerie retentit et je sort avant tout le monde. Marine, Amélia et Aria sont là et je m'avance pour les prendre dans mes bras.

-Comment c'était ce cours d'éco? demande Marine.

-Comme un cours d'éco! dis je en riant.

Conrad passe près de nous puis s'éloigne sans dire un mot.

-Qu'est ce qu'il a 'Rad? lance Aria.

Je me met a rire en repensant à la soirée et leur promet de leur raconter l'histoire du "collage au mur/roulage de pelle" assez hilarante à vrai dire. Quand nous arrivons à la sortie, je m'arrête pour chercher ma clé dans mon sac et Marine m'attrape le bras.

-Babî...

Marine avait parlé si bas que je ne l'ai presque pas entendu. Sa voix semblait pleine de compassion. Quand je relève la tête mon cœur se serre et je manque un battement de cœur.

Elle se tient devant moi, à quelques centimètres. Peut être qu'en tendant le bras je pourrais la toucher. Mais elle est inaccessible. Inaccessible et dans les bras d'une autre. Dans les bras de cette fille qui lui tient la tête entre ses mains et qui l'embrasse.

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Salut tout le monde! 

Je voulais juste vous dire que je suis un peu déçu de ce chapitre... Donnez votre avis svp, je le trouve bof. Merci à vous!

kiss

A.

PowerfulOù les histoires vivent. Découvrez maintenant