Tout va s'arranger

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Premier défi de Rêves d'Androïdes et Challenges SF, thème : Mayhem (situation sur laquelle il n'y a pas ou peu de contrôle).

Challenge : un alien arrivant sur Terre pour trouver son havre de paix. Il pense avoir trouvé une planète pacifique et se retrouve désemparé face à un conflit d'envergure et au "mayhem" qui l'accompagne. Nouvelle apocalyptique/post apocalyptique.



7 août 2022, Terres Stériles

"Est-ce que quelqu'un m'entend ? Allô, allô... Il y a quelqu'un ? S'il vous plait, si vous m'entendez, répondez-moi... S'il vous plait... J'ai vraiment besoin d'aide, ici !"

Pas de réponse. En même temps, Kar avait peu d'espoir d'en avoir. Aux dernières nouvelles, cette zone était dévastée par l'arsenal de biocides des militaires. La meilleure façon d'éliminer toute trace de la menace, disaient-ils. Une zone sûre. Une zone où on est sûr de ne pas tomber sur une menace, oui, Kar est le premier à l'admettre, aucun virus ne peut franchir un cordon sanitaire pareil et aucun zombi n'y mettra donc les pieds. Une zone morte qui repousse les morts.

Mais pour les vivants, ça n'a rien de sûr de trainer dans le coin. Pour l'instant, Kar est à l'abri dans le cockpit hermétique de son véhicule - son "déambulateur", initialement créé pour les ballades lentes qui permettent d'apprécier le paysage. Monté sur chenilles, l'engin ressemble à un aquarium sphérique d'un mètre de diamètre posé sur un mini-tank. Au centre, bullant dans la gelée rose nécessaire à sa survie, Kar tente désespérément de le remettre en marche.

Kar est faible, physiquement faible. Son peuple a toujours utilisé une technologie organique répondant aux injonctions psychiques pour se développer. Les terriens qui l'ont accueilli ont fait de leur mieux pour lui donner de quoi être autonome et profiter de sa vie sur leur planète, mais avec leur propre technologie. Sous lui, Kar dispose d'un écran tactile suffisamment sensible pour que ses tentacules puissent l'activer. Mais quand ça ne veut plus fonctionner, l'alien n'a aucun recours.

Les flèches directionnelles semblent mortes. Régler la puissance du moteur ne donne qu'un "bip" agaçant. L'intercom le laisse parler dans le vide. L'accès à Internet est barré de rouge. D'ailleurs, tout l'écran est barré de rouge par le message sanglant : BATTERIE FAIBLE. Kar lâche un filet de bulles furieux. Il sait lire les langues terriennes, il sait comment leur ridicule technologie fonctionne, et il sait que ce message est très, très mauvais signe. Il tente encore une fois d'appeler à l'aide. Pour seule réponse, un dernier bip retentit, horriblement strident, et tout devient noir. Le déambulateur n'ira pas plus loin.

Nouveau chapelet de bulles - Kar commence sérieusement à paniquer. Et l'idée que sa panique est en train de consommer ses précieuses molécules de méthane le fait paniquer encore plus. Quand il aura respiré tout le méthane de son aquarium, si personne n'est venu à son secours... Il mourra asphyxié, aussi sûrement que s'il sortait dès maintenant du robot pour affronter, la peau nue, la terrible combinaison azote-oxygène de la Terre.

Il faut qu'il se ressaisisse. Après tout, il est l'unique représentant d'une espèce supérieure sur cette planète. Si lui ne trouve pas de solution, personne ne pourra en trouver une. Même si en l'occurrence, un humain trouverait facilement une solution, avec leurs grands corps solides d'animaux terrestres : il l'attraperait avec ses grands bras, et l'emmènerait hors de la zone en avançant sur ses grandes jambes. Même si la ballade finirait par le tuer - les produits qui tuent les virus sont rarement plus tendres envers les cellules humaines.

C'est bien pour pallier à ce défaut conceptuel que Kar a créé la Panacée, à l'époque. Et il persiste à penser que c'était une bonne idée. Elle a simplement été mal exécutée. Ou sabotée. Il n'a jamais vraiment su.

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