Chapitre 8

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-Je vais devoir partir, il commence à faire sombre et je dois rentrer pour le dîner.

Il m'attrape par le bras avant de me prendre dans ses bras.

-Je plaisantais, tu es ma meilleure amie je ne t'aime pas, enfin pas en amour.

J'avoue que sa plaisanterie était assez étrange, mais je préfère cela parce que si il y a bien une chose que je sais c'est que Ed n'est vraiment rien de plus que mon meilleur ami. Je le considère presque comme frère alors le savoir amoureux de moi m'aurait plutôt perturbée, je suis donc soulagée.

-Ta blague n'est pas très drôle...J'ai eu peur.

-T'inquiètes pas, je sais que tu n'as des yeux que pour ton petit Jonas.

-Quoi? Comment tu sais ça? Je ne pense pas te l'avoir dit.

Il me montre son téléphone et j'hausse mes sourcils signe de mon incompréhension la plus total.

-La fête!

La fête? Quel rapport? Je ne comprenais rien de se qu'il me marmonner la!

-Quoi la fête?

-Et bien tu vas à une fête chose étonnante pour une fille qui déteste les fêtes, surtout les fêtes des terminales et qui n'aime pas la moitié des gens du lycée. J'ai donc pensé que tu avais une petite attirance pour ce beau gars bien musclé et bien débile de Jonas, je voulais donc savoir si c'était vrai en te faisant croire que je le savais alors que c'était plus de l'intuition qu'autre chose.

-Tu es vraiment trop intelligent Ed, c'est plutôt effrayant.

Il me donna la robe rouge et chercha je ne sais pas trop quoi dans son placard. Je le voyais se battre avec ses cintres et ses pulls qui n'arrêtaient pas de l'embêter. Au final la moitié de son armoire a fini par terre et seule une boîte à chaussure se tenait dans ses mains. Il ouvrit la boite en me montrant des escarpins de marque qui coûtaient au moins trois cents euros.

-Ils sont pour toi, et la robe aussi. Je veux que tu séduises ton mystérieux garçon.

Son acte bien trop généreux à mon égard me toucha au plus profond de mon cœur, jamais je n'avais vu quelqu'un comme lui. Certains diront que forcement il a de l'argent, pour lui c'est comme si il me donnait une baguette de pain ou un simple petit cadeau mais pour moi il me donnait mes chances. Je savais déjà que je ne mettrais pas les escarpins et je ne mettrais pas non plus la robe pour aller à cette fête car je ne me rendais pas non plus à un gala mais son geste ne me laissa pas indifférente. Un long silence s'abattu dans la pièce, je ne savais pas vraiment quoi faire, accepter ou refuser ses présent? Les prendre mais ne pas les mettre serait hypocrite et malhonnête, j'étais perdue car en ce moment je ne savais plus quoi faire. Je ne savais plus faire les bons choix et pour une simple histoire de cadeau je me mettais à réfléchir au sens de ma vie. Comme par exemple maintenant je me trouvais chez des amis alors que je devais absolument réviser pour mes interrogations, je suis ici alors que je devrais aider ma mère pour faire le ménage. Je fais toujours les mauvais choix alors sa douce voix me fit sortir de mes pensées comme si je venais de me réveiller d'une longue nuit de sommeil.

-Arrête de réfléchir autant, prend et part vite ta mère t'attend! Et surtout si tu vois un Alexander à la fête fait attention, ne lui parle surtout pas il est peu agréable.

-Euh oui, je..vais..je..y..aller..merci à demain.

Sur mes mots je me dépêcha de prendre mon taxi et de rentrer chez moi. Quand j'ouvris ma porte la maison était étrangement calme, je n'ai pas l'habitude normalement mes frères jouent au foot ou au basket dans le salon en s'amusant à casser des vases et des meubles que ma mère affectionne particulièrement. Parfois ils sont dans leurs chambres la musique à fond mais jamais au grand jamais le silence reste plus de deux secondes dans cette baraque. <<Maman?>> Evidemment aucune réponse, tant pis elle ne doit pas être bien loin et moi j'ai plein de devoir à rattraper. Je monte les marches une par une en remarquant que la porte de la chambre d'amis était ouverte. Cette pièce était l'ancienne chambre de ma soeur, autrefois elle habitait ici avec nous et toute la famille était heureuse, mais ça c'était bien avant son arrestation et son emprisonnement, bien avant le chaos et bien avant la mort de son enfant. Je n'aimais pas rentrer dans cette pièce, cela me rappelais que de mauvais souvenirs, un passé heureux transformé en un immense bazar de noirceur. La pièce n'était pas vide, une personne se tenait debout, elle regardait la neige tomber par la fenêtre, le temps semblait s'arrêter pendant de longues minutes. Je voulais croire que cela n'était qu'un rêve, ou plutôt qu'un cauchemars, elle ne pouvait pas revenir, pas maintenant, jamais.

-Que tiens tu dans tes mains?

Je regarda la robe qui se tenait encore entre mes doigts, le tissu soyeux mais fragile de celle ci me faisait penser à elle.

-Tu ne peux pas, tu ne peux pas revenir ici et faire comme si tout était normal, tu ne peux plus faire parti de cette famille après le mal que tu nous a fait. Tu ne peux pas Hanna c'est impossible de faire souffrir autant de gens autour de soi.

Elle me regarda, ses yeux vert devenus vide de sentiments, c'étaient les même yeux que mon père. Ses cheveux autrefois noir comme les cendres étaient devenues rouge comme le sang. La souffrance se lisait sur ses pauvres joues amaigries, son corps avec ses formes pulpeuses qui faisaient rêver tout les garçons étaient devenues squelettique. C'était elle il n'y avait pas de doutes, je la reconnaissais comme si rien n'avait changé et pourtant je l'avais peu connu, j'étais trop jeune pour me souvenir d'elle m'avait dit maman un soir ou je me sentais seule. Ou le manque d'une soeur devient difficile, ou ton père travail tard, ta mère déprime et tes frères partent dans un mauvais chemin. Tu te poses des questions, pourquoi pas moi? Pourquoi je ne suis pas comme eux, faible et meurtris, pourquoi moi je vais bien et je ne souffre pas. Puis au final celle qui ne souffrait pas souffre le plus car la solitude et l'incompréhension la noie, elle s'étouffe dans cette vie qui est la sienne.

-Je ne savais pas quoi te dire, tu as tellement changé Adele. J'ai fait des erreurs et j'en suis désolé, je ne vais pas rester car j'ai une nouvelle famille, un nouveau mari et un nouveau petit garçon. Je ne te demande pas de me pardonner, je ne savais même pas si vous habitiez encore ici mais j'ai vu la porte ouverte et je voulais juste revoir ma chambre et dire adieu à toute cette vie de malheur. Je ne reviendrais pas, je ne veux pas, j'ai passé treize ans dans une prison pour une erreur mais j'ai surtout perdu ma famille.

Je ne savais plus quoi dire, quoi faire c'était trop d'information, trop de choses étranges qui me tombaient dessus au fils des jours. Alors je n'ai rien dit, je l'ai laissé descendre les escaliers, prendre la porte et partir à jamais. C'était le 22 Novembre, jours comme un autre depuis des années mais c'était aussi la dernière fois de ma vie que je voyais Hanna Robinson , elle qui avait laissé son enfant mourir car elle ne voulait pas être mère. Elle avait commis le pire des crimes, infanticide et jamais personne ne lui pardonnera, ma mère ne m'avait jamais dit grand choses à se sujet, c'était tabou. Ma mère arriva derrière moi et me prit dans ses bras comme elle le faisait quand j'avais peur, quand je souffrais.

-Je suis un peu sous le choc maman, je vais dormir.

Ma mère m'accompagna dans ma chambre et me borda, à ce moment je voulais la revoir, je voulais la connaitre mieux que des ragots, des histoires. Je voulais seulement ma soeur.

DifférenteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant