Akira: Tome 2 : L'ombre du souvenir. ( Terminé)

Chapitre 43

Alors qu'il surveillait Anar qui gambadait près des enclos des bœufs, Arian remarqua le trouble soudain de Shaïmaë. La jeune femme s'agrippa à la barrière et semblait être prise de vertige.

—Ça ne va pas ? demanda Arian inquiet.

Il la soutint par la taille et l'aida à s'asseoir. Il fit signe à une Honak de surveiller le petit.

—Shaïmaë tu vas bien ?

Elle leva la tête vers lui.

—C'est Akira...

Arian blêmit.

—Quoi ? Que lui est-il arrivé... ? lança-t-il paniqué.

—Je... je l'ai perdue...

—Comment ça perdue ?

Shaïmaë se releva et Arian la lâcha pour poser ses deux mains sur les épaules de la jeune femme.

—Shaïmaë, dis-moi ce qui est arrivé à ma femme...

—Je n'en sais rien... j'ai perdu le contact.

—Tu veux dire qu'elle....

Il ne finit pas sa phrase et il se recula pâle comme un mort.

—Non Arian, elle n'est pas morte ! Je ne peux plus la localiser c'est tout...

—Tu es sûre de ça, ne me mens pas ! Si il lui est arrivé malheur, dis-le moi !

Il serra les poings.

—Arian, je t'assure qu'elle va bien, je le sens ! Elle a trouvé un moyen de brouiller notre lien.

—Pourquoi ?

—Parce qu'elle sait où nous trouver, voilà pourquoi !

—Elle m'a retrouvé tu veux dire ?

Shaïmaë le fixa avec insistance.

—Oui !

Elle fit volte-face et commença à s'éloigner.

—Où vas-tu, que comptes-tu faire ? dit-il en lui saisissant le bras.

—Rien... elle veut venir jusqu'ici et bien qu'elle vienne. Je l'attends !

Elle se dégagea d'un mouvement brusque et il la laissa partir.

Il respira un grand coup. Il était à l'air libre. C'était tellement rare. Sa geôlière ne le laissait sortir que très rarement de la ville souterraine. À force, il était devenu presque aussi pâle que les honaks.

Le paysage avoisinant était plutôt austère, mais c'était toujours mieux que d'être enfermé dans cet amas de roche.

Il jeta un coup d'œil en direction de son fils. Deux honaks veillaient sur lui.

Arian s'éloigna et s'assit contre un rocher pour être hors de vue. Il ramena ses genoux contre sa poitrine et ferma les yeux.
Le visage d'Akira se matérialisa devant lui. Il se souvenait de son magnifique sourire quand elle le regardait tendrement.

Elle lui manquait tellement. Il se sentit plus lâche que jamais à rester assis ainsi ; alors qu'elle mettait tout en œuvre pour le retrouver. Et si Shaïmaë disait vrai, elle serait bientôt là. Bientôt ? Non. Shaïmaë lui avait dit qu'il se trouvait très loin du Milyan et qu'en prenant le chemin le plus direct, il faudrait à Akira près d'une année pour arriver jusqu'ici.

Et s'il s'enfuyait ? Il pourrait la rejoindre...
Il soupira. Ce n'était qu'une douce chimère, il le savait très bien. Shaïmaë ne le laisserait jamais partir et il ne pouvait rien contre elle.
La seule solution serait de la tuer. Mais il n'avait pas pu s'y résoudre. Trahissait-il Akira en ne tuant pas la source de leur malheur, la seule responsable de leur séparation ? Que devait-il faire ? Agir ou rester les bras ballants à attendre qu'elle affronte tous les dangers pour lui, au risque d'y perdre la vie ?
Il était impuissant et ça le rendait fou. À quoi rimait toute cette histoire au fond ? Ça n'avait aucun sens ! Si Shaïmaë voulait voir sa sœur morte qu'attendait-elle donc ?