On est finalement partis se coucher avant que le soleil ne se lève. Je ne dormais pas tous les soirs chez Ashton, ce qui l'inquiétait d'ailleurs, mais parfois, j'avais besoin d'une nuit blanche pour me poser, réfléchir, et aller voir des gens dans le besoin, comme moi, pour leur offrir à boire ou à manger. Faut pas croire que tous les SDF étaient généreux et attentionnés, la vie de rue était un endroit où il valait mieux compter sur soi-même. Mais moi, et quelques-uns de mes "amis", on s'entraidait.
Pas cette nuit, j'avais besoin de dormir. Et de réfléchir aussi. Qu'allais-je bien pouvoir faire sans Ashton? Ma fierté m'empêchait formellement de refuser son offre, et pourtant j'aurai tout donné pour retourner en Australie. Peut-être qu'elle y était. Depuis que j'avais difficilement quitté le pays, je regrettais. Mais pourquoi n'avoir pas choisi la destination ? Je me trouvais stupide. Je n'avais pas réfléchi, et sous l'effet de la colère, j'étais monté dans le premier avion. Je me souviens, (a vrai dire ce n'était qu'il n'y a quelques mois) j'avais gagné à une petite loterie régionale juste après l'incident, et j'en avais profité pour me sauver, sans penser aux conséquences. Ça tombait au bon moment, je ne souhaitais rien de plus, alors je suis parti. Quelle belle connerie.
Je me tournai et me retournai dans le canapé qui me servait de lit, incapable de fermer les yeux. Alors je me suis levé, j'ai revêtu un T-Shirt sur mon torse nu et je suis allé à la fenêtre pour fumer. Le soleil se levait timidement, faisant onduler les nuages rougis et éclairant les premières ruelles colorées. Séville s'éveille. Je serrai les dents pour que ma cigarette ne tombe pas et pris mon carnet à partitions. Je savais que si je commençais à composer, je n'avais aucune chance de me rendormir, mais je m'en foutais, je détestais encore plus laisser s'en aller l'inspiration. Personne n'aurait pu me relire tant mes notes étaient incompréhensibles. Ashton finit par passer sa tête par l'entrebâillement de la porte et me sourit. Des cheveux blonds en bataille tombaient sur ses yeux endormis, et il avançait de la même manière que quand il avait la gueule de bois. D'ailleurs personne n'arrivait à différencier un Ashton bourré d'un Ashton fatigué. Il me proposa un café, que j'acceptais et je le buvais en rangeant mon carnet. C'était une nouvelle journée qui commençait.
J'arrivai à ma place habituelle, par trop loin du marchand de glace, mais par trop près non plus. Sur la rue d'en face, un marionnettiste. Zut, je détestais avoir de la concurrence. Enfin, j'étais bien trop têtu pour bouger. Je sortis ma guitare et mon micro, déposai le tout et commençai à jouer. J'étais fatigué et pas très enthousiaste, mais au moins quand je grattais les cordes en rythme, j'oubliais tout, jusqu'à ce qu'à la fin de la journée, tout me revienne violemment dans la gueule. J'adorais regarder les enfants qui m'observaient, émerveillés. Touristes ou pas, toutes les cultures comprenaient la musique. Quand enfin le soleil rougit à nouveau, je rangeais mon matériel, sous les soupirs des gens qui me regardaient assis au café du coin, récupérai les dernières pièces qu'on me donnait et partis d'un air décidé vers le bar du bouclé. Il était plus tôt que d'habitude, mais je m'en foutais, j'avais sommeil, j'étais en colère, fatigué, et j'avais très envie de composer.
Au bout d'une bonne heure, j'ai reposé mon carnet rempli de quelques chansons potables et je suis allé prendre une douche. J'entendais en bas les rires plus ou moins discrets des clients d'Ashton, il devait être aux alentours de 21heures. La lune brillait dans le ciel, mais bien faiblement par rapport à tous les commerces de la ville. Je sortis fumer sur le balcon, une simple serviette autour de la taille.
Et c'est là que je vis Calum arriver, balançant nonchalamment sa valise derrière lui, avec toujours la même excitation dans les yeux. Un grand blond l'accompagnait, c'était sûrement le mec dont Ash m'avait parlé.
-Hey Michael! me lança Calum en m'apercevant.
-Salut! Ash est en bas, comme d'hab.
Le chinois chuchota quelque chose que je ne pouvais pas entendre au blond, qui afficha un sourire narquois, avant de prendre la parole à son tour:
-Alors, on en voit souvent des mecs qui se baladent à poil sur leur balcon ici?
-Seulement moi, répondis-je en apercevant qu'il avait un piercing à la lèvre inférieure.
-J'm'appelle Luke.
-On ne va peut-être pas faire connaissance comme ça. Entrez, je m'habille et vous rejoins.
-Avec plaisir.
Calum quand à lui ne répondit rien, et se précipita à l'intérieur, trop impatient de voir son homme pour se soucier de l'état de sa valise qui venait de se manger un lampadaire.
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Nion (EN PAUSE)
FanfictionJe n'avais jamais pensé à autre chose qu'à ma mère. Et il est arrivé comme une fleur dans ma vie. Et j'ai foutu la sienne en l'air.