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Je ne pouvais pas y croire. JE NE VOULAIS PAS Y CROIRE. Pas lui ! Pas ici ! Pas maintenant ! Moi qui pensait ne jamais plus le revoir... Moi qui voulait l'oublier... Et voilà qu'il débarque à nouveau dans mon champ de vision ! Faisant tourbillonner en moi les sentiments que j'avais enfoui bien profond.

Alors que je marchais dans la rue, cherchant à savoir où j'étais exactement – et les effets de l'alcool ne m'aidaient pas à y voir clair, sachant que la fatigue devenait de plus en plus pesante – je sentis qu'on m'attrapait le bras. Je ne savais même pas si j'avais eu peur ou non... À dire vrai je ne me souviens plus de grand chose. 

Et c'est face à une ombre que je me suis retournée. La nuit cachait entièrement son visage, pourtant j'avais dans l'idée que cette personne ne m'était pas totalement inconnue. Enfin, après tout, qu'il soit voleur, violeur ou tueur en série ça n'allait pas changer grand chose. La vie avait aujourd'hui si peu d'importance à mes yeux. Je me contentais de suivre le chemin, rien de plus, attendant l'heure de la fin. 

Mais revenons à cet homme...

— Pourquoi tu es partie comme ça ? commença-t-il d'une voix calme. 

Je connaissais cette voix, j'aurais pu la distinguer entre mille, et ce pour l'avoir entendu maintes et maintes fois me susurrer des mots, pour la plupart beaux et magiques, après un acte charnel rempli d'amour et de douceur – ce que je n'avais pas connu depuis la dernière fois, ce qui faisait maintenant plusieurs années. Des actes sexuels purs et durs oui, mais l'amour manquait toujours à l'appel.

— Je ne vois pas pourquoi je serais restée, répondis-je d'un ton froid, je voulais paraître indifférente à tout ça, mais mon cœur s'en allait à tout rompre et je crois bien que mon corps commençait à trembler. Ah ! Maudites émotions !

— Je ne te manque pas alors ? 

— Pas le moins du monde ! assurais-je alors que c'était totalement faux, et il le savait inévitablement, il me connaissait mieux que personne. 

Un rire moqueur sortit de sa bouche, et dans la nuit noire, un soir aussi tard, il était effrayant à entendre. 

— Au lieu de rire comme un imbécile, lâche-moi tu veux ? grognais-je prête à lui sauter à la gorge s'il le fallait.

— Toujours aussi aimable à ce que je vois... soupira-t-il en me lâchant enfin le poignet. C'était pas trop tôt !

— Et toi, toujours aussi con ! lui crachais-je à la figure. 

Il soupira de nouveau. Il ne dit rien de plus. Et ça tombait bien, je n'avais pas envie de l'entendre dire un mot de plus. 

J'ai simplement commencé à marcher, je voulais m'éloigner de lui. Je pensais qu'il avait compris, qu'il allait me laisser tranquille, mais non ! À peine ai-je fais deux pas qu'il se retrouvait à marcher à mes côtés. 

C'est donc sans un mot, sans un regard, sans rien, que nous nous mettions à marcher, errant dans les rues comme des pauvres clochards, sans doute un peu perdus, mais lui plus lucide que moi, enfin je l'espérais, je ne tenais pas à dormir dehors. 

Et le plus étrange c'est qu'après cela je ne me souvenais plus de rien. C'était le vide, le trou noir, comme si on avait enlevé une partie de ma mémoire – cette dernière déjà bien souffrante – car le lendemain aucun souvenir ne m'était revenu. 

Que c'était-il passé bordel ?

Quand mes larmes tombent...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant