Je crois avoir rarement été dans cet état le lendemain de soirée.
J'ai l'impression d'être passée sous un camion de chantier. D'avoir volontairement posé ma tête sur le sol, et attendu le rouleau compresseur. Et que celui-ci s'est amusé à faire des manœuvres pendant que j'étais à terre.
Ça me lance dans les tempes. Ça me lance dans les bras. Ça me lance dans les cuisses. Et dans mon bide ça danse la rumba. J'ai le cœur, l'estomac et les tripes au bord des lèvres. Je n'arrive même pas à ouvrir les yeux alors je n'imagine pas le temps que je vais mettre à bouger ne serait-ce qu'un orteil.
Je commence bien ma nouvelle vie...
J'espère que les trois musiciens avec qui j'ai commencé à tisser des liens - et qui m'ont encouragée à boire hier - savent gérer les lendemains de cuite, parce que moi, je ne sais absolument pas comment me gérer.
La soirée me parvient dans un brouillard que jusque là, seule Sarah avait réussi à provoquer. On s'amuse toujours à boire la même quantité d'alcool jusqu'à ce que l'une des deux flanche. Cette fois, j'ai du trouver bien plus fort que moi.
Je me rappelle du début de soirée, et de quelques brides concernant la fin : un garçon plutôt mignon, Gaspard en train de remplir mon verre, Paul hilare derrière lui, et enfin Jules qui vient voir si tout va bien.
Si c'est un bizutage, c'est réussi. Ma tête est une pastèque, sur laquelle on s'est acharné à grands coups de masse.
J'aime boire, faire la fête et danser. Pour ça, aucun problème, et hier soir, tout a été réuni. Mais je ne pensais pas que ça irait jusque là.
Dès que le son affreux du métal a cessé de résonner, remplacé par de l'electro, les quelques filles présentes se sont mises à onduler des hanches. Je n'ai pas fait exception. Le fait qu'un regard aussi sombre que la nuit n'a pas arrêté de me chercher, ne m'a pas vraiment retenue. Je crois même m'être amusée à le provoquer.
Il me donne tellement de signes plus contradictoires les uns que les autres. Il ne peut pas juste se tenir à un rôle et arrêter de me troubler ? Au pire, faire comme si je n'existais pas ?
La soirée avait bien commencé. J'arrivais à discuter à droite à gauche, avec des personnes sympas. Je m'étais étonnée moi-même. Et il avait fallu qu'il se ramène et qu'il foute tout en l'air. Qu'il ballade son corps parfait à travers la pièce, puis qu'il me regarde avec ses deux prunelles noires pour que ma volonté vole en éclat. Je ne devais pas le regarder. Je ne devais pas être attirée par ce mec. Mais je n'avais pas pu m'en empêcher. Je l'avais maté et il me l'avait bien fait payer.
C'est pour ça que j'ai accepté tous ces verres. Dés qu'il était monté avec cette fille - sa copine surement, vu que je les avais déjà vus collés l'un à l'autre - j'avais commencé mes descentes alcoolisées.
A partir de là, tout est un peu flou. Un peu au ralenti.
C'est bien la première fois que je bois juste pour m'enivrer. Pour ne plus être capable de réfléchir. C'est stupide et complètement immature mais ça a bien fonctionné. Je me sens vide de toutes émotions. Prête à endurer tous les reproches et piques de Léo, avec le sourire. Ou presque.
Enfin, pour le moment, il faut surtout que j'arrive à sortir de mon lit, et vu le poids qui m'écrase alors que je récupère peu à peu la motricité de mes membres, ce n'est pas gagné.
Le poids ? Quel poids ?
Oh Putain ! Pas le temps de dire à mon cerveau que mes paupières me font un mal de chien, je les ouvre pour redescendre sur la terre ferme. C'est quoi ce bordel ?
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Restart with Song [Publié chez Hugo Poche]
RomanceAncienne version de l'histoire avant édition. Retrouver "Restart with Song" en version numérique le 4 janvier 2018 sur toutes les plateformes de vente légale, en librairie le 1er février 2018. ----- Après plus d'un an de fuite en avant, Camille revi...