YOURS. // Tome 2

Chapitre 21

♫ « Spirits » - The Strumbellas ♫

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Joy
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La matinée s'achève lorsque je bondis dans un wagon de métro en direction de Hampstead. Certainement la ligne que j'emprunte le plus ces temps-ci. Demain, l'été sera derrière nous et emportera avec lui les nombreux touristes en tenues légères pour laisser place aux autochtones en costards-cravates. Un été qui a filé à une vitesse folle, rythmé par de nombreux rebondissements, dont le dernier en date risque de me rester durablement en travers de la gorge.

Comment ai-je pu me voiler la face à ce point ? Qui d'autre à part une folle à lier pouvait être derrière tout ça ? J'aurai dû le voir venir. J'aurai dû me douter qu'il ne pouvait s'agir que d'elle et être plus attentive aux signaux laissés par cette teigne sur talons aiguilles. Malgré l'issue de son esclandre, Carolin est parvenue à ses fins en faisant parler d'elle. Et par la même occasion, de moi. Je pense qu'avant que ça ne devienne sérieux avec Harry, ce genre de choses me seraient totalement passées au dessus de la tête et j'en aurai presque retiré une certaine fierté d'avoir ce petit moment de gloire à ajouter à mon curriculum. Mais c'était sans compter sur Madame La Psychopathe. En à peine quarante-huit heures, l'affaire fait les gros titres de tous les quotidiens internationaux. Et avec en prime de fausses révélations élaborées avec soin par cette pétasse pour me faire passer pour la pire des briseuses de couples.

Je n'ai pas encore osé me plonger en détails dans les articles relatant cette journée que je préférerais zapper de mon esprit. Mais déjà, je me sens mal à l'aise parmi la foule. Comme un sentiment persécutant d'être épiée. Je comprends mieux ce que ressent Ava quand elle dit ne plus se sentir totalement sereine dans les lieux publics. Mais comment est-ce possible qu'en si peu de temps, je sois déjà sortie de l'anonymat ? Mon cerveau me joue certainement des tours.

Roulé en parchemin sur le dessus de mon sac, The Sun me fait de l'œil et n'attend que ma main pour l'attraper. Mais pour la première fois de ma vie, je n'y parviens pas. Je sais que tout le monde va tenter de me rassurer à ce sujet. « Tu connais les médias, ils dramatisent tout ! ». « Il n'y a pas de quoi t'en faire. Dans quelques jours, ils seront passés à autre chose. ». Et je suis persuadée que le premier qui risque de m'adresser ce discours préconçu sera probablement le principal concerné par ces faits. En fonction de la réceptivité de Harry, je verrai si le sujet est abordable ou pas. Ou si je me fais vraiment du souci pour rien.

Je descends du métro et attrape directement une correspondance de bus de la Northen Line. Par précaution -ou par crainte-, je descends un arrêt plus tôt pour éviter d'être surprise si des fans en furie m'attendent devant chez lui pour me faire la peau. Seulement, j'en avais presque oublié qu'il m'avait averti qu'un vigile se trouverait posté devant son portail pour éviter aux curieux de s'amasser dans sa rue. Preuve que malgré tout, il doit être lui aussi secoué par la scène d'avant-hier. Je ralentis le pas, ne sachant trop comment décliner mon identité et m'apprête à dégainer ma carte, mais le gars s'approche de moi pour m'analyser par-dessus ses lunettes.

- Euh... bonjour ?

Il ne répond rien et se contente de me laisser accéder au portail, qu'il m'ouvre en attendant que je me décide à avancer. Ma stupeur semble l'étonner, si j'en juge par son levé de sourcils. Je finis donc par pénétrer dans la propriété, dont il restreint immédiatement l'accès après mon passage. Ok... Hyper causant le type. Il fait froid dans le dos. Au moins, aucun risque que quelqu'un ne lui tienne tête. Lorsque j'arrive à hauteur de la porte d'entrée, Harry sort en trombe, essoufflé par sa course. Et à mon avis... ça sent le roussi. Mais son visage réjoui gomme immédiatement mes idées obscures. Surtout lorsqu'il s'avance pour m'embrasser. J'abandonne alors toutes mes interrogations, qui s'évaporent au rythme de son baiser. Enfin, non. Il est suspect et il faut que je découvre pourquoi. Je délie alors nos bouches et prépare ma première question. Seulement, il me coupe avant que je ne le défie.