Les ailes blessées d'Angel

Chapitre 8

Trois ombres marchaient dans les ruelles sombres des quartiers mal famés de la ville. Ces ombres n'étaient autre qu'Angel, Elios et Wilfrid. Tous trois drapés de longues capes noires, qui cachaient leurs corps et leurs visages. Le petit groupe marchait rapidement ne s'attardant pas dans les rues sales. Sachant parfaitement où ils allaient.

Alors qu'ils entraient dans une énième ruelle, un démon visiblement ivre, aborda Angel. Il lui donnait des surnoms ridicule semblable à "ma petite", "mon chat" ou encore "mon cœur". Comme il ne les lâchait pas, Wilfrid s'énerva. Il attrapa une main du démon, la lui plaqua dans le dos, le jeta contre le mur et lui mit la lame, qu'il cachait dans sa manche, sous la gorge. Voyant que les menaces ne marchaient pas, il fut contraint de lui donner deux pièces royales. Wilfrid devint alors d'une humeur massacrante.

Ils arrivèrent enfin devant une petite boutique délabrée. La pancarte qui pendait au bout d'une barre de fer, portait l'inscription "Ane & Cie, Voyance en tout genre" écrite en lettres dorées sur un fond violet décoloré arborant un dessin d'œil. La porte ressemblait étrangement à un œil. Elios toqua trois fois, puis une petite trappe à la hauteur de son visage s'ouvrit.

-Le mot de passe, demanda une voix qui sortait de l'intérieur de la maison.

-"Le passé est un phare, pas un port." murmura Elios.

La porte s'ouvrit avec un bruit sourd. Ils entrèrent tous les trois dans la boutique sombre. La porte se referma violemment derrière eux. Après avoir traversé un long couloir, ils arrivèrent dans une salle décorée de grands rideaux noirs de velours, la salle avait une décoration orientale, avec de grands tapis dorés, et de gros coussins rouges. Une vieille femme était assise sur l'un d'eux. Elle portait une robe et une cape rouges, ainsi qu'un bandeau noir qui lui couvrait les yeux et un long collier doré.

-Wilfrid, Elios, je suis ravi que vous soyez venus me voir, mais qui est cette ravissante jeune femme ?

La vieille demanda cela en montrant Angel du doigt. C'est alors que l'Ombriste remarqua les yeux dessinés sur le dos de ses mains.

-C'est pour cela que nous sommes venus vous voir, répondit Elios en mettant sa main sur l'épaule d'Angel. Nous voudrions connaître la vérité sur son passé.

-Asseyez-vous, et racontez-moi de quoi vous vous souvenez exactement, ordonna doucement la médium.

Les trois adolescents s'installèrent sur les gros coussins rouges. Angel inspira un grand coup. Et raconta toute l'histoire, du début à l'institut jusqu'à la fin avec son évasion, en passant par ses rêves.

-Je pense que tu as déjà compris que tes rêves sont en réalité des portes vers tes souvenirs. Raconte-moi le dernier que tu ais fait.

-Je... j'étais... Angel fronça les sourcils. Je n'arrive pas à m'en souvenir.

-Sans doute à cause de ton séjour en prison, supposa Wilfrid.

-Ne vous inquiétez pas, dit la médium en prenant un verre en ivoire. Buvez cela, et vous vous retrouverez plongée dans votre dernier rêve.

La vieille femme remplit le verre avec quelques herbes de couleur étrange puis y versa de l'eau à l'aide d'une théière en fer. Puis le lui tendit. Angel inspira un grand coup avant de boire tout le contenu du verre. La mixture avait un horrible goût amer. Angel senti une étrange chaleur quand le liquide atteint sa gorge. A peine avait-elle fini de boire qu'elle tomba par terre, endormie.

-Qu'es que tu lui as fait ? demanda Wilfrid.

-Calme toi Wilfrid ! lui ordonna Elios.

-Je suis sur les genoux de ma sœur, commença à raconter Angel qui était comme en transe. Elle me brosse doucement les cheveux. On est sous un saule pleureur. Il fait beau. Je dois avoir sept ans. Ma sœur arrête de lire le livre qui est posé sur mes jambes pour tourner la page. Puis un homme arrive devant nous. « Où étiez vous passé ? » lui demande-t-elle. Je ne réponds pas. L'homme me regarde et... M'appelle. Mon prénom... C'est mon... père.

Angel se tut un moment, puis fut pris de grand spasme avant de crier.

-Une guerre, une guerre, une guerre, mille ans, mille ans, mille ans. Une guerre, une guerre, pas de cette époque, une guerre, une guerre. UNE GUERRE DU TEMPS !

Angel s'évanouit sous les regards d'incompréhension des deux frères.