LIFE : Survivre (tome 1)

14) Accrochage

Ce mec n'est pas croyable. Il est tellement imbu de lui-même, si sûr de lui. Il me gonfle ! Moi qui suis assez timide avec les hommes à la base. C'est d'ailleurs Nathan qui avait fait le premier pas lors de notre rencontre. Je ne me suis jamais trop intéressée au sexe opposé. Et je ne regrette rien, surtout s'ils sont tous comme l'autre abruti. La baffe magistrale qu'il a reçue ne l'a pas calmé, loin de là. Il a dû prendre ça pour un encouragement. Crétin ! Un mois qu'il vient au bar plusieurs fois par semaine et il ne lâche pas l'affaire. Il doit être porté sur le sadomasochisme, je ne vois pas d'autres explications.

Tout en courant, j'énumère ses tentatives ratées des jours précédents. « Les lèvres des françaises sont plus douces que de la soie. » Non mais sérieux ! Il les sort d'où ses phrases débiles ? Et le pire, c'est qu'il espère me conquérir avec ça. Un vrai Don Juan ! Je ne sais pas quoi faire pour qu'il me lâche. Il m'épuise tellement qu'après mon service, je me couche sans trop penser à mon passé. Et qu'est ce que ça peut m'énerver. C'est vrai quoi ! Il m'exaspère à tel point que j'en arrive à occulter assez souvent Nathan et les enfants. J'ai un problème, c'est pas possible autrement. Il faut que je le remette à sa place avant que mon genou ne vienne taquiner ses parties. Quoique l'idée m'enchante assez, je l'admets.

Hier, j'ai demandé à Joey de changer mes horaires exceptionnellement. J'ai prétexté un souci avec mon autorisation de voyage qu'il me fallait régler au plus vite. Avec un peu de chance, je vais pouvoir souffler aujourd'hui.

De retour chez moi, j'engloutis deux parts de pizza de la veille et sirote mon café devant mon ordinateur. Je me connecte sur mon compte facebook et là, surprise. Une demande d'ami de « Josh Apollon ». Mais c'est pas vrai ! Il est plus têtu qu'une mule. Et c'est quoi ce pseudo narcissique ? Ça ne lui suffit pas de me coller au boulot, il faut maintenant qu'il s'immisce dans ma vie privée ! S'il croit que je vais l'accepter il peut s'accrocher.

Je suis sur le point de fermer mon ordi quand une sonnerie se fait entendre. C'est Doc. Ça fait un moment que nous n'arrivons plus à communiquer par Skype, par manque de temps. Désormais, je consulte mon psy par mails interposés. Sauf quand il arrive à me joindre, comme aujourd'hui. J'ouvre la conversation et le vois à son bureau en train de mordre dans un croissant qui me fait envie.

— C'est l'heure du goûter ? Si c'est pour me narguer avec votre viennoiserie Patrick, vous pouvez rappeler plus tard !

Il s'étrangle en rigolant.

— Bonjour Cassie. Je vois que vous avez retrouvé de votre répartie !

— Ouais, ben je n'ai pas trop le choix en ce moment.

Je souffle en pensant à l'autre taré que je dois éconduire continuellement.

— Allez-y, je vous écoute.

Merde ! Qu'est ce qui m'a pris de lui dire ça ? Il va vouloir que je développe, maintenant.

— Oh rien, juste des clients un peu insistants c'est tout. Donc il faut que je réplique.

Je mens pour garder mes secrets gênants.

— Je vois. Et ça vous pose problème ?

Je soupire de soulagement. Je ne veux pas lui parler de l'autre boulet, il n'a aucun intérêt à entrer dans cette conversation.

— Non non, je suis grande, je me débrouille.

Je m'empresse de changer de sujet et la discussion se poursuit.

Au bout d'un certain temps, je le vois regarder sa montre et tourner les pages de son agenda tout en me parlant. Il doit avoir un rendez-vous avec un autre patient dans peu de temps ou je ne connais pas bien mon psy !