YOURS. // Tome 2

Chapitre 1

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Joy
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Je ne suis plus aux commandes. Ni de mon corps, ni de mon âme. Je ne contrôle plus rien. Mon cœur continue sa course folle et bat furieusement dans ma poitrine. Et je prie pour qu'il en soit de même pour celui dont l'organe de vie a cessé de lutter il y a quelques secondes à peine. Un sinistre frisson s'infiltre en moi à chaque décharge électrique qui soulève le corps inanimé de Harry. Comme si la mort me frôlait de sa main profane et glacée. Le son suraigu du moniteur résonne dans ma tête et chaque impulsion me fait réaliser avec violence qu'il est possible que tout s'arrête. Là. Juste sous mes yeux. Plus la puissance des chocs se fait intense, plus l'échéance fatale se fait sentir. Et je redoute plus que tout cette issue dramatique dont je ne saurai me relever.

Mais, contre toute attente, la sonorité agressive et continue devient soudainement sporadique. Des vagues bleues réapparaissent sur l'écran et accompagnent la saccade résonnante de l'appareil.

- Attendez. Ordonne le médecin coordinateur, les yeux rivés sur la ligne qui prouve que son patient fait bel et bien l'effort de revenir à la vie.

Les mouvements respiratoires indécis -mais perceptibles- qui lui faisaient défaut, s'activent une fois de plus, soulevant son abdomen dans une lenteur précaire. Mais ils ne cessent pas. L'imposant papillon tatoué à cet endroit de son torse me donne alors l'impression de voler à nouveau. Je ne cligne plus des yeux par peur de ne le revoir inactif au moment de les réouvrir. À cette pensée, j'ai l'impression qu'un poing s'abat sur ma poitrine. Le scénario qu'il me quitte une nouvelle fois n'est tout simplement pas envisageable.

Mon cerveau n'arrive plus à assimiler les informations, comme si toutes ces machines qui l'entourent ne m'étaient désormais plus familières. Tout ce que je veux savoir, c'est s'il va vivre. Avoir cette certitude qu'il est hors de danger. Mon regard se détache un instant de lui pour scruter mes collègues dont l'anxiété m'effraie. J'ai envie de leur arracher de la bouche les mots qu'ils se permettraient de prononcer sans mal si je n'étais pas dans la même pièce qu'eux. L'action omniprésente depuis la descente aux enfers laisse désormais place à un calme plat, presque oppressant.

- Il se stabilise. Affirme enfin le réanimateur, dont la voix a volontairement transpercée la pièce dans ce moment où tout semblait se figer.

Le souffle de la vie qui reprend possession de ce corps familier, aussi abîmé que mon cœur, sonne comme une autorisation à m'acclimater moi-même à ma propre respiration. Chaque minute qui passe, où son cœur ne flanche pas, est une énorme victoire. Le médecin ajuste la quantité d'air et d'oxygène que la sonde d'intubation lui apporte, tout en observant scrupuleusement les effets directs de ses actions sur le scope qui nous indique que Harry remonte peu à peu la pente.

- Bon, est-ce que quelqu'un a trouvé ses papiers pour que l'on puisse prévenir sa famille ? Demande-t-il, une fois son état convenablement stabilisé.

J'aimerai répondre à cette question, mais entre temps, je n'ai pas remarqué la présence des ambulanciers à l'entrée de la pièce, qui s'affairent à fouiller dans ses effets personnels trouvés sur le lieu de l'accident. Ils mettent rapidement la main sur sa carte d'identité à l'intérieur de son portefeuille.

- Harry Edward Styles, né en 1994, résidant à Londres. Énumère l'un des urgentistes, en tenant le bout de papier plastifié sous ses yeux.

- Attendez, ce nom me dit quelque chose... Ajoute le médecin en examinant de plus près le visage de son patient.