Chapitre 7

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Nous nous asseyons sur le canapé , Matthew propose un film, j'accepte mais je n'ai pas envie de me plonger dedans, j'ai envie qu'il me parle, qu'il me rassure, qu'il me dise que tout ira bien pour lui.
Après trente minutes, nous sommes toujours dans un silence de plomb malgré la voix des acteurs résonnant dans la pièce.
Je me ronge les ongles, une mauvaise habitude quand quelque chose me tracasse. Matthew me jette quelques regards de temps en temps mais il a l'air absorbé par la télévision et je décide d'engager la conversation.

- Tu aimes ce genre de film ?
- Et toi tu aimes parler pendant, apparemment.
Il rit et je le suis, mais il détourne son regard et je comprends que je le dérange.

- Non enfaite, je n'arrive pas à suivre. Que veux-tu faire?
Il prend la télécommande et éteint la télé.

- Parler ?

- Oui si tu veux...
Son "oui" n'est pas très convaincant.

- J'aimerais savoir... Quel est ton rêve le plus fou?
J'essaye de faire comme ci la discussion était prévu d'avance mais ma question est carrément stupide.
Il lève un sourcil en signe d'incompréhension mais répond aussitôt.

- Mon rêve le plus fou... Et bien contrairement à ce que tu pourrais penser, ce n'est pas de guérir, en réalité, j'aimerais vraiment rencontrer une personne dont je tomberais fou amoureux. Oui je sais, c'est cliché mais mon temps est compté, et c'est peut être pour ça que je ne trouves personnes. Et le tien ?
Je souris gênée de sa confession.

- Le mien...
Je réfléchis un instant, j'en ai tellement.
J'ai toujours rêvé d'aller à Paris, c'est une ville qui m'attire et j'ai bassiné ma mère pour y aller, en vain. Elle déteste la France et ne comprend pas pourquoi moi, je l'aime.

- Qu'est-ce que tu attends pour y aller alors?

- Je patiente, je sais qu'un jour j'irais, mais entre mes études et ma mère, ce n'est pas le bon moment.

- Il y a toujours moyen de réaliser nos rêves, tu sais à quel point la vie est courte...
Sa voix triste m'émeut, il a raison malgré tout.

- Et le tien ? Personne ne t'empêche de le réaliser, je suis sur qu'une fille quelque part, t'attends, prête à t'aimer de tout son cœur.

- En réalité, il y en a une. Une que j'aime depuis des années, je pense à elle chaque jour, malheureusement, ce n'est pas réciproque. Et puis, pour être franc, qui voudrait d'un homme en fin de vie. S'engager dans une relation c'est pour pouvoir construire un avenir, avec moi il y en a aucun.

Je repense à la photo que j'ai trouvé, serait-ce de moi qu'il parle? Je rougis comme une tomate, mais le fait qu'il pense qu'aucune fille ne voudrait de lui me rend triste, c'est injuste, il est si gentil, si prévenant, si beau... Il pense qu'il va mourir mais moi je suis convaincu que non.

- Je peux te confier quelque chose de terriblement gênant ?
J'ai pour habitude d'être très franche et j'ai envie de lui parler de la photo.

- Hum, oui va-y ?

- Enfaite, l'autre jour... J'ai rangé mes vieux cartons... Et j'y ai trouvé une enveloppe, contenant une photo de moi.
Son regard qui me fixait c'est vite détourné, il observe la télé, éteinte.

- Oh je vois..
- Est-ce que c'est moi la fille que... Tu n'arrives pas à oublier?
Il inspire profondément. J'ai un don pour rendre mal à l'aise les gens et je m'en veux de lui faire ça.

- Oui Marie, c'est toi.
À présent son regard s'est reporté sur moi, ma bouche est légèrement ouverte, sous le choc.

Comment peut-on laisser la femme qu'on aime s'échapper? Ne rien lui dire de ce qu'on éprouve? Enfin si, il l'a fait, mais je l'ai vu bien trop tard... C'est trop tard maintenant, ma vie est déjà toute tracée. Trop tard vraiment, Marie ? Enfin, je ne sais plus. Il m'attire comme un aimant mais en même temps une chose stupide dans une partie de ma tête me dit de ne pas tomber amoureuse de lui.
Tu l'aimes, tu l'a toujours aimé.
Je fais taire la voix dans ma tête quand Matthew reprend la parole.

- Marie? Dis quelque chose...

- Euh... Je... Je ne sais pas Matthew. Je pensais que ton amour n'était qu'un passage, cette photo date quand même d'il y a sept ans, comment... Comment tu peux encore m'aimer après tant d'années?
Mon cœur se met à taper contre ma poitrine et j'ai du mal à contrôler ma respiration.

- Je t'ai aimé depuis que nos regards se sont croisés, bien sûr, on était jeune. Mais ces choses là, on ne peut pas les renier. Tu as été le premier amour de ma vie, ça ne s'oublie pas comme ça... J'ai eu quelques aventures pendant mon adolescence, mais à chaque fois c'est ton visage que je voyais... Je ne sais pas vraiment comment te l'expliquer, c'est comme ça. Et quand je t'ai revu, alors là, mes sentiments qui s'étaient légèrement éteints, se sont rallumés... Pourtant j'étais décidé à t'oublier.
C'est en autre pour ça, que je voulais t'éloigner de moi,  je ne veux pas faire souffrir la fille que j'aime.

Je suis en train de mourir . Je n'arrive pas à placer un mot, je suis prise entre la peur et l'envie, jamais on ne m'a fait une telle déclaration.
Que faire? Est-ce que c'est de l'amour que j'éprouve à son égard? N'ayant jamais ressenti ça, peut être que je me trompe. Arrête de trop réfléchir Marie, lance toi.
Non je ne peux pas. Si je peux ?
Et puis zut, je suis prise d'un courage indescriptible à ce moment là.

- Embrasse moi, Matthew.
- Quoi ?

Sans qu'il est le temps de rétorquer quelque chose qui pourrait me donner envie de faire marche arrière, j'écrase mes lèves contre les siennes et nous échangeons un baiser passionné, langoureux, un baiser qui s'est fait trop attendre.

Une dernière promesse ( Fini )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant