LIFE : Survivre (tome 1)

2) Week-end tragique

Encore une semaine de bouclée où je n'ai pas arrêté ! Je devais impérativement passer quelques coups de fil pour clôturer les préparatifs du mariage des Devrot. J'y ai passé tout mon temps libre mais maintenant, je suis fin prête à partager une soirée entre amis. Hugo et Nora ne vont plus tarder.

Je soulève le couvercle de ma cocotte pour vérifier que ma choucroute ne brûle pas quand la sonnette retentit. J'ai à peine le temps de retirer mon tablier que Louna est déjà à la porte.

— C'est qui ? demande-t-elle excitée.

Elle se doute certainement qu'il ne peut s'agir que de son tonton et de sa tata préférés, comme elle dit. Nous l'avons toutefois tellement sermonnée pour ne pas ouvrir à des inconnus que c'est devenu une habitude, à mon grand soulagement.

J'entends Nora et ma petite puce rigoler lorsque Hugo rentre en cuisine.

— Salut ma belle ! Comment va ?

Je pose ma spatule en bois et l'embrasse sur la joue.

— Impeccable ! Nathan est au salon devant un match de rugby si tu...

Il dépose dans ma main une bouteille de vin rouge et part en trombe avant de me faire un léger clin d'œil. Ah les mecs !

Nora entre à son tour en reniflant l'air.

— Ça sent bon par ici !

Je rigole intérieurement. Je sais parfaitement qu'elle ne mangera pas grand chose pour pouvoir garder sa ligne.

Elle s'avance et nous nous prenons dans les bras. Je recule pour inspecter sa tenue. Elle arbore une magnifique robe courte bleue, légèrement décolletée. Ses escarpins noirs d'une hauteur de dix centimètres la rendent encore plus grande et mince. Elle pourrait facilement poser dans les magazines, à l'inverse de moi. Mes formes ne me permettent pas de porter ce genre de tenue moulante. Contrairement à elle, je n'ai fait que très peu d'effort pour ma tenue vestimentaire. Une tunique rouge et noire sur un leggings sombre et pour finir l'ensemble, un chignon négligé. Après tout, je suis chez moi avec ma famille et mes amis, c'est largement suffisant.

— Encore une nouvelle robe ? dis-je en rigolant.

Elle et sa passion pour la mode, une vraie fashionista ! Avant, nous passions des heures à arpenter les boutiques et à dépenser des sommes astronomiques. Mais dorénavant, je n'ai plus les mêmes priorités.

— Je l'ai eu chez Guess en solde à moins cinquante pour cent, tu imagines !

Elle saute de joie en frappant des mains pendant que je secoue la tête de consternation en souriant. Ça a dû lui coûter un bras ! Même avec les réductions.

— Tiens mets ça, j'ordonne en lui tendant un tablier. Je ne voudrais pas avoir à t'en racheter une parce qu'elle est tâchée !

Elle sourit fièrement en l'enfilant.

Je lui donne un coup de rein pour la faire redescendre de son petit nuage. Elle manque de tomber et se rattrape in extremis au plan de travail.

J'éclate de rire devant sa mine scandalisée. Elle se redresse, tire sur sa robe et finit par rire tout autant que moi.

Tandis que nous préparons les amuse-bouche pour l'apéritif, les enfants arrivent en courant et en profitent pour piocher discrètement dans les plats. Malgré tout je ne les gronde pas, c'est jour de fête ce soir.

Des éclats de rires nous accueillent à notre retour. Ces deux-là sont uniques ! Hugo est le meilleur « pote » de mon mari, comme ils disent, mais également son collègue. Parfois, je me demande si Nathan va au boulot pour travailler ou pour passer du temps avec lui. Ils étaient voisins étant petits, ils ont donc fréquenté les mêmes écoles et se sont toujours entendus à merveille ! Au premier coup d'œil, rien ne laisse présager qu'ils sont amis. Ils sont si différents physiquement. Hugo est plus petit, de taille moyenne et un peu moins baraqué. D'un teint métissé qui fait ressortir ses yeux bleu-gris, il étale son côté baroudeur avec un anneau à l'oreille gauche. Son sourcil droit porte d'ailleurs la cicatrice d'un ancien piercing. Son aspect pousse à penser que c'est un « bad boy », d'autant plus qu'il dit absolument tout ce qu'il pense. Alors que Nathan est tout le contraire, du genre discret, grand et athlétique avec des yeux aussi bleus qu'un ciel de printemps. Comme quoi le dicton « les opposés s'attirent » fonctionne aussi pour l'amitié. Ils forment un duo de joyeux lurons, à rire de tout et de rien, à s'engueuler devant les matchs de football ou à critiquer leurs autres collègues. Ce qu'ils sont en train de faire à l'instant même.