Chapitre 1

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La dame de service passe derrière moi, toujours avec son air nonchalant habituel et ses sourcils bien trop hauts pour être naturels. Dix minutes que le cours de français a commencé et j'étais resté dehors, tremblante, incapable de m'enfermer dans une salle remplie d'esprits en reflexions, redoutant de perdre pied, de tomber dans les pommes comme il m'arrive de faire avec trop de pression.

Marine m'avait accompagné au début, essayant du mieux qu'elle pouvait de me calmer, prenant mes mains froides dans les siennes chaudes et accueillantes. Elle était stréssé mais assez calme et je sentais qu'elle se concentrait pour me transmettre sa tranquilité. C'était la seule qui arrivait à m'apaiser un peu. De toute façon, c'était la seule à connaitre une grande partie de ma vie. Elle sait ce que j'aimerais oublier et mes erreurs irréversibles. On a beaucoup de choses en communs. Elle a donc plongé ses yeux dans les miens, sans expression, sans compassion car elle ne pouvait rien faire. Mais elle s'inquiétait, je le voyais bien. Elle m'a regardait pleurer un peu puis elle est partit en cours, me laissant seule ce qui était mieux pour tout le monde.

Mon téléphone vibre, c'est un message de Conrad qui me demande ce que j'ai.

"Crise d'angoisse t'inquiète pas"

Il a assez de préoccupations pour se soucier de mes problèmes. Il est constamment triste, affichant un faux sourire qui berne tout le monde. Sauf moi évidemment car son aura grisâtre de dépression je le vois. Il peut rien me cacher, d'ailleurs il ne cherche pas a me mentir. Il est sincère, le garçon le plus sincère que je connaisse. Si on ne le connait pas, on le voit avec ses airs de faux dur à cuire. La vérité c'est que Conrad n'a plus rien a perdre. Il se fou royalement de sa vie. Quand on parle, il me dit tout. Je connais ses plus grands secrets. Mais en réalité on fait comme si on est pas proche: on se fuit souvent pourtant on sait ce qui est en train de se passer entre nous.

~ le premier qui tombe amoureux a perdu ~

Puis il y a les personnes que j'ai du mal a cerner, esprit fermé, impossible à comprendre, aura presque invisible. Après il y a ceux qui sont des livres ouverts pour moi. Je les captes en quelques secondes. Cette année, on pourrait ne pas le croire mais notre classe est assez riche en secrets, en histoire.

Je sais que Louise la plus discrète a souvent des pensée obscènes, je sais que Marjorie est amoureuse du rouquin. Je sais que Anthony aimerait bien s'envoyer en l'air avec Elise la jolie brune et je sais que Paula est jalouse de la popularité de Madison. J'en sais bien plus, des choses choquante parfois. Je sais plus que personne qu'il ne faut pas se fier aux apparences. Elles sont sont trompeuses, menteuses, troublantes. Simple enveloppe corporelle qui ne présage rien de se qui se trouve à l'intérieur. Je sais trop, parfois des choses que j'aimerais ignorer. Ce n'est pas forcément drôle de savoir ce que pense les gens de toi. Ce n'est pas drôle d'être triste pour les autres surtout que j'ai le don pour sociabiliser avec les dépressifs ou les personnes à problèmes. Charme surprenant des écorchés vifs.

Je me relève enfin et m'approche de la porte de la classe. Les vibrations sont déjà présentes même derrière un mur. Je tressaille en pressant la poignée puis me reprend vite. Oulà, mauvais pour moi, la prof est en colère...

-Abigaëlle, puis je savoir ce que vous faisiez dehors alors que mon cours a commencé depuis vingt minutes? dit-elle.

-Excusez moi, j'étais a l'infirmerie, dis-je en haussant les épaules.

-Asseyez vous et que je ne vous entende pas parler!

Ca tombait bien, parler était bien la dernière chose que j'avais envie de faire. Je trainne mes pied puis m'assois a coté d'Elise. Le frolement de nos deux genoux a suffit pour que je sache qu'elle était fatigué, ennuyé par le cours, elle se demandais si elle n'avais pas fait une erreur en repoussant Anthony la semaine dernière et si j'allais bien.

-Tu...

-Je vais bien, la coupais-je. C'est juste la fatigue.

Bien évidemment, elle me croit. Tant mieux. Je m'adosse à ma chaise balayant la salle du regard, constatant les visages endormis de mes camarades. Ah, Madison pense à Tom. Conrad est, comme on peut s'y attendre, de mauvaise humeur. Benjamin est totalement défoncé mais ça je l'aurais remarqué même sans son aura vaporeux: ses yeux rouges sont déjà une preuve. Quand je me retourne vers la place à Marine deux prunelles bleues me fixent. Elle viens de mentir pour moi: elle a dit à Amélia que je faisais une crise d'angoisse. Ses lèvres articules "ça va mieux?" .

"Oui ne t'inquiète pas."

-Abigaëlle, je croyais vous avoir dis de vous taire, lança la cette vielle pie de madame Lanson. Vous viendrais me voir a la fin du cours.

Elle continue son monologue infernal comme si de rien n'était et moi j'ignore sa remarque. Mon regard ce tourne vers Judith.

~ Judith ~

Elle dessine sur le coin de son cahier, ses cheveux tombant sur son visage pale. Elle me fera toujours le même effet.

Frisson.

Quelques minute plus tard, la sonnerie retentit et je m'empresse de prendre mon sac et de partir...

-Pas si vite Abigaëlle!

Je me retourne pour voir le visage de ma prof de français, presque ridicule avec ses lunettes de travers.

-Madame Lanson, lançais-je. Mon bus va partir. Cependant je tenais a souhaiter un bon rétablissement à votre fille de 10 ans malade depuis quatre jours et un bon repas en amoureux avec votre mari se soir. Sur ce, bonne soirée.

Je tourne les talons, la laissant ébahie, la bouche ouverte.

"Suceuse" pensais-je en riant.

Je marche dans l'allée avant de m'arrêter car je l'apperçois, au bout du couloir.

Conrad.

Il souriait. Premier vrai sourire de la journée. Sourire qui a calmé mes battements de coeur. Sourire qui a fait le vide dans ma tête en une fraction de seconde.

-On se connait? dis-je en riant de plus belle.

Il fait semblant de me frapper avant de rire à son tour et de m'accompagner vers la sortie.

~

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