Quand nous rentrâmes à la maison, une demi-heure plus tard, Zayn me proposa un café et m'expliqua que leurs réactions pouvaient me paraître ignobles et égoïstes mais qu'au fil du temps, ils avaient apprit à se construire des carapaces pour éviter de penser aux morts et aux blessés qu'ils laissaient derrière eux. Évidemment, ils étaient affectés, mais reconnaître la mort les détruiraient. Néanmoins, ils ne pouvaient pas éviter ça et le métisse précisa que j'étais tellement importante que les gens qui tentaient de me faire du malméritaient de mourir. Je ne comprenais toujours pas mais je ne voulais pas m'énerver encore une fois, ça n'aurait servit à rien. Je bus mon café d'une traite et décidai d'aller parler à Harry. Je n'eus pas besoin de le chercher ; il criait sa rage et son mal-être dans le gymnase en se défoulant sur un punching-ball. Entendre ses cris me fit mal au cœur et je me dépêchai de le retrouver pour m'excuser. Je poussai la porte menant au gymnase et l'aperçus. Il était beau même comme ça, même en colère, même en sueur. Je m'approchai lentement, sans faire de bruit, et il me vit. Il tourna la tête vers moi, s'arrêta immédiatement de taper dans le sac et me fixa. Je ne sus analyser son expression ; de l'inquiétude, de l'incompréhension, de la rage. Je fourrai mes mains dans les poches de mon jogging, m'approchant encore plus près, gênée.
-Je... je suis venue m'excuser, lâchai-je, fixant mes pieds.
-T'excuser pour quoi ? C'était ma faute.
-Non, non, je n'aurais pas du réagir comme ça.
-Tu as juste eu une réaction censée Heaven.
-Une réaction qui m'a poussé à m'enfuir, fis-je, pas très fière de moi.
-Ma puce, c'était normal, d'accord ? J'ai juste dit des choses trop... dures pour toi je pense.
-Je ne suis pas si faible Harry.
-Pour l'instant, si, tu l'es.
Je ne répondis rien, je me sentais assez mal qu'il me dise ça, comme s'il ne croyait pas en moi, comme si je n'étais qu'une gamine sans force, physique ou mentale. Je sortis mes mains de mes poches, vraiment mal à l'aise, et commençai à les tordre dans tous les sens et à les tortiller.
-Tu me pardonnes ? Fis-je d'une petite voix, fixant mes doigts qui s'emmêlaient pour se démêler la seconde d'après.
-Jamais je ne pourrais t'en vouloir mon ange, jamais.
-Je compte tellement à tes yeux ?
Je n'avais pas pu retenir la question, elle tournait dans ma tête depuis quelques jours, elle m'obsédait. Je n'osais pas relever la tête, je ne voulais pas croiser son regard, ses yeux émeraude qui allaient me figer immédiatement sur place. Soudain, je sentis une présence à côté de moi qui me surprit ; je ne l'avais pas entendu se rapprocher. Il posa une main délicatement sur les miennes, mettant fin aux gestes nerveux que je n'arrêtais pas de faire, et de l'autre main, il attrapa mon menton pour le relever. Mes yeux croisèrent les siens, je rougis. Il m'attirait tellement, c'en était presque inhumain.
-Oui, tu comptes même bien plus pour moi que tout ce que tu peux t'imaginer princesse. Je t'aime comme il est impossible d'aimer, je t'aime comme si chaque jour était le dernier que je passais avec toi.
Je ne m'attendais pas à ça et ne pus empêcher un léger sourire de traverser mon visage. Mes yeux se posaient sans arrêt sur ses lèvres pulpeuses, d'un rose irréel. Il avait les plus belles lèvres du monde, j'en étais consciente. Je devais le faire, j'en avais tellement envie. Lance toi ! me chuchotai une voix dans ma tête. Alors je le fis. Je me lançai, j'y allai. Je me mis sur la pointe des pieds et déposai doucement ma bouche sur les siennes. Le bouclé, surprit, mit quelques secondes à réagir puis posa sa main sur ma joue, me rendant mon baiser. Le goût de ses lèvres était exquis, j'aurais pu y goûter toute ma vie. C'était la première fois que je l'embrassai, la première fois que je prenais cette initiative, que je faisais le premier pas. Je retirai ma bouche de la sienne lentement quand je n'eus plus d'air dans les poumons. Mon visage était à seulement quelques centimètres du sien, nos souffles se mélangeaient encore, je ne voulais pas reculer davantage. Mes yeux passèrent de ses lèvres jusqu'à ses yeux et nous nous regardâmes quelques secondes, nos bouches entrouvertes, sans dire un mot. Je pourrais dire que cette scène était exactement celle que je rêvais de vivre quand j'étais enfant. Mais c'est faux. Cette scène était largement mieux. Niall mit fin à ce moment magique en ouvrant la porte du gymnase et en criant que Cody était là et qu'il voulait me parler. Harry grogna et je le rassurai en caressant sa joue.
-Tout va bien se passer, t'inquiète pas.