Chapitre 25

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Depuis quand au juste était-il-là ? Arian ne le savait pas précisément. Plusieurs mois, ça c'était une certitude. Tous ces jours à charrier des tonnes de gravats avaient eu comme effet de l'endurcir. Sa musculature, pourtant déjà bien étoffée, c'était nettement développée. Le travail était pénible, mais il le supportait sans broncher. Il avait tenté de lier connaissance avec plusieurs ouvriers, mais sans succès. Ils ne lui prêtaient tout bonnement pas la moindre attention. Il était seul comme jamais. Les seuls moments agréables de sa misérable vie, était désormais ceux qu'il passait avec son fils. Le petit Anar était sa bouée de sauvetage contre la folie qui le menaçait.
Tous les jours, il était obligé de voir le visage qui le faisait tant souffrir. Shaïmaë était gentille avec lui ; elle menait sa vie sans le brutaliser inutilement. Mais il savait qu'il fallait se méfier de l'eau qui dort. Parfois, dans ses yeux d'un gris plus sombre que ceux d'Akira, il voyait passer l'ombre de la folie. Cette femme était folle. Elle luttait en permanence contre ses démons intérieurs, c'était une évidence. Mais au fond de son cœur, il gardait toujours l'espoir de pouvoir fuir de cet enfer volcanique.

Shaïmaë n'avait pas menti quand elle lui avait dit, qu'il pourrait aller où bon lui semblait, où presque. Quand il ne travaillait pas et que le petit Anar dormait, il sortait et parcourait la ville. Jamais il ne croisa de mâle durant ses promenades. Et les femelles l'ignoraient comme si il n'existait même pas. Un jour il crut même que c'était le cas. Après tout, Shaïmaë pouvait avoir fait en sorte que le peuple Honak ne le voie pas. Il en avait fait la remarque un soir, alors qu'il couchait son fils. Shaïmaë avait souri bizarrement et lui avait assuré qu'ils le voyaient bel et bien. Elle n'avait rien ajouté d'autre, se plongeant dans son mutisme habituel.

Le signal de fin de journée retentit dans les galeries. Arian passa sa tunique qu'il avait renoncé à porter durant son travail. Les Honaks semblaient moins souffrir de la chaleur que lui.
Il suivit la marée humaine, pas si humaine que ça d'ailleurs. Il grimpa à l'échelle et fut surpris de voir Shaïmaë sur la passerelle. Ça faisait des semaines maintenant qu'il allait et revenait seul de la mine. La jeune femme était en pleine discussion avec Rahf. Bizarrement, c'était le seul mâle avec lequel il l'ait vue s'entretenir. Et Rahf était le seul qui ne détournait pas le regard à l'approche de cette femme plus qu'étrange.

Shaïmaë aperçut Arian et mit fin à la discussion.

—Tu as passé une bonne journée ? demanda-t-elle impassible.

—Que me vaut l'honneur ?

—Je suis venue te dire que je dois m'absenter un petit moment, quelques jours tout au plus. Rassure-toi, ajouta-t-elle en voyant le regard qu'il lui lança. Ça n'a rien à voir avec ta chère et tendre épouse. Tout ne tourne pas autour d'elle. Non, c'est juste une chose que je dois régler moi-même, pas très loin d'ici.

Elle se mit en route et il la suivit.

—Tu me laisserais t'accompagner...?

—Quoi ? Elle sembla réfléchir. Non, plus-tard, peut-être, mais c'est trop tôt. Durant mon absence, tu resteras à la maison et tu veilleras sur notre fils. Ne tente rien de stupide. Tu es lié à moi, à chaque instant je saurai ce que tu fais et où tu te trouves. Tu ne voudrais pas me décevoir, n'est-ce pas ?

—Non.

—Bien. Comme tu as été bien sage, je vais te donner des nouvelles de ta femme.

De surprise, Arian faillit s'étaler par terre. Il évita de justesse une barre de fer qui encombrait le passage. Shaïmaë sembla s'en amuser, mais ça lui était égal.

—Notre chère Akira brave l'hiver courageusement, mais inutilement faut-il te le rappeler. Elle est en route pour Kalimor. Elle pense sans doute que cette Dorowen aura les réponses à ses questions.

Akira: Tome 2 : L'ombre du souvenir. ( Terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant