8) Décision

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— Quoi ? Non mais c'est une plaisanterie j'espère !

Ma mère est hors d'elle. Elle arbore une grimace horrifiée face à mes propos, incohérents selon elle. Je l'ai trouvée tranquillement installée sur le canapé aux côtés de mon père et de son journal quand je suis descendue. J'en ai profité pour leur annoncer la suggestion que Doc m'a faite.

— On ne paie certainement pas ce charlatan pour te bourrer le crâne de co... d'absurdités ! Il va m'entendre celui-là.

Sa tirade faite, elle se lève et se dirige d'un pas décidé vers le téléphone, sans prendre la peine d'écouter ce que j'ai encore à lui dire.

Devant cet affront, je m'emporte.

— Tu étais bien contente qu'il me prenne en charge ce charlatan comme tu dis. Il sait ce que j'endure. Il me comprend. Il est le seul à chercher des solutions pour me permettre de reprendre goût à la vie !

Elle repose le combiné et lève les mains au ciel. Ses yeux me lancent un regard orageux et elle s'exprime d'une voix haut perchée.

— Mais c'est toi qui refuse notre aide. Tu ne nous parles jamais. Comment veux-tu que l'on sache quoi faire ? On ne peut pas écouter une personne qui ne parle pas !

Elle semble rongée par la colère et le chagrin à cet instant. Pas autant que moi.

— Il a su écouter mes silences. Il a compris que je ne peux plus évoluer dans un milieu qui m'est si familier et en même temps complètement étranger.

Je prends appui contre le buffet, complètement à bout. Rares sont les fois où je parle autant avec elle. Je ne comprends pas sa réaction. Elle devrait se réjouir qu'il existe un petit espoir de faire revivre sa fille. Mais non, elle est restée bloquée sur les mots « autre pays ».

— Tu nous dis que tu veux partir mais...

— J'ai dit que c'était une éventualité...

Je la coupe et lève les yeux au ciel, exaspérée.

— Oh excuse-moi ! Tu nous dis donc que tu veux, éventuellement partir, continue-elle avec cynisme en mimant des guillemets. Mais as-tu songé où tu allais vivre ? Et que vas-tu faire de plus là-haut, dis-moi ? Tu crois encore à la magie à ton âge ? Tu es renfermée, tu ne fais rien de tes journées et tu crois que ça va changer parce que tu pars à l'autre bout du monde ?

— Tu me fais chier Maman.

Je m'emporte sans faire attention aux mots que j'emploie. Mes mains sont venues frapper avec force la table qui nous sépare.

— Cassandra, tonne mon père en lançant un doigt accusateur dans ma direction. Tu n'es pas d'accord avec ta mère, soit, mais ce n'est pas une raison pour être grossière.

Son regard compréhensif mais sévère me pousse aux excuses. Je baisse les yeux.

— Ok, pardon. Je n'aurais pas dû te parler comme ça.

Je suis une nouvelle fois perdue. J'attendais tellement de cette conversation. Mes parents devaient prendre en considération le pour et le contre de cette idée. M'aider à faire le bon choix, et non se braquer comme ma mère le fait.

— Maman, je reprends plus doucement, tu ne veux pas me voir m'en sortir ? C'est le but de l'opération tu sais ! Je suis redevenue une gamine, une gosse de trente ans, tu te rends compte ? Je ne peux plus vivre ainsi. Ça te plaît peut-être de me dorloter de nouveau mais moi je veux retrouver mon indépendance. Tu comprends ?

Je vois ses yeux s'étrécir devant mes paroles.

— Mais ça n'a rien à voir avec ça bon sang ! Tu n'es pas prête, voilà tout. Si toi tu ne le vois pas, je te le dis. Il est donc hors de question que tu partes de chez nous, point. Il n'y a plus à en discuter.

LIFE : Survivre (tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant