Chapitre n°14. La clé d'or.

7 0 0
                                    

Je me retrouvais une fois de plus à courir derrière quelqu'un que je connaissais à peine et dont je ne connaissais pas le nom. Je fus tenté de lui demander son nom, mais à la réflexion il ne m'avait toujours pas demandé le mien. Peut-être que mon nom ne l'intéressait pas, après tout il en avait le droit. Mais moi le sien m'intéressait. Seulement je n'avais pas le courage de lui demander. Pourquoi je ne l'avais pas ? Je n'en savais rien, peut-être parce que le temps des présentations était passé et que nous étions passé à autre chose. Il y avait maintenant des milliers de choses à faire, et surtout mon ami voulait rejoindre le centre de tout ceci. Et visiblement, il devait être au milieu de la ville. Un instant mon esprit dériva vers l'autre Danielle, et s'il ne lui était rien arrivé de grave, mais j'étais tout de même soulagée de ne plus la voir.

J'aimerais dire que nous arrivions vite en centre-ville, ce qui en un sens n'était pas faux, comme il y avait peu de monde dans les rues. Mais peut-être que nous aurions pu venir plus vite. Mon ami s'arrêta au milieu de la rue et fit un tour sur lui-même en regardant le ciel, comme s'il cherchait quelque chose. Je levais la tête à mon tour. Il y avait quelque chose d'étrange dans le ciel. Dans le clair de lune on voyait la bulle qui semblait être un voilage piqué d'étoiles, piqué de points lumineux qui n'étaient pas des étoiles je le savais. C'était très beau à voir.

-La nuit les bulles de réalités différentes créent un ciel différent, et le jour aussi ils le font. Cette ville est un monde à part dans ce monde. Et tous les habitants sont sûrs que ça a toujours était ainsi.

-Pourquoi ?

-Parce que l'on ne voit que ce que l'on veut voir. Alors s'ils pensent que ça a toujours été ainsi, pour eux ça l'est. En plus les souvenirs sont facilement modifiables. Cependant j'aimerais beaucoup savoir depuis quand elle est là. D'ordinaire ça dure quelques semaines, c'est assez rapide.

-Alors dans quelques semaines tous les habitants mourront, murmurais-je.

J'avais envie de m'insurger de crier à l'injustice. On ne pouvait pas tuer des milliers ou millions de personnes comme ça même si l'on était un dieu. Pourtant le pire n'était pas là. Le pire c'était que ces gens n'en avaient pas conscience. Comme pour me rassurer mon ami me dit que nous serons paris avant que toute la ville ne soit engloutie. Ces mots ne me rassuraient pas, ils me donnaient encore plus envie de me révolter. Dans un élan patriotique j'avais comme l'envie de mourir avec eux de connaitre leur supplice. Mais cela n'avancerait à rien de mourir avec eux.

C'est dans ces moment-là que l'on voit la vraie valeur d'une personne, pour ma part je parle beaucoup, mais n'en fait pas beaucoup. Peut-être que c'était mieux ainsi, vous ne pensez pas ? Moi je pense que c'est mieux ainsi, cela peut paraitre égoïste et je ne m'en cacherais pas. Cependant n'est-il pas normal de vouloir préserver sa vie ? Je pense que si c'est tout à fait normal de vouloir préserver sa vie, de ne pas vouloir mourir.

Mon ami avait toujours le nez en l'air, pour ma part je me mettais à contempler les bâtiments. Ils me semblaient tous identiques, hauts de deux ou trois étages, pas plus. Ca changeait de chez moi, où les bâtiments semblaient vouloir rivaliser avec la tour de Babel. Qu'est-ce que nous cherchions déjà ? Ah oui ! Le centre de la ville. N'était-il pas où nous étions ? Comme si la fontaine à côté de nous en marqué le centre exact. Comme tout à l'heure avec la bulle, cette fontaine semblait m'attirer. Je m'en approchais donc oubliant mon ami. L'eau y coulait doucement presque sans bruit contrairement à mon souvenir de fontaine. Les étoiles se reflétaient dans sa surface, et laissaient voir le fond et une source incroyable de pièces à moitié digérés par la vase. Pourquoi cette fontaine m'attirait tant ? Peut-être à cause de l'eau. C'était vrai que j'avais toujours aimé l'eau. Non il y avait quelque chose d'autre dans la vase, autre que les pierres et les pièces. Une chose qui captée avec intensité les lueurs des étoiles. Mais qu'est-ce que cela pouvait être ? Je me penchais au-dessus de la fontaine et tendais une main, pour attraper cette chose. Mais je n'y arrivais pas, l'eau était trop profonde dans la fontaine. Il fallait plus se pencher. Alors je me penchais plus au-dessus de la fontaine pour attraper cette chose qui brillait, et finie par basculer totalement dedans. Je me noyais à moitié avant que mon ami m'attrapa le bras et me tira hors de l'eau. Je me retrouvais assise dans le bassin.

-Qu'est-ce que tu faisais ? me demanda mon ami.

Je ne lui répondais pas avec des mots, mais ouvrais plutôt la main. Dedans il y avait l'objet qui brillait tant. Une clé d'or au bout d'une chaîne également d'or.

-Qu'est-ce que c'est ?

-Je ne sais pas, répondis-je. Mais c'était comme si ça m'avait attiré.

-Ça t'a attiré, répéta mon ami en m'aidant à sortir du bassin. Est-ce que ce serait un coup du destin ? Il nous a fait venir ici, tu as traversé la bulle, et trouvé cette clé. Mais où va-t-elle ?

-Je ne sais pas du tout.

Mais il ne m'écoutait déjà plus. Il réfléchissait à haute voix, et moi j'en profitais pour observer la petite clé en or. Elle ressemblait à une fleur avec sa tige toute droite, et la petite partie au bout qui ressemblait à une feuille. Sa cime avait la forme d'une fleur à quatre pétales. Elle était mignonne, mais ne semblait porter aucun signe distinctif sur la chose ou la porte qu'elle pouvait ouvrir. Elle avait l'air trop petite pour ouvrir une porte, alors peut-être une boîte. Une boîte à bijoux, par exemple. Ou une cage dorée. Non, pas une cage, c'était stupide.


PolarisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant