Papi

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Il y a exactement une semaine, aujourd'hui, mon grand-père est mort. 

Je voulais lui écrire une lettre avant qu'il meure mais j'ai pas eu le temps de le faire alors, je le fais maintenant. 


Papi, 

cela fait maintenant une semaine que tu as perdu la vie. J'ai tellement l'habitude de contenir mes sentiments qu'il m'a bien été difficile de pleurer mais grâce aux conseils de ma meilleure amie et de ma psy, je pleure chaque nuit. Car chaque nuit, je pense à toi et à ce que nous avons vécu ensemble.

A la base, je voulais t'écrire une lettre et te la donner avant ta mort. Je voulais que tu saches ce que tu représentais pour moi, ce que je ressens pour toi. Et puis je t'aurais raconté tout les souvenirs que je garde des instants passés auprès de toi. 

Qui sait, tu aurais peut être décidé d'enfin te battre, de ne plus laisser cette maladie te tuer ou pas et d'ailleurs maintenant ça n'a plus d'importance car tu n'es plus là. J'espère que tu as vraiment eu ce que tu voulais, être en paix et ci c'est le cas alors c'est le principal. Une amie m'a expliqué qu'il ne fallait pas en vouloir aux gens qui étant malade, prenaient la décision de ne plus se battre et de se laisser mourir. Mais je t'en veux pas. Comment pourrais-je me permettre de t'en vouloir alors que j'ai voulu plusieurs fois mourir comme toi? Comment t'en vouloir quand tu as du vivre avec une femme égoïste, radine et acariâtre? 

Je ne t'en veux pas du tout, je te comprends même et si tu es heureux aujourd'hui qu'importe où tu es et qu'importe si je ne crois pas à la vie après la mort, c'est tout ce qui compte pour moi. 

Je voulais que tu saches que tu as été l'homme le plus important de ma vie. Oui, avant papa, tu étais l'homme qui m'a presque élevé, mon grand-père, presque un père. 

Cette lettre, je ne l'ai pas écrite de ton vivant car je croyais avoir plus de temps que ça mais tu m'a prise de court. Je voulais réfléchir aux mots que je voulais écrire, bien les peser et bien les poser. Le fait que tu ne liras jamais cette lettre m'attriste profondément. Je ne dis jamais ce que je pense vraiment et encore moins la teneur de mes sentiments. Donc te perdre sans que tu ai pu savoir à quel point je t'aime, me brise le cœur. J'ai depuis quelques mois comme projet de changer de vie mais je n'ai jamais voulu que tu n'en fasse plus partie. Je voulais te garder auprès de moi mais mon souhait ne peut se réaliser désormais. 

Quand je me remémore mon enfance, je ne me souviens quasiment rien de papa et maman, tu es celui qui a la grande plus place. Les parents étaient jamais là, c'est toi qui nous gardais. C'est toi qui m'a appris à rouler à vélo, c'est grâce à toi si on a pu connaitre la joie de regarder un dessin animé, qu'on a pu faire des grasses matinées. 

Tu étais un vrai casse cou, à monter sur la cabine téléphonique à coté de la maison, à monter sur un vélo que je tenais afin d'ouvrir un verrou. 

Nos promenades en vélo, les moments passés avec tonton à la pèche font parti de mes meilleurs souvenirs. 

Tu étais tout le temps fourré à la maison soit pour promener mon chien qui avait finit par aussi devenir le tiens, pour t'occuper des fleurs ou du jardin ou juste pour boire un café tout en discutant avec maman et tonton. 

Après la mort de tonton, tu es devenu encore plus têtu, tu es devenu quasiment méchant, aigri. On s'est disputé parfois mais on se réconcilier bien vite car comme mamie ne cesse de le dire ou de le rappeler à qui veut bien l'entendre ou pas d'ailleurs, j'étais ta petite fille préféré et toi, tu étais mon grand-père adoré. Selon elle, personne ne devait parler sur moi en ta présence, ça t'agaçait. Tu sais maman a osé remettre cette histoire de poubelle pour laquelle on s'était disputé quelques temps avant ta mort avec une belle phrase du genre "tu le regrettes maintenant, hein?". Ça m'a énervé car ouais je le regrette mais c'est comme ça. La vie est pleine de regrets et c'est ainsi. 

Mamie m'a dit que tu avais dit que mon petit-ami avait l'air bien. Je suis vraiment heureuse que tu l'aimes bien car maintenant il est devenu l'homme le plus important de ma vie. Tu me manques papi et tu me manqueras toujours mais aujourd'hui je te laisse partir  et cela pour toujours. 

Adieu papi, je t'aime. 



Journal d'une névroséeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant