Dangerously.

chapitre deux.

          Ash se prépare. Il enfile son équipement, resserre les cordes de sa crosse, vérifie que le bâton est bien fixé, nettoie son casque, enfile ses gants... Il a oublié de réajuster son maillot. Il regarde autour de lui : personne dans les vestiaires, mise à part Jay. Il se surprend à tenter de sortir, pour rejoindre Mai, et qu'ainsi elle ajuste son maillot, pour qu'il n'ai pas à le faire, avant de lui souhaiter bonne chance en l'embrassant chastement. Mais elle ne le fera pas. Elle ne le plus. Elle ne le fera plus parce qu'il avait rompu avec elle, et qu'il ne devait pas céder en retournant la voir. Elle ne serait sûrement même pas là, pour le voir. Il avait entendu parler d'une soirée, chez Devin. Et elle y serait sûrement. Il aurait aimé la voir, dans sa petite robe bleue turquoise, avec ses talons noirs. Il ne l'avait jamais vu la porter. Elle l'avait achetée, avec lui, sans jamais lui montrer ce que ça rendait : elle voulait lui faire la surprise, pour le jour où elle le verrait. Mais il ne la verrait plus jamais en tenue de soirée. Ou du moins, ce ne sera pas pour lui, qu'elle fera ça.

 Il ôte ses gants, ajuste son maillot, et renfile ce qui lui permettra de protéger ses mains. Jay vient lui taper dans le dos avant de s'engager sur le chemin de la sortie, et ainsi rejoindre le terrain. Ils avaient pariés sur qui se blesserait, ce soir. Et quelle sera la blessure, cette fois. Jay, comme à son habitude, s'était risqué à certifier que ce serait l'un des jumeaux, qui cette fois tombera comme une crêpe, et par chance, se couperait la langue. Bien sûr, il savait que ce ne serait pas possible –ou alors, ils auraient énormément de chance-. Ashton, lui, avait cette certitude que ça serait encore lui, le blessé de la soirée. Et il savait que Mai aussi en serait sûre.  

Sa crosse frôle le sol, et il manque de la lâcher. Il la rattrape de justesse, toujours en suivant bien Jay. Ce dernier regarde instinctivement les gradins. Il les parcours, d'un seul regard, en cherchant précisément quelqu'un. Quelqu'un qui pourrait faire perdre ses moyens à son meilleur ami. Pas la peine de préciser que c'est Mai. Il remarque bien vite la blonde, les cheveux toujours attachés en une tresse sur le côté, aux aguets. Elle était assise à sa place habituelle, dans les gradins les plus hauts, et juste à côté des escaliers pour pouvoir accourir le plus vite possible. C'est d'ailleurs parce qu'elle s'était assise à la place, qui lui était pratiquement attitrée, qu'Ashton pu la remarquer lui aussi. Son regard s'était automatiquement dirigé vers cette place. Il n'avait pas contrôlé. Et Mai le regardait, avec insistance, ses grands yeux bleus ouverts. Dès qu'elle croisa le regard vert de son ancien petit ami, elle détourna les yeux pour parcourir le terrain du regard. Elle analysait chaque joueur de l'équipe adverse, ou du moins ceux qui étaient sur le terrain à s'échauffer. Elle considéra leurs carrures respectives, leurs tailles, émettait des hypothèses sur le poids qu'ils pouvaient faire, et tout cela par rapport aux mensurations d'Ashton. C'était devenu une routine, pour elle, à chaque match. De cette manière, elle pouvait mieux se rendre compte de la portée des coups qu'Ash recevait. Et elle s'en voulait. Elle s'en voulait de continuer d'analyser les joueurs pour Ashton, de se surprendre à le regarder, quand il avait le dos tourné, de ne pas réussir à s'arrêter de penser à lui. D'être venue à ce match, tout simplement. Elle se demandait pourquoi elle avait refusée l'invitation de Devin, qui pourtant ne cherchait qu'à lui changer gentiment les idées. Mais Mai était bornée, et complètement déboussolée de ce qu'il se passait en ce moment même, dans son cœur, et sa tête. Son propre cœur lui criait de courir vers le brun, de l'embrasser, de le supplier de ne pas la laisser, de lui crier son amour, devant tout le monde, même si elle risquait de se faire rembarrer, parce que pour elle, il ne voulait plus d'elle. Dans sa tête, par contre, c'était tout l'inverse. Elle était trop têtue et fière, pour aller voir Ashton. Trop blessée pour lui parler à nouveau. Trop déçue du comportement qu'il avait eu vis-à-vis d'elle.

Elle aurait pensée qu'il reviendrait vers elle, se rendrait compte de son erreur, regretterais, lui dirait qu'il l'aimait, lui demanderait de lui pardonner. Mais il n'avait rien fait. Elle avait attendu toute la journée, était passée devant lui, le frôlant presque volontairement, parfois, attendant qu'il l'interpelle, lui agrippe le bras... Mais il n'avait rien fait. Et petit à petit, elle se sentait faiblir, redevenir une enfant qui n'avait plus rien.