Chapitre 4 - Discussion forcée

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Le lendemain je ne perdis pas de temps et me matérialisai dans la chambre du motel. Sam et Dean dormaient encore mais je ne voulais pas attendre. Alors je tirai un grand coup sur la couette de l'aîné pour le découvrir et posai ma main sur son épaule pour le téléporter dans l'impala. Lui sur le siège conducteur et moi côté passager.

Aussitôt il se réveilla en sursaut et regarda autour de lui sans comprendre.

-- Hé, salut Dean !

Il m'observa en fronçant les sourcils et baissa la tête.

-- Qu'est-ce que je fous ici ? Je suis à poil en plus ! protesta-t-il en colère.

-- Tu serais à poil ça se verrait non ? Et tu es ici parce qu'on doit parler et que sur le coup j'ai eu que cette idée-là, dis-je sur le même ton que lui.

Il écarquilla les yeux de surprise et se redressa.

-- Bon ok, c'est quoi le problème qui nécessite que tu me tire du lit aussi tôt ? demanda-t-il plus calmement cette fois.

-- Toi, répondis-je simplement.

Il soupira et regarda droit devant lui, évitant de me regarder.

-- Qu'est-ce que vous avez tous à croire que je vais mal ?

-- Tu l'as en quelque sorte confirmé à Cas hier. Et on sortira pas tant que j'aurais pas une explication. Les portières sont verrouillées, tu es piégé, dis-je avec un sourire sadique.

Dean vérifia mes dires et put se rendre compte que je ne plaisantais pas.

-- Bon alors je te résume ce que je sais, comme ça on gagnera du temps et tu ne pourras pas nier. Je sais que ton humeur à avoir avec tes souvenirs du djinn et de ce que tu as dû vivre là-bas. Mais maintenant je sais aussi que j'ai quelque chose à avoir là-dedans. Et je veux que tu saches que tout ce que j'ai faits, le sacrifice avec la Mort c'était voulu. J'aurais très bien pu vous laisser mourir, après tout je ne vous connaissez pas tant que ça. J'ai faits mon choix, maintenant je suis un ange, je suis heureuse alors ne t'en veux pas pour ça d'accord ?

Le jeune homme lâcha un petit rire en secouant la tête, puis m'observa avant de détourner le regard, se plongeant dans ses pensées.

-- Tu ne peux pas comprendre Klarys.

-- Essaie toujours.

-- D'accord, lâcha-t-il dans un soupire après de longues minutes de réflexion. Tu as raison sur tout ce que tu viens de dire. Je m'en suis voulu dès les premiers instants où Sammy et moi on a su que tu étais un prophète chargé de nous sauver les miches. Tu débarques avec tous ces phénomènes étranges que tu ne peux pas expliquer, tu es jeune, t'as encore toute la vie devant toi et pourtant tu te retrouves devant nous sans savoir pourquoi. Ce monde-là, celui dans lequel mon frère et moi on vit tous les jours, personne ne devrait être forcé d'y vivre. Tu aurais pu continuer ta routine normale, loin de tout ce danger mais au lieu de ça tu as été choisis. Pour nous. Sans l'avoir demandé. Tu nous as sauvé la vie et au bout du compte tu as dû te sacrifier. Ne me dis pas de ne pas me sentir coupable après ça. C'est impossible parce que tout ce qui t'ait arrivé, tout ce qui est arrivé à nos proches ou aux gens qui sont morts, tout ça c'est de notre faute. La Mort avait raison. Notre présence ici n'est pas naturelle parce qu'on devrait être en enfer à l'heure qu'il est. Si c'était à refaire je t'aurais dit de rentrer chez toi et on se serait débrouillé tous seuls.

Il marqua une pause, regardant toujours dehors, le visage triste. Puis il reprit avec une voix plus calme et triste.

-- Le djinn m'a rappelé ce monde où j'ai été. Celui où j'avais pas à me soucier de tout ça, où ce poids que je supporte n'existait pas. La chasse ne nous apporte rien de bon à part la mort tout autour de nous. Pourtant je sais que je ne pourrais pas m'arrêter et ça me tue. De toute façon c'est trop tard, ça ne pourrait pas effacer tout ce qui s'est passé...

Je l'avais écouté avec attention, sans l'interrompre. Il venait de se livrer à moi et pourtant je ne ressentais aucun soulagement, seulement la culpabilité de l'avoir forcé à se confier. Et ça me rendait triste qu'il puisse penser toutes ça.

Dean gardait décidément beaucoup de choses pour lui. Ce masque qu'il affichait devant nous tombait rarement, mais lorsqu'il le faisait, c'était poignant. Comme maintenant. Et le pire c'était de réussir à trouver les bons mots après ce genre de situation. Que dire pour soulager la personne, la rassurer, ne pas lui faire plus de mal qu'elle sent fait déjà ?

J'observai le jeune homme et tentai une réponse.

-- Je suis désolé que tu penses tout ça Dean.

-- Pas moi.

-- Si, parce que tu as beau dire tout ce que tu veux, le monde ne tournerait pas comme ça sans Sam et toi. Vous faites de votre mieux pour protéger les innocents. Ce n'est pas pour rien que Dieu vous a à l'œil. Et crois-moi, j'ai pu avoir un petit aperçu de ce que pourrait être l'avenir sans vous et les images me hantent tous les jours. Je me suis sacrifiée c'est vrai, mais regarde-moi maintenant ! Je suis un ange, j'ai des pouvoirs, je peux t'enfermer dans cette voiture, toi, Dean Winchester et tout ça par ma simple volonté, dis-je en riant.

Le jeune homme sourit mais je ne lui laissai pas le temps de parler.

-- Je suis heureuse Dean. Avant ma vie ne rimait à rien, j'avais pas de but, je ne m'amusais pas et j'avais personne. Maintenant c'est tout l'inverse et je ne voudrais pas que ça change. Et regarde Cas ! Avant il paraît qu'il était comme tous les autres. Je sais de quoi je parle, j'ai pu observer ce troupeau de moutons à la recherche des louanges de Dieu et crois-moi c'est la chose la plus...j'ai pas de mot tellement ils sont pitoyables.

-- Tu viens d'en trouver un, me fit remarquer Dean en riant.

-- Ha oui, pas faux !

Nous rîmes tous les deux et je fus soulagé de voir qu'il avait retrouvé le sourire.

-- Enfin bref, tout ça pour te dire que je suis désolé pour tout ce que vous vivez, mais ne prend pas tout sur tes épaules. J'ai faits mes choix, Cas a faits les siens, Sam aussi, toutes les personnes que tu as pu connaître savaient dans quoi elles s'embarquaient en restant avec les Winchester. La seule chose que tu as à te reprocher c'est ton humour insupportable ! Non sérieux, tu me désespères. N'essaie pas de me copier, le niveau est trop haut.

-- Quoi ? s'exclama Dean en riant. Trop haut ? Redescends sur Terre l'emplumé et rends toi à l'évidence, je suis le meilleur dans ce domaine.

-- Ça c'est parce que tu rigoles à tes propres blagues et que tu crois qu'elles sont drôles.

-- Et toi tu n'es pas drôle, tu es chiante à mourir !

-- Ha parce que tu crois que si je demande à Sam il ne dira pas la même chose de toi ?

-- Essaie toujours ! dit-il en croisant les bras.

-- D'accord ! dis-je en faisant de même.

-- Qu'est-ce que tu attends ?

-- Toi qu'est-ce que tu attends ?

-- Que tu ouvres ces foutues portières pour commencer ! s'exclama Dean en levant les yeux au ciel.

-- Oups, j'avais oublié.

Je bougeai la main et un déclic retentit dans la voiture. Aussitôt Dean ouvrit la portière mais au moment de sortir il se tourna vers moi.

-- Merci.

Je souris et descendis de voiture pour aller rejoindre la chambre. Dean fit de même et je le regardai avancer en marmonnant sur le fait qu'il se retrouve dehors dans cette tenue.

-- Hé Dean ? l'appelai-je avant qu'il n'entre.

-- Quoi ?

-- T'as dit "foutus portières". Bébé a du mal le prendre.

Il soupira.

-- Est-ce qu'un jour tu te décideras à te taire ?

-- J'en ai pas l'intention, répliquai-je avec un grand sourire.

Il leva les yeux au ciel et entra dans la chambre. J'étais contente d'avoir pu savoir ce qu'il avait et j'espérais que ça servirait à quelque chose, qu'il irait mieux. Mais je supposai qu'on ne tarderait pas à le savoir.

En attendant le devoir nous appelait.

Angel of the Lord (Tome 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant