chapitre six.

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            Mai quitta le salon de tatouage en embrassant vivement William, qui pourtant la retenait pour ne pas qu'elle s'en aille. C'était la seconde fois, depuis le premier temps du tatouage, qu'elle revenait pour qu'il continue. Déjà six heures de tatouage, et l'arrière cuisse avait vraiment prit forme, et donnait tout bonnement ce que Mai attendait. Elle n'aurait pas pu rêver mieux. Le fait que William continue à la tatouer ne la gênait pas : il avait commencé, il avait son style de tatouage et de dessin tout particulier, même s'il suivait le croquis de Ni'ia. Il aimait rajouter des détails, dont Mai n'avait aucune idée, jusqu'à les voir et en tomber totalement amoureuse. Des courbes ici et là. Plus de pétales. Une ombre à un endroit où elle n'aurait peut-être pas dû être... Mais pourtant, le rendu final rendait quelque chose de merveilleux à l'œil, et même si Mai souffrait, elle en redemandait. Chaque jour elle demandait à Will quand elle pourrait repasser le voir. Quand il continuerait à la tatouer. Parce qu'elle voulait le finir. Parce qu'elle avait hâte de voir sa cuisse, après trois semaines de séances.

La relation entre Mai et William, elle aussi, avait avancée. Mais pas de la même manière. Ils continuaient de se voir. Ils entretenaient une relation plus ou moins de couple même si Mai lui laissait très bien comprendre qu'elle n'avait pour l'instant aucun sentiment pour lui, et le lui savait bien. Comment oublier du jour au lendemain un garçon que tu aimes depuis tes douze ans ? Il ne lui en voulait pas. Il ne s'attendait pas à faire sa vie avec elle. Il la considérait comme son amie, avant tout, et leur relation aux yeux des lycéens n'étaient rien d'autre que de l'amitié. Mais de temps en temps, ils passaient une nuit ensemble. De temps en temps, pour se dire au revoir, pour se saluer, ils s'embrassaient. Comment deux personnes qui s'attirent physiquement, qui se voient tous les jours avec au moins deux fois par semaine l'une à moitié nue, pouvaient-elles se résister ? ça n'allait pas plus loin que du sexe, à vrai dire. Et ça n'était arrivé que deux fois. William prenait soin de Mai, et il la faisait oublier, petit à petit, Ashton, du mieux qu'il pouvait. Comme un ami. Il ne voulait pas plus que ça.

Mai rentrait au foyer. Elle n'aurait qu'à remonter la rue et tourner pour entrer dans la résidence dans laquelle leur grande maison était. Elle était heureuse, aujourd'hui. Elle n'avait pas vu Ashton de la journée, et pourtant, ils avaient tous les deux cours. Elle ne l'avait pas évité, mais elle n'avait pas même aperçu une seule mèche de ses cheveux, ou senti une seule once de son parfum si particulier aux yeux de la blonde. Mais elle ne s'attendait sûrement pas à le voir à la Maison, quand elle rentrerait.

Oui, le brun était venu au foyer. Pour prendre des nouvelles de Victoria. Pour discuter avec Rupert. Pour rire avec Ni'ia, et pour jouer avec les enfants. Mais aussi, et surtout, pour voir Mai et lui parler. Il voulait lui demander quelque chose d'important. Quelque chose qu'il ne pouvait demander qu'à Mai, parce qu'elle serait la seule à le comprendre, comprenant déjà l'histoire d'Ashton.

Jay ne savait pas. Jay n'avait aucune idée de ce que le brun faisait. Jay était chez lui, tranquillement, à jouer aux jeux vidéo et à discuter avec sa grande sœur. Mais si Jay l'apprenait, il fallait être certain qu'il n'apprécierait pas. Mais Jay ne connaissait pas l'histoire qu'Ashton avait avec son père. Il savait le strict minimum, les mots clés... La prison, la drogue, l'alcool. Mais il n'apprécierait pas, parce qu'il savait qu'Ashton ferait du mal à Mai, en lui demandant ce qu'il voulait lui demander. Il savait que dans sa maladresse infinie, il redonnerait un espoir à Mai, pour lequel Ashton était pourtant contre. Jay, lui, ne demanderait que ça. Que les deux jeunes se remettent ensembles. Ashton aussi. Mais pas tout de suite. Il voulait connaître la vie, comme la connaissait Jay.

Mai ouvra la porte d'entrée et se retrouva dans la cuisine, vide. En effet, tout le foyer, y compris Ashton, étaient dans le salon des enfants. Ils discutaient et riaient tous de bons cœur. Tant que Mai, les entendait, à quelques pièces de là. Mais elle ne se doutait toujours pas de la présence du brun. Elle ne reconnaissait pas son rire, parmi ceux des enfants. Ashton avait un rire simple. Un rire doux. Un rire discret. Un rire qui représentait entièrement qui il était. La blonde ôta ses chaussures et répéta les gestes devenus instinctifs depuis le temps qu'elle les effectuait : elle enleva son manteau, l'accrocha sur un porte manteau, posa son sac au bas, détacha ses cheveux attachés en une queue de cheval haute, passa sa main dans sa crinière blonde pour les remettre en place et soulager son cuire chevelu qui l'avait tiré toute la journée et entreprit de se diriger vers là d'où venait ces rires auxquels elle aurait aimée se joindre, si elle n'avait pas vue Ashton, assis sur la chaise qu'il occupait habituellement, quand il était encore au foyer.

Dangerously.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant