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PDV Luke :

-Je suis désolé pour cette nuit. Vous avez du vous faire du soucis, mais je pouvais pas vous prévenir, j'ai pas de portable.

-T'avais qu'à passer au bar, dis-je, d'un ton méchant que je ne me connaissais pas.

Il souffla, puis retourna s'asseoir sur son petit tabouret.

-Pourquoi est-ce que tu es là ? Pourquoi tu t'es inquiété, pourquoi tu t'intéresses à moi ? me demanda-t-il, plus pour lui que pour moi à vrai dire.

-J'ai déjà répondu à toutes ces putains de questions. Maintenant c'est à toi de me dire pourquoi tu ne veux pas de mon aide. T'as rien à faire en Espagne, d'ailleurs qu'est-ce que tu fous là ? Tu m'as dit que ta mère était en Australie, pourquoi tu ne vas pas la retrouver ?

-Je sais pas où est ma mère, ça te va ? Elle m'a abandonnée, puis m'a sauvé d'un père violent et alcoolique, avant de se barrer encore une fois. Ca l'arrangeait bien que je sois autonome, parce que y'avait pas foule pour s'occuper de moi. Alors quand j'ai gagné à cette loterie de mes deux, bah j'ai pas réfléchi et je suis venu là. Oui je suis con, je sais c'est bon. J'ai pas d'argent, pas de boulot, pas de parents, et je refuse de dépendre de quelqu'un. Voilà pourquoi je veux pas d'aide. Vous me devez rien et je veux pas implorer de la pitié. On paye pas des billets d'avions Espagne-Australie comme ça, même à ses potes.

PDV Michael :

J'avais tout sorti. Et étrangement, ça ne me faisait pas de poids en moins. Je m'en foutais, je ne me sentais pas plus léger, je l'avais toujours su et ce n'était pas le dire qui allait me soulager. Je ramassais mon tabouret que j'avais fait tomber dans ma colère, et me tournai dos à Luke en caressant ma guitare qui avait pris des coups pendant mon discours, comme si ça lui faisait du bien que je fasse ça, comme si elle était humaine. Elle au moins elle ne posait pas de questions, et les seuls fois où elle ouvrait sa gueule, c'était pour susurrer un petit air de musique gentil, apaisant ou défoulant. Je sentais Luke, effaré derrière moi, mais je voulais juste qu'il parte. Pourquoi fallait-il que je me pose des questions maintenant qu'il était là ? Pourquoi avais-je de plus en plus envie de rentrer chez moi ? Il me proposait tout, je n'avais qu'à prendre sa main tendue et j'étais là-bas, avec un toit et un boulot. Mais si je faisais ça, j'avais des dettes, j'étais dépendant. Et je préférais encore ne rien avoir plutôt que de devoir des choses à quelqu'un.

-Va-t'en Luke. Je veux plus te voir, s'il te plait. Je rentrerai à Sidney, un jour, par mes propres moyens, et tu m'auras oublié. On fait comme ça ?

-Je ne pourrais jamais t'oublier Mike, je ferai tout pour toi et je te forcerai à rentrer, un point c'est tout, jusqu'à te pousser dans l'avion et on vivra heureux, ensemble à Sidney.

Mais il n'a pas dit ça. Je l'ai entendu souffler derrière moi, puis il a simplement dit :

-Très bien. Adieu.

Et il est parti. J'ai senti quelque chose se briser dans ma poitrine. Un organe que je n'avais jusque-là utilisé que comme une pompe à sang. C'était fini, il ne reviendrait pas. Je le savais, et ça faisait mal. Très mal.

(NDA : Chapitre très court, oui, mais je voulais absolument couper à ce moment-là pour me faire engueuler hehe.)

Nion (EN PAUSE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant