10) Installation

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Une fois à terre, j'appelle mes parents afin de les prévenir de mon arrivée. J'entends à peine une tonalité que ma mère décroche déjà.

— C'est toi ma chérie ?

Je souris face à son empressement. Heureusement que c'est moi sinon son interlocuteur l'aurait prise pour une folle.

— Oui maman ! Je suis bien arrivée.

— Tu en as mis du temps pour appeler. On commençait à s'inquiéter. Tu es en retard.

Je lève les yeux au ciel. Si c'est comme ça tous les jours, je ne risque pas d'être dépaysée.

— Le vol a pris du retard ? Sur le site de l'aéroport il annonçait l'arrivée il y a déjà une demi-heure et...

Je ne la laisse pas finir. Le vol m'a épuisée et je ne suis pas d'humeur à des explications interminables. J'essaie d'être le plus précise possible pour ne pas avoir à polémiquer sur le sujet plus longtemps.

— Dès qu'on a atterri je suis allée récupérer mes bagages mais il y a un monde fou ici. C'est pas la France. L'aéroport est gigantesque et la foule est impressionnante. Alors le temps que je trouve la sortie dans ce labyrinthe... Bref, je t'ai appelée aussitôt que j'ai pu. Désolée de ne pas avoir été assez rapide.

— Oh excuse-moi ma chérie mais je m'inquiétais tellement.

Elle reprend à voix basse.

— Ton père ne te le dira jamais mais il s'est fait un sang d'encre lui aussi.

Je n'en doute pas. Il a toujours été un papa protecteur.

— Alors dis-moi, comment c'est là-bas ?

Elle n'est pas croyable.

— Je suis sur le trottoir et ne vois que des voitures. Tu veux connaître la couleur et la marque de chacune ?

Je suis sarcastique je sais, mais je n'ai pas pu m'en empêcher. Ce n'est pas comme si je venais de lui dire que j'étais encore à l'aéroport.

— Ce n'est pas gentil de se moquer de sa pauvre mère angoissée. Tu vas directement à ton appartement là ?

— Oui, enfin dès que j'aurai raccroché.

— D'accord et bien rappelle moi quand tu y seras et je veux tous les détails.

— Ok à tout à l'heure bisous maman. Et embrasse papa.

— A tout à l'heure mon cœur.

Je range mon téléphone, lasse, puis je hèle un taxi. La circulation est complètement dingue ici, les voitures arrivent en tous sens. Je tressaille à l'idée du nombre d'accidents qui doit se dérouler dans cette ville avec des barjos pareils. Pour éviter la crise d'angoisse, je préfère me focaliser sur le paysage. C'est bien différent de ma campagne. Tout est immense et les gens courent partout, on croirait qu'ils essaient de fuir. Je dois avoir choisi le bon endroit !

Le chauffeur me dépose devant mon immeuble. Il n'a pas l'air récent mais les murs en briques lui donnent un côté rétro-chic. A vue de nez, il doit y avoir cinq ou six étages. J'observe rapidement ma rue, elle est bien plus calme que le nid de fourmis que je viens de traverser. Et l'avantage, c'est qu'elle contient une supérette. J'inspire un grand coup et me dirige vers l'entrée de l'immeuble. Génial ! Il faut un code. J'inspecte les différents noms sur l'interphone pour trouver le concierge. Je n'ai pas le temps de sonner qu'un homme sort tout sourire. Je lui donne la quarantaine au vu de ses rides prononcées au coin des yeux. Sa chemise est mal boutonnée et son pantalon marron porte les marques du temps au niveau des genoux. Il est tellement grand qu'il m'impressionne malgré sa faible corpulence. Il m'accueille aimablement.

LIFE : Survivre (tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant