Chapitre 15-1

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J'émergeais péniblement et durant quelques secondes, je me crus de retour dans mon lit, me réveillant d'un nouveau cauchemar. Mais les meubles disparates, les couvertures colorées et les foulards décorant l'un des pieds de lit qui m'apparurent brièvement, me ramenèrent instantanément à la réalité. Ce qui, et c'était sans doute le plus étrange, me soulagea plus que ça ne m'inquiéta. Durant un court instant, je me demandais ce qui, de la douleur lancinante et pulsatiles provenant de mon bras gauche ou des cris retentissant à quelques centimètres de mes oreilles, m'avaient réveillé ? Sans doute les deux, me dis-je tandis que je luttais pour ne pas sombrer à nouveau dans le sommeil et retrouver mes esprits.

Malgré tous mes efforts, ma tête restait lourde, mes oreilles bourdonnaient et je ne percevais mon environnement que par intermittence, un peu comme une radio déréglée. Une seule chose était sûre, des gens se disputaient et l'un deux était juste à côté de moi, ses cris raisonnant douloureusement à mes oreilles. Le bon côté était, qu'ils avaient aussi le mérite de m'empêcher de retomber complétement dans l'inconscience. J'essayais donc de me concentrer sur la discussion, en espérant que cela m'aiderait à sortir des limbes.

— « T'es vraiment désespérante Connie, criait une voix d'homme visiblement au comble de l'exaspération. Ce n'était quand même pas très compliqué de l'amener dans la salle commune en un seul morceau, non ! »

— « Ce n'est quand même pas de ma faute si elle s'est évanouie, lui répondit-elle en criant à son tour. »

— « C'est de la mienne peut-être ?! Rends-toi utile au moins et va chercher de quoi la soigner, lui ordonna-t-il sur un ton d'adjudant-chef...et de la nourriture aussi. D'ailleurs si tu l'avais fait plus tôt, on n'en serait peut-être pas là.»

— « Tu n'avais qu'à t'en charger dans ce cas, puisque que tu es tellement meilleur que tout le monde. Bizarrement je ne t'ai pas vu te précipiter pour t'en occuper tout à l'heure. Tu avais l'air bien content que je m'en charge, alors ne viens pas te plaindre maintenant. »

Pendant un bref instant, il n'y eu plus un bruit dans la pièce et je faillis replonger...avant qu'il ne reprenne la parole, me permettant de garder la tête hors de l'eau.

— « Alors qu'est-ce que tu attends ? Vas-y ! »

— « Non, car c'est idiot. Tu ferais mieux de l'emmener directement à l'infirmerie, plutôt que de me faire perdre du temps en aller-retours inutiles. Mais comme de toute façon tu ne m'écouteras pas...je vais y aller quand même, finit-elle d'un ton amère en commençant à quitter la pièce. »

Bon sang, mais que m'était-il arrivé ? Me demandais-je, tandis qu'une douleur sourde et diffuse de plus en plus présente, finissait de me réveiller. À moins que ce ne soit les cris de Connie et de l'homme de l'entrée (je ne connaissais pas son nom !), on avait dû les entendre à des kilomètres à la ronde.

— Attends...Tu as raison, lui dit-il à contrecœur.

— Pardon ? Lui répondit Connie dans un hoquet de surprise, n'en croyant visiblement pas ses oreilles.

— Par contre il faut que tu m'aides à la déplacer. Elle est trop lourde pour que j'arrive à me relever seul dans cette position.

Quoi ! Mais qu'est-ce qu'il racontait ? C'est à ce moment, qu'arrivant enfin à ouvrir les yeux, je constatais avec horreur que je me trouvais...dans ses bras ! Et pas seulement dans ses bras, me rendis-je compte de plus en plus mortifiée, mais carrément affalée sur lui. Il se trouvait dans une position semi-assise, le dos appuyé contre le mur, coincé entre un lit et une veille commode en bois. Son bras gauche semblait bloqué entre le bas du mur et le pied du lit, tandis que son épaule droite elle, était comprimée contre le côté du meuble dans une position d'apparence tout sauf confortable et moi...j'étais vautrée sur lui. Encore heureux que je sois sur le dos ! La panique et la honte, me donnèrent le coup de fouet qui me manquait et je commençais à essayer de me relever le plus rapidement possible. Enfin...c'était l'idée première ! Car au final, mon mouvement maladroit ne réussis qu'à me faire un mal de chien, me faisant retomber entre ses bras, dans un gémissement pitoyable. La situation ne s'arrangea pas quand, me sentant bouger, il resserra instinctivement sa prise de son bras droit, sans doute pour m'éviter de tomber. Misère, c'était de pire en pire !

— Chuuut, doucement, ne gigotez pas comme ça, vous allez vous faire mal. Me dit-il subitement à l'oreille d'un ton doux, mais qui me fit quand même sursauter.

— Que s'est-il passé ? Arrivais-je à murmurer, tout en essayant toujours de me dégager malgré les douleurs qui en résultaient.

— Mais arrêtez de bouger comme ça, me dit-il en grimaçant comme si je lui faisais mal. Connie viens m'aider !

— Non, je peux...j'peux me lever toute seule, arrivais-je maladroitement à bredouiller tout en cherchant d'un regard flou un appui satisfaisant, autre que le corps de ce mec. Je...mais...qu'est-ce que je fais sur vous ? Qu'est-ce qui s'est passé ? Il faut que...il faut que je me lève...

— Eh doucement, tout va bien. Si vous voulez réussir à vous lever sans trop de dégâts, pour vous comme pour moi, laisser Connie vous aider, me dit-il tout en commençant à essayer de dégager son bras.

— Viens, me dit-elle en saisissant d'une main mon poignet droit et de l'autre mon bras juste au-dessus du coude, pour m'aider à me relever plus facilement.

Je ne pus m'empêcher de hurler, quand une douleur particulièrement violente ressemblant à un coup de poignard, me traversa subitement tout le bras gauche des doigts jusqu'à l'épaule. Connie, surprise par mon cri, me lâcha.

— C'est bon je la tiens ! Dit le jeune homme qui, ayant réussi à dégager son bras et à se redresser en partie, me retenait à présent de ses deux mains dans mon dos, évitant ainsi que je ne retombe sur lui une nouvelle fois.

Isolated SystemOù les histoires vivent. Découvrez maintenant