Chapitre 9

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-Le personnage principal est dans l'ombre depuis le début. Il écrase la lumière, il étouffe ce symbole d'espoir. Il ne sortira de l'ombre que quand l'art le sauvera.

Je lance ses mots avec assurance malgré la présence de Judith devant moi. Elle me déstabilise encore plus que Elise avec qui je débattais quelques secondes plus tôt sur la meilleure façon de faire mal à un garçon et nous sommes tombés d'accord. Sans étonnement, un coup de genou bien placé restait la chose la plus douloureuse.

Dieu merci si tu existes, c'est bientôt la fin des deux heures d'option littérature et société, basée essentiellement sur le cinéma. Aujourd'hui, nous travaillons sur un film de Jacques Audiard: "De battre mon cœur c'est arrêté". La plupart de mes camarades sont restés insensible à la tension que génère se film qui raconte l'histoire d'un homme qui doit se libérer du poids de tous les soucis accumulés dans sa vie et qui se réfugie dans l'art, plus exactement le piano. C'est peut être parce que, pour comprendre le personnage, il faut l'avoir vécu. Il faut l'avoir vécu, ce nœud qui nous serre la gorge depuis si longtemps qu'il devient habitude. Il faut les avoir passé, ses heures, ses soirées sur le banc au parc sous le saule à compter la mesure, à taper des pieds, plus proche de l'explosion que des pleurs, plus proche de la frustration que de la tristesse. A attendre le hazard. Le miracle. Il faut les avoir vu ces gens, qui passent devant toi sans te voir, comme si de rien n'était. Ils ne te connaissent pas mais ils sont humains. Je me souviens très bien de cette fille que j'appelais "la fille du mardi soir". Tous les mardi, elle passait devant moi, à chaque fois elle était habillé d'une façon féminine et sexy. Jupe, robe, décolleté, talons. Mais dans son regard, une colère sans pareille et une démarche de lionne prête à chasser sa proie. Elle ne m'impressionnait pas cette fille parce qu'elle était aussi révoltée que moi. Son aura changeait constamment de couleur, elle était lunatique et complêtement perdue.

Tous les mardis soir, je me demandais si elle aussi avait se besoin de liberté, perturbé par des personnes néfastes. Je me demandais si elle aussi avait se poids sur la poitrine, cette rageuse impression de ne pas avoir commencé à vivre.

Dans ce cas là, chacun se sauve à sa manière. Certain trouvent l'amour, font un enfant ou deux, partent en voyages... Certains ne s'en sortent pas et se laissent exploser, tout foutre en l'ai dans cette vie qui nous domine tellement. Moi, c'est l'art, il n'y avait que l'art pour me sauver. Je me rappelle de ce que Ismael m'a dit un jour:

"Explose Babî. Explose, mais explose consciencieusement. Met toute ton âme dans ce que tu fais"

A chacun sa porte de sortie.

~EXIT~

En parlant de sortie, c'est l'heure de la notre et la sonnerie retentit. Dehors, à notre grand étonnement, nos amies ne sont pas en train de nous attendre.

-Je vais passer un coup de fil a Madi', me dit Elise.

-Non laisse, il faut que je parle à Marine.

J'ai un mauvais pressentiment et je sent que je doit l'appeler. Au bout de quatre sonneries, la voix de mon amie résonne dans le téléphone, étouffée par des pleurs, comme pour donner raison à mon sixième sens.

-Marine ou est ce que tu es? Qu'est ce qui se passe?

Je n'avais pas l'habitude de l'entendre pleurer. Depuis que l'on s'est rencontré, c'est elle qui sèche mes larmes et qui écoute mes angoisses. Je me demande même si je serais à la hauteur, si je pourrais être aussi réconfortante qu'elle l'a été pour moi. J'ai tellement peur de les perdre, toutes, mais elle encore plus car elle est la seule à me comprendre, à me connaître sans me juger. Je me suis tout de suite confié à elle, sur des choses dont personnes n'était au courant. Et qu'elle soit si mal me ronge de l'intérieur, en plus de mon empathie naturelle. Son bonheur a un valeur spéciale à mes yeux.

-Viens vite s'il te plait. On est devant chez Madi' et Conrad a déconné grave.

-Ok, j'arrive.

En raccrochant, j'explique a Elise que je dois partir malgré mes cours de l'après midi. Je sécherai, ce n'est pas grave. Je ne laisserais pas Marine en plan, encore moins pour deux heure de Mathématiques. Elle se dévoue pour donner une excuse bidon a la professeur, justifiant mon absence. De toute façon, Mme Bernad sera surement contente que je ne sois pas la pour détourner l'attention de ses élèves ou alors elle ne le remarquera tout simplement pas. Etre absente ou dormir ça change quoi?

Les arrêt de bus défilent et j'appuie sur le bouton "STOP" au dessus de ma tête afin que le chauffeur s'arrête. Je descend les marches du bus.

-Au revoir, bonne journée.

Pas de réponse. Pas très polie se chauffeur. Mais en relevant la tête, j'oublie le chauffeur qui semble ridicule fasse à la situation. Une voiture de police, un ambulance et des gens un peu partout. Des passant, des policiers, une civière.

La peur m'envahit et suite à mon immobilisation mon corps semble bouger tout seul. Je cours vers la civière. "Que se passe t'il? Monsieur que se passe t'il?"

Décidément aujourd'hui je semble être invisible ou le monde manque cruellement d'éducation. Une paire de bras m'envoient balader sur le coté et c'est le visage de Marine gonflé de larmes qui m'accueille et qui accentue mon affolement.

-Marine, qu'est ce qu'il t'arrive? Qu'est ce qui se passe?

Ma voix tremble et Marine lache un sanglot.

-Marine bordel, qui est dans cette civière?

Quand je l'aperçois, près de la porte d'entrée derrière l'épaule de Marine, la colère monte car je comprend ce qui viens de se passer. Conrad a les mains pleines de sang. Les manche de son polo retroussé jusqu'à mis-bras sont tachés elles aussi. Ma respiration s'accélère et je fais demi tour. Je m'approche du corps qui est entouré de toute ces personnes d'un calme impressionnant. En me mettant sur la pointe des pieds, j'arrive a peine a y voir et le visage du blessé m'est caché par un homme robuste. C'est en l'apercevant que je manque tourner de l'oeil.

"Être de chair et de sang, mon âme brûle vers un monde meilleur"

"Être de chair et de sang, mon âme brûle vers un monde meilleur"

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Salut mes lecteurs❤
Merci encore et toujours, écrire me libère de cette histoire que j'étouffe depuis si longtemps.
Alors qui est dans la civière?
Comment va réagir Babî face a Conrad?

Marie, Amandine, Juliette, Shanti, Méline, Héloïse, Lisa, Pauline, Amanda, Pauline, Hélène, Alizé, mes rayons de soleil dans ce temps merdique.Dans ces temps merdique (comprendra qui pourra).❤

PowerfulOù les histoires vivent. Découvrez maintenant