Instinct

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Challenge n°5 : Amnésie

Votre héros doit se réveiller amnésique au milieu d'une bataille spatiale.

Sont interdit les mots : laser, balle, pistolet, mitraillette, canon, arme, combinaison, tirer, recharger.



Douleur. Tout est douleur. J'ai du mal à respirer. Tout est brûlant. Tout est rouge. Mes bras, ma peau brûlent. Mon ventre me fait si mal. Si mal.

Ouvrir les yeux. Non. Ils sont déjà ouverts. Du rouge. De la lumière rouge. De la peau rouge. Autour de moi. Des membranes. Je suis dans... je ne sais pas. C'est organique. Souple. Rouge. Pas de feu. Mais brûlant. Tout est brûlant. Ma tête est écartelée.

Je bouge. La douleur me foudroie. Je sombre.

Nouveau réveil. Douleur, tant de douleur. Je pleure, je gémis pour qu'on m'aide. Et là. Le soulagement. La douceur d'un liquide frais. Qui m'enveloppe. M'anesthésie. Me noie.

Je sombre à nouveau.

Je me réveille encore. J'arrive à penser à peu près clairement. Je me sens engourdie. Je suis à l'hôpital ? Non, certainement pas. Je suis assise, même si je n'arrive pas à sentir mes jambes, mon torse est clairement à la verticale, et je ne vois devant moi qu'une salle d'une étrange teinte rouge-orangée. La lumière semble traverser les murs. Tout, autour de moi, est construit en courbes organiques. Pas étonnant que dans mon délire je me sois crue enveloppée de membranes. Qu'est-ce qui se passe ? Où est-ce que je suis ?

Je tente en vain de me rappeler quoi que ce soit. Avant ça... avant ça, il y avait la douleur, le feu et la peur. Mais encore avant ? Comment je suis arrivée là ? Qu'est-ce que j'étais censée faire ? Pour quoi ? Pour qui ? Et moi...
Moi, qui je suis ?

Mon cœur se met à battre follement tandis qu'un début de panique m'envahit. Puis à nouveau cette sensation d'être arrosée par un liquide frais et doux, si doux. Je m'apaise et je suis presque prête à m'endormir quand un sursaut de volonté me réveille. Ce n'est pas le moment. Je dois comprendre, savoir.

J'ai été blessée et je suis soignée, aucun doute là-dessus. Et je suis seule ici. Je dois...

Je tente de bouger la tête. C'est lent, difficile. La salle est minuscule. La matière qui m'entoure semble molle. Entre ça et sa couleur, je commence à avoir la chair de poule. J'ai réellement l'impression que tout ce qui m'entoure est vivant. Et plus je cherche à fixer mon regard, plus ça semble bouger. Et le bruit... j'aurais cru qu'il n'y en avait aucun, mais il y a bien quelque chose, un battement très lent, très grave, très lointain, qui semble résonner dans une immense structure.

Ma tête ne bouge pas plus loin. Je lève mes mains devant mes yeux. Elles sont... bleues ? Non, recouvertes de liquide bleu. Il est brillant, collant, et forme comme une seconde peau. C'est l'anesthésiant que j'ai déjà sentie, j'en suis certaine. Mais depuis quand on endort les gens par la peau ? A moins qu'il soit là pour calmer mes brûlures. Je sentais ma peau qui brûlait, j'en suis certaine. Et à présent tout va bien...

Ne pas relâcher ma vigilance. Ne pas m'endormir. Je ne suis pas tirée d'affaire du tout. Quelles que soient les personnes qui m'ont soignée, rien ne dit encore que leurs intentions ne sont pas hostiles. J'ai vu les restes de manches déchirées sur mes bras. Des manches d'uniforme. Suis-je une soldate ? Je sais ce qu'est un uniforme. Et un soldat. Mais sont-ils les seuls à porter ça ?

Et surtout. Si je suis une soldate. Je me bats contre qui ? Contre quoi ?

Contre quoi. L'idée me donne presque envie de vomir. Presque, car je ne sens plus mon estomac. Mes jambes et mon ventre ont disparus de mes perceptions. Affolée, je tâtonne mon propre corps, me donnant des claques pour tenter de réveiller mes sensations. Au niveau des bras, du torse, du visage, ça va, je suis un peu cotonneuse mais bien présente. Puis je touche mon ventre. Je tente de toucher mon ventre. Mes mains ne rencontrent qu'une masse de... de quoi ? Mes doigts engourdis ne parviennent pas à comprendre. Mes poings ne font aucun impact. Mes ongles ne font que se remplir de ce liquide bleu qui me semble plus glacé à chaque seconde. Mon ventre, mes jambes ont disparus, engloutis par la chose, la même chose qui compose les murs de ma prison, j'en suis persuadée.

Rêves d'androïdes et challenges SFOù les histoires vivent. Découvrez maintenant