Abigaëlle, 15 ans n'est pas comme les autres. Elle a un don plutôt... encombrant. Rongée par le passé, elle tourne la page sans s'attendre à ce que le présent soit bien plus compliqué. Partagé entre amour et dangé, amitié et pouvoir, il l'a rattrape...
Je devrais me douter qu'il m'entend, je lui cris dans les oreilles depuis cinq minutes, le rouant de coups plus faible les un que les autres mais chargés de colère.
-Babî calme toi, lâche le!
-JAMAIS DE LA VIE! dis-je en me retournant vers Marine, encore toute remuée, qui me tire comme elle peut par les épaules. Sans l'écouter, je me retourne et mon visage heurte violemment le front de Conrad. La douleur lance dans toute ma tête mais je l'ignore, marqué et choqué par ce que je viens de voir.
-COMMENT TU AS PU LA TOUCHER! COMMENT TU AS PU FAIRE CA?
-Babî! Lâche moi et écoute tu ne comprend rien!
-FERME LA ET NE M'APPELLE PLUS JAMAIS COMME ÇA. TES QU'UN SALAUD, TU ME DÉGOÛTE! TU GÂCHE TOUT, TU AS TOUT GÂCHÉ! T'EN AS PAS MARRE DE RENDRE LA VIE DES GENS MERDIQUE?
Les mots partent comme des bombes de ma bouche. J'ai à peine conscience qu'ils sont extrêmement blessants. A ce moment là je n'en ai rien à faire. Conrad qui était plié en deux il y a encore quelques secondes, a semblé oublier sa douleur et s'est redressé d'un coup, me lançant, au passage, un regard si dur que, en temps normal, j'en aurais pleuré. J'avais pu mettre en pratique la théorie qu'Elise et moi avons mise en place, élégamment appelée "la technique de la castration". Mais, prise de rage, de peur et de tout le reste, je me suis mise à étrangler et à tirer les cheveux de ce qui reste de mon "meilleur ami". C'est alors que deux mains se posent sur ma taille et, aux dernières nouvelles, Marine n'as que deux bras. Une force assez impressionnante contraste avec avec mon corps tremblant comme une feuille et m'attire vers l'arrière, éloignant ma folie du cou rougie, enflé et griffé du sale type qui se tient devant moi.
Il y a ce qui me semble des heures, mais qui est en fait a peine deux minutes, je l'ai aperçue. J'avais tout imaginé. Benjamin, j'aurais presque pu comprendre. C'est déjà arrivé, ils se sont déjà battus.
Puis c'est un garçon.
Mais en voyant les traits défigurés de mon amie, cette fille si gentille, je n'ai pas pu me contrôler.
Aria, je n'aurais jamais pensé. Je n'ai même pas cherché à comprendre.
Ce n'est pas possible, c'est invraisemblable.
~le monde a l'envers~
Elle était là, étendue. Méconnaissable. J'aurais pu me jeter sur elle mais elle avait l'air si fragile dans cette civière. Aussi fragile, à présent, que moi. Que mes sautes d'humeur et mes folies passagères. Aussi fragile que la soucoupe volante remplis d'aliens qui m'as laissé tombé sur terre et complètement oublié dans se monde qui ne peut pas être le miens. J'étais si ébranler que je n'ai même pas pensé à pleurer. Ses yeux couverts de sang, ses arcades ouvertes, ses lèvres rongées, sa machoire gonflée...
Et par dessus tout, derrière ces blessures, je ne reconnaissais pas Conrad. Pas le Conrad.
Pas mon Conrad.
Quand ma vue devient plus claire et que je comprend que les mains qui accroche ma taille sont celles de Benjamin, je manque de crier.
-Putain Babî, tu m'écoute maintenant.
-C'est un blague? Je n'écoute personne. PERSONNE! Et surtout pas toi, dis-je avec mépris.
L'ambulance viens de partir dans un chaos musical répétitif, si bien que quand elle a totalement disparu la sirène sonne encore dans ma tête. Le silence prend le dessus sur la dispute et nous laisse tous les quatre sans mot. C'est à ce moment que mes sentiments prennent le dessus et que je commence à pleurer. Marine cale sa tête dans le creux de mon cou.
-Tu n'as pas compris Babî. Conrad n'y est pour rien. Il a protégé Aria. chuchote-elle
-Non. Pourquoi est il plein de sang alors? Qui lui a fait autant de mal si ce n'est pas lui?
Conrad m'attrape le poignet mais je retire mon bras instinctivement, le regardant d'un air septique et craintif. Je ne sais plus qui il est. Je ne sais plus à qui j'ai fais confiance.
Sans attendre de réponse à ma question, je pars. Je suis à bout de force. En ce moment plus rien ne va. Tout tourne à l'envers, même moi, je ne me retrouve pas. Je ne ressens presque plus les énergies, la plupart des auras m'échappent et ce qui était pour moi devenu mon quotidien me manque cruellement.
Je me dirige vers le champs que je connais bien: Madison y avait fait une soirée un jours. Dénué de ses tables et bouteilles d'alcool, dépourvu des adolescent jouissif au delà de leur peur, explorant de nouvelles sensations à travers leurs actes dérisoires, cet océan d'herbe qui mériterais d'être coupée semble nu. Les flaques d'eau ont trempée mes chaussures et quelques cadavres de cigarettes restent collé à la semelle. Les nuages nous entourent, comme un cocon cotonneux au dessous du ciel rougeâtre.
Je m'abandonne au paysage quand je sens un présence derrière moi. Je sais très bien que c'est Marine, l'énergie sereine qui la protège m'emporte avec elle dans une bulle de chaleur. Sa main pris la mienne de cette façon étrange que j'aime tant. Et alors que quelques gouttes me tombent sur le visage, elle perce le silence par des mots étonnants:
-Qu'est ce que tu ferais? Je veux dire, si tu mourais demain?
Un soupir m'échappe.
-Je n'en sais rien, sincèrement. Mais ce que je sais c'est que quoi qu'il peut nous arriver, je ne lâcherais pas ta main.
Elle se tourne vers moi et me souri. Même si l'adolescence est une guerre contre sois même, nos rires, nos chambres mal rangées, nos ordis et nos contradictions sont des obstacles. On a tous besoin d'un soutient, d'un pilier, d'une colonne vertébrale pour tenir debout et pour repartir chaque matin. Marine est le mien. Mais quand tous ceux qui nous entoure, même ceux qui joue les psy, les commères ou les bimbos vont mal, il n'y plus qu'une chose a faire et qui réunie toutes les âmes en saturation: les vacances.
Et même si je ne sais pas trop ce que fais, le besoin de revenir aux sources prend le dessus. Peut être que je recommencerais à souffrir, mais pour redevenir celle que je dois être, je sais exactement ou je dois aller.
Espérons juste que la prochaine fois que je sauterais de la digue, je ne serais pas ivre.
Ou seulement ivre d'espoir.
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