Chapitre 16 - Emmy a tort

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Dans son studio de 18m2, elle est toujours impatiente d'avoir un signe de Sam : un petit texto, une visite ou un message sur Badoo, une demande d'amis sur Facebook. C'est tellement facile de nos jours de garder contact avec toutes ces nouvelles technologies.

Il mets désormais une laps de temps plus important à répondre mettant parfois quasiment plus de 5 jours à répliquer à un texto. Emmy s'imagine que Sam joue au même jeu qu'elle. Un détail lui échappe pourtant : pour jouer au même jeu, il faut avoir les mêmes règles du jeu. Hélas, c'est loin d'être le cas.

Sam veut s'amuser avec Emmy, il veut jouer à une certaine guerre de territoire féminin, le but est obtenir le plus de corps de femmes et créer une forme de dépendance pour ancrer l'attachement. Emmy veut s'investir avec Sam mais de façon très détournée en exerçant une forme de « Suis moi, je te fuis, fuis moi je te suis ».

En soi, le but du jeu est le même : ils se veulent mutuellement mais pas de la même façon. Les deux ont des caractères très forts mélangeant le bien et le mal, les deux savent être manipulateurs, les deux ont la folie qui les anime, les deux ont toujours raison et à la fois pas toute leurs raisons en terme de jeu. Ils ont toutes les cartes en mains pour commencer.

Emmy sait pertinemment qu'elle entre dans un jeu et quand on joue, il faut parfois accepter de perdre. Le problème c'est que jolie petite bouille ne sait pas perdre. Elle n'a jamais appris ou n'a jamais voulu apprendre. Dès son plus jeune âge, elle n'a jamais supporté l'échec, peu importe les obstacles, elle les surmontait mais il n'y a jamais eu d'échec véritable. En général, si elle doute de ses capacités à gagner, elle ne commence pas la partie. Toutes les choses qu'elle a entrepris et fermement décidé de conquérir sont arrivées jusqu'à elle parce qu'il n'y avait aucune crainte quant à son succès.

Sam est à la hauteur de ses moyens. Elle ressent au fond d'elle-même cette capacité à obtenir Sam et aucun échec est possible. Elle connaît ce genre de type, les militaires n'ont plus vraiment de secret pour elle. Yohann, militaire également, lui a tellement de fois raconté le comportement de cette catégorie d'hommes qu'elle sait exactement le processus de séduction qu'ils emploient. Elle se sent même très proche de leur façon de faire.

Emmy est une grande joueuse. Si elle veut être totalement honnête avec elle-même, il faut avouer que le premier jour où ils ont discuté, le jeu a débuté. Elle en est parfaitement consciente mais refoule cette idée comme si elle ne pouvait pas jouer avec l'amour qu'elle veut. C'est plus fort qu'elle, c'est son instinct primitif, elle a besoin de jouer et croit pouvoir jouer avec tout et tout le monde. C'est une erreur fréquente quand on ne connait pas l'amour. Emmy ne sait pas aimer.

Prise entre deux eaux, Emmy se demande si on peut mêler le jeu à l'amour. Allongée dans son lit et son ordinateur posé sur ses cuisses, ses écouteurs font retentir, les paroles cultes de Mylène Farmer «  Un maman a tort, Deux c'est beau l'amour, Trois l'infirmière pleure, Quatre je l'aime, Cinq il est d'mon droit, Six de tout toucher, Sept j'm'arrête pas là, Huit j'm'amuse ». Dans sa tête, les paroles lui viennent en murmure puis se déforment en «  Un Emmy a tort, Deux c'est beau l'amour, Trois Emmy pleure, Quatre je l'aime, Cinq il est d'mon droit, Six de te toucher Sam, Sept j'm'arrête pas là, Huit j'm'amuse, Neuf Emmy a tort, Dix c'est à mon tour, Onze j'ai pas peur, Douze, j'ai peut-être peur.... ». 

Et alors ?!Où les histoires vivent. Découvrez maintenant