LIFE : Survivre (tome 1)

25) Ébauche

Main dans la main, nous arpentons les allées du gigantesque centre commercial que Josh a souhaité me faire découvrir. Mon appartement commence à se faire un peu petit, et nous ressentons l'envie de sortir au-delà d'une table de café. Pour l'occasion, je me suis affublée d'une longue perruque blonde et d'une paire de lunettes à verres transparents, juste au cas où je serais photographiée en compagnie de Josh. Ça l'a d'ailleurs fait beaucoup rire quand il est venu me chercher. Je m'admire dans les glaces en devanture de chaque magasin, je suis plutôt pas mal en blonde, malgré mon jean et mes converses. Il est grand temps que je remette au goût du jour ma garde-robe.

Je suis émerveillée devant toutes ces boutiques. Nora et Alyssa seront vertes de jalousie quand je leur raconterai. Enfin, juste la partie shopping. Je ne suis pas encore prête à parler de Josh à quelqu'un d'autre qu'à Doc pour le moment. Que penseraient-ils de moi ? La nostalgie me prend quand je réalise que Nathan aurait détesté cet endroit. Dès qu'il s'agissait de l'habiller, il trouvait toutes sortes d'excuses pour se défiler. Jusqu'au jour où je lui avais dégoté une bonne adresse sur internet. Mais, même de cette manière, c'est moi qui me chargeais de ses propres emplettes.

— Tout va bien ?

Josh s'est arrêté et me couve d'un regard inquiet. Je lui souris tout en caressant sa main, toujours dans la mienne, de mon pouce.

— Tu ne répondais pas alors j'ai cru que tu étais partie.

Il est si attentif que c'en est déroutant. Il est évident qu'il a raison, pendant quelques instants, je n'étais plus là. Ça m'arrive régulièrement, mais sa présence me fait vite passer à autre chose et la douleur du manque est moins présente. Je le tire doucement pour que nous continuions notre balade.

Depuis que nous avons décidé de nous laisser une chance d'avancer côte à côte, nos instants ensemble sont de plus en plus fréquents. Déjà avant cette étape cruciale, nous nous voyions régulièrement, mais dorénavant nous avons besoin de nous retrouver en permanence. Nouveauté, nous nous rapprochons physiquement. Ces gestes ne sont pas sexuels ou équivoques, juste une marque de tendresse qui m'est primordiale. J'ai besoin de le sentir, de le savoir près de moi. Et en son absence, je le bombarde de textos pour savoir si tout va bien. J'ai culpabilisé au début d'avoir autant d'attachement pour lui, mais je suis consciente que c'est un besoin viscéral dû à ma dramatique expérience de la vie. Pourtant, nos contacts restent très restreints. Des baisers innocents sur le front ou la joue, de douces étreintes blottis l'un contre l'autre, nos doigts entremêlés, j'apprécie énormément cette nouvelle proximité. J'en veux plus, j'en éprouve l'envie, mais une part de moi se complaît toujours dans la douleur. Josh est patient, attentionné, il dit qu'il comprend. J'en suis ravie mais jusqu'à quand ces brefs contacts lui suffiront-ils? Il n'est qu'un homme après tout ! Même moi, j'aimerais ressentir le sentiment de bien-être total quand ses lèvres se poseront enfin sur les miennes. J'imagine parfaitement ses doigts dans mes cheveux et son menton râpeux courir lentement sur mes joues. Je chéris déjà le moment où nos lèvres se trouveront, son haleine fraîche m'enivrant davantage. Sa langue caressera ma lèvre inférieure en attente de ma permission pour continuer son ascension et chercher la mienne. Elles valseront avidement, langoureusement au rythme de nos pulsations cardiaques accélérées par nos échanges fiévreux.

Un frisson de plaisir à venir m'envahit. Je me heurte à un mur souple mais ferme. En relevant la tête, je constate que Josh s'est de nouveau arrêté et me domine. Ses yeux noisette sont sur moi et m'analysent tristement.

— Je peux te ramener si tu veux...

Son éternelle assurance s'est envolée. J'ai face à moi un homme désappointé qui n'a pas le contrôle de la situation. Nous sommes bousculés par la foule devenue abondante. D'une simple pirouette, il nous fait pivoter dans un espace vide, devant une boutique de costumes. Il me redresse la tête et me caresse tendrement le bras. Son doigt vient taper gentiment ma tempe.