La grosse

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Je ne sais pas si vos parents vous ont donnés des surnoms quand vous étiez jeunes mais ma mère aimait beaucoup m'appeler "la grosse". 

-La grosse, va nettoyer ta chambre. 

-La grosse, c'est quoi ce 9/20 en Anglais. 

Je n'aimais pas ça et franchement quel être correctement constitué aimerait se faire appeler la grosse, quoi. Le pire, c'est que j'étais pas si grosse que ça quand elle a commencé à m'appeler comme ça. J'ai pris mes kilos en trop par la suite, comme si mon inconscient voulait me faire ressembler à la façon dont ma mère me voyait. 

Etre surnommé "la grosse" ne m'a pas aidé à avoir de la confiance en moi. En fait, j'ai une confiance en moi qui est au ras du sol ou presque. Avoir entendu toute ma vie "la grosse", ça me fait me sentir grosse, justement. J'ai des kilos en trop mais je suis pas obèse non plus et pourtant je me sens presque obèse. 

En plus de me sentir grosse, je ne m'aime pas. Je me trouve pas belle, pas intelligente, pas utile, pas intéressante, enfin bref nulle quoi. Vivre avec une telle confiance en soi n'est pas facile. C'est tout un apprentissage, une habitude à prendre. C'est apprendre petit à petit de se faire des amis, d'aller demander des renseignements à quelqu'un, même passer un coup de fil me parait insurmontable. 

Vous pouvez imaginer mon état pour des oraux ou un entretien d'embauche. L'école, c'était franchement pénible. J'avais tellement peu de confiance en moi que bien sur je suis timide. En cp, j'étais tellement timide que je n'avais pas d'amis. Pendant la récréation, qui durait franchement trop longtemps selon moi, je faisais le tour de la cour ou j'écoutais ce que disais les adultes. 

Mes amis, à l'époque, je me les suis fait car ils venaient vers moi. Passer à l'oral était un calvaire. Je ne parlais jamais en cours. C'est limite si je répondais aux questions que les profs me posaient. Le pire, c'était au moment du cours de sport. Je détestais les vestiaires, être entouré de filles plus ou moins connus, plus ou moins apprécié, c'était pas la joie. J'attendais souvent qu'une grosse partie d'entre elles soient déjà sortie pour me changer ou je le faisais tellement vite qu'elles le remarquaient presque pas. Les cours de sport en eux même étaient un cauchemar. J'avais tellement peur de tout que chaque exercice faisait blanchir ma peau et me donnait envie de fuir en courant. 

Les taquineries de mes amis ou non d'ailleurs n'arrangeaient pas les choses d'ailleurs. Comment aurais je pu être moi même et confiante quand j'avais des camarades de classe qui rigolaient bien d'un ballon reçu à un mauvais endroit ou de la blancheur de mon visage à l'idée de faire de la gym. 

A force de travail sur moi-même, j'ai appris à prendre peu à peu confiance en moi mais c'est loin d'être parfait encore. J'ai encore trop peu confiance en moi pour affronter la vie et le monde et m'en foutre totalement. La timidité, le manque de confiance en soi rendent les personnes qui en sont atteint bien plus courageux que le commun des mortel pourrait le croire. Chaque jour est un combat et à force de combattre, on gagne des batailles. 

Journal d'une névroséeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant