LIFE : Survivre (tome 1)

3) Les ténèbres

Oh ma tête ! Ma tête me fait si mal ! Elle refuse de bouger, j'ai la sensation qu'elle pèse une tonne. Un bip se fait entendre sur ma gauche. Qu'est-ce que c'est ? Je tente d'ouvrir la bouche mais j'ai soif, tellement soif que ma langue reste collée à mon palais. Et mes yeux, pourquoi je n'arrive pas à les ouvrir ? J'essaie de bouger, seulement mon corps ne réagit pas. Que m'arrive-t-il ? Je distingue des voix. Ce sont celles de mes parents ! Enfin je crois... Que font-ils là ?

Une odeur me monte au nez, je connais ce parfum âcre, un hôpital ! Que fais-je dans un hôpital ?

Soudain, tout me revient. Nathan perdant le contrôle du véhicule, les enfants apeurés, mon corps dont je n'étais plus maître. Si je suis là, eux où sont-ils ? Pourquoi mes parents ne sont-ils pas à leurs côtés ? Les battements de mon cœur s'accélèrent, mon souffle se fait court.

Je me force à ouvrir les paupières, elles sont tellement lourdes. La lumière me fait mal aux yeux. Je me les frotte, cependant seul mon bras gauche se lève. Le droit est collé contre mon corps, immobile, en écharpe. Je tourne la tête en direction des voix. Mon Dieu que c'est douloureux !

Mes parents sont là, assis dans des fauteuils au pied de mon lit, main dans la main. Ma mère d'ordinaire si élégante semble métamorphosée. Ses cheveux habituellement coiffés dans un brushing impeccable sont en pagaille et elle n'est pas maquillée. Je tente de déchiffrer son visage mais impossible de définir ce qu'elle ressent. Je dois scruter mon père. Il est comme moi, un simple regard suffit à pénétrer au plus profond de son âme.

J'inspecte chaque partie de son visage, plus particulièrement ses yeux vert topaze, comme les miens. Ils ont l'air si fatigués, et tristes aussi. Néanmoins je n'en apprends pas plus.

J'ouvre la bouche, sans effet. Et pourtant il faut que je sache...

— Mamannn....

J'arrive à peine à parler, ma bouche est tellement sèche.

Ils se retournent ensemble, visiblement soulagés. Mon père se précipite dans le couloir pendant que ma mère accourt à mon chevet. Elle me caresse doucement les cheveux mais étrangement, son regard est rempli d'inquiétude et de tristesse. Il leur est arrivé quelque chose, j'en suis certaine. Pitié, faites que ce ne soit pas grave !

— Ma chérie, comment te sens-tu ?

Qu'est-ce que j'en ai à faire de moi ? Ce n'est pas moi la priorité !

— Les enfants... Nathan...

Ma voix n'est qu'un murmure. Ma mère baisse les yeux, ils se remplissent de larmes. Et elle ne dit toujours rien ! Je grimace de douleur en tentant d'esquiver les caresses qu'elle me prodigue dans les cheveux au moment où mon père entre de nouveau.

Essoufflé, il se penche sur moi et me prend la main.

— Le médecin va arriver. Comment tu te sens ma puce ?

— Papa s'il te plaît, réponds-moi. Où sont-ils ?... Est-ce qu'ils vont bien ?

Je l'implore du regard tandis qu'il ferme les yeux. Cette attente est insoutenable. Aucun d'eux ne me répond. Je deviens folle.

— RÉPONDEZ-MOI !!!

Je hurle désormais. Ma mère pleure de plus belle et mon père me serre un peu plus la main. Il s'assied délicatement à côté de moi et tourne la tête de droite à gauche en pleurs.

— Je... nous sommes désolés Cassandra, oh ma Cassie... tellement désolés... mais... tu es la seule à t'en être sortie...

Quoi ? Non, ce n'est pas possible. Non pitié, pas ça ! NON ! NON ! NON ! Je panique, je suffoque. NON ! NON ! NON ! Il faut que je les trouve, que je les vois.