Chapitre III

56 0 1
                                    

Voilà, elle a pris son plateau-repas et elle est partie travailler. Je lui ai dit la vérité, car après tout, je m'en fous, je lui laisse la main, à elle de diriger un peu car si tu cours trop derrière une fille, tu risques fort de t'essouffler pour rien. J'ai jeté l'hameçon, je n'ai plus qu'à attendre que ça morde. Voilà, je finis de manger et je remonte vers mon bureau. Bien entendu j'ai un petit message. Je le consulte : « Pour ce soir je ne peux pas. »

Je suis furieux, voilà comment on récompense le romantisme et l'originalité. Mais je le savais, l'originalité au début d'une relation ne paie jamais, elle effraie. En tout cas, je ne lui réponds pas et qu'elle ne compte pas sur moi pour continuer mon manège, qu'elle aille se faire voir ailleurs !

La journée fut interminable, ce boulot m'ennuie, il est vingt heures, j'arrive chez Papa et Maman, je monte les escaliers, l'ascenseur est encore en panne. J'ouvre la porte d'entrée, il n'y a personne et c'est tant mieux !

Sur mon lit il y a un mot de ma mère qui dit qu'ils sont allés chez des amis. Je mets mon portable en charge et je vois un texto de Julie. « Fais pas la gueule ! »

C'est vrai que son mot de tout à l'heure m'avait quelque peu surpris et j'étais plutôt déçu de sa réaction. Bref, en tout cas je suis content de ce revirement de situation qui me donne à nouveau de l'entrain à la séduction. Alors je m'allonge sur mon lit bien fait avec des draps bien propres qui sentent bon la lavande du sud de la France et je me dis que je suis quand même très heureux, heureux de me sentir convoité par une jolie jeune fille avec autant de charme et de douceur. Je n'ai même plus envie de partir, c'est horrible, mes rêves de grandeur disparaissent peu à peu et la seule pensée qui occupe mon esprit est pour cette jeune fille. Je pense alors à ses mains longues et fines qui caresseront peut-être un jour mon corps, je pense à ses yeux quand elle me sourit. Et elle, est-ce qu'elle pense à tout ça ? Les femmes ont-elles les mêmes rêves que les hommes, seraient-elles capables du même romantisme ? Je n'en sais rien et d'ailleurs je m'en fous, ce qui m'importe en ce moment c'est mon petit bonheur d'égoïste. Chacun sa vie. Bon, il faut que j'arrête de me poser des questions sinon dans deux heures j'y serai encore, alors repose-toi Hugo, demain une journée de travail t'attend. Je ferme les yeux et je m'endors.

Dernière journée de travail avant le week-end. Le soleil se couche de plus en plus tard et les prémices de l'été se font ressentir. Les jupes se raccourcissent, les rues foisonnent et les odeurs du bitume changent de couleur. J'attends la pause déjeuner avec impatience. J'avais un petit message de Julie en arrivant au bureau « À tout à l'heure j'espère ! » Je n'ai pas répondu mais j'ai fouillé dans son fichier intime. Elle dit simplement qu'elle aime beaucoup ce garçon. Je suppose que c'est moi. La semaine dernière il y a eu un vol de vingt-cinq tickets restaurants et j'ai découvert qui était la coupable. C'est une femme de trente-cinq ans qui a commis ce délit envers une de ses camarades. Je l'ai su car cette imbécile l'a sous-entendu dans un email qu'elle a envoyé à son mec. Mais je ne dirai rien car c'est l'une des rares personnes qui soit un peu différente de tous ces moutons. Voilà, je descends vers la cafétéria, je me cache derrière un petit muret pour voir si elle est là. Elle y est, toute seule assise comme une parfaite écolière. Ses cheveux sont détachés et elle aussi porte une petite jupe noire qui à l'air de très bien lui aller. Je descends et elle fait mine de ne pas m'avoir vu pour ne pas montrer qu'elle m'attendait. Elle est vraiment attirante, je m'approche, elle m'aperçoit, je pose mes mains sur la table, nos regards se fixent, elle sourit et j'approche lentement mes lèvres de son visage. Elle ne s'y attendait pas et je perçois un bref instant d'hésitation de sa part. Puis tout à coup je sens ma bouche se poser sur sa joue et je dépose un seul baiser du mieux que je peux.

« Bonjour Julie, j'ai attendu ce moment toute la matinée, tu m'as pardonné pour hier ?

⎯ Je n'ai jamais été fâchée. »

Demain, je pars...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant