Chapitre III

4.4K 425 33
                                    

Je rêve. Je me vois, bébé, dans les bras de ma mère. Elle me sourit d'un air aimant. Je ne peux pas voir son visage mais je le sais. Soudain une ombre noire l'attrape. C'est la Mort. Elle crie et demande de l'aide. Je pleure. Elle lutte. Je tends la main pour l'aider et...

Je me réveillai en sursaut. Des gouttes de sueur perlaient le long de mes tempes. Encore ce cauchemar. Il me hantait depuis...depuis aussi longtemps que je puisse m'en souvenir.
Je fermai les yeux, essayant de me calmer. J'allais devoir être en forme pour la suite de ma mission. Les événements de la veille me revinrent à l'esprit. Le loup, la chute...l'ange ? Je me redressai brusquement. Étais-je mort ? J'examinais les alentours. Je me trouvais dans une chambre composée d'une table, d'un bureau recouvert de livres et d'un lit. Tout était en bois. Une lumière abondante envahissait la pièce par une grande fenêtre qui devait sûrement mener à un balcon. Il devait être aux alentours de midi... Je tentai de me redresser mais une vive douleur se manifesta au niveau de ma jambe droite ainsi que de mes côtes. Soudain une voix retentit :
- N'essaie pas de te lever, ça ne sert à rien. Ta jambe droite ainsi que trois de tes côtes sont cassés et tu as une entorse à la cheville gauche.
Je me retournai brusquement mais la pièce semblait vide. Je scrutai plus attentivement chaque recoin de la chambre. Trois chaises basiques encerclaient la table sur laquelle était disposé un vase rempli de fleurs des champs. Rien ici. Le bureau paraissait en bois de chêne et était recouvert de vieux livres de toute sorte. Tiens ? Au milieu des livres se trouvait une...fourrure ? Une écharpe totalement rousse. J'examinai plus attentivement le vêtement.
- On dirait une...écharpe en fausse fourrure...murmurai-je.
Soudain l'écharpe se mît à remuer et un véritable renard pris sa place :
- J't'en ficherais moi, des fausses fourrures ! grogna la bête, visiblement agacée.
J'écarquillais les yeux. Un renard qui parle ?
L'animal s'assit et me regarda d'un air supérieur. Il avait l'air si humain comme ça.
Je baillai. Je devais sûrement délirer.
- Eh ho ! s'énerva la bête. Je te parlais au cas où tu ne l'aurais pas remarqué là.
- Je ne veux pas écouter un renard qui parle. C'est pas normal, répondit-je le plus calmement du monde.
- Espèce d'imbécile. Tu te trouves dans une Forêt Sacrée. Un Esprit Protecteur règne sur cet endroit. Sa magie est imprégnée dans cette terre. Voilà pourquoi tu peux me comprendre.
Je le dévisageai, sans savoir quoi penser. Son explication tenait la route. Les Esprits Protecteurs dégageait une énergie magique plus ou moins puissante qui avait des répercutions sur leurs environnements.
- T'as pas l'air fute fute toi, ricana le renard. Toi comprendre moi ?
Je lui lançai un regard noir.
- Excuse moi mais je ne me rabaisserait pas à converser avec une fausse fourrure.
- Comment ça une fausse...
- Chut ! le coupai-je soudainement.
Des bruits de pas. Quelqu'un venait. Je me recouchai et m'enveloppai dans ma couverture, faisant mine d'être endormi.
La porte s'ouvrit. Les pas se dirigèrent vers mon lit. L'individu s'arrêta quelques instants à mon chevet puis s'éloigna vers le bureau. Des chuchotements étouffés arrivèrent jusqu'à mes oreilles. J'entendis ricaner. Sûrement cet enflure de renard !
- Tu peut te lever hein ! finit-il par déclarer d'une voix moqueuse. On sait que t'es réveillé !
J'attendis quelques secondes avant de sortir ma tête de la couette. Le renard était couché sur les genoux d'une jeune fille de mon âge.
Elle était...splendide. Grande, fine, peau clair, yeux azurs, bouche rosée et...ses cheveux...D'un blanc immaculé...Ils étaient attachés en une tresse complexe qui lui tombait jusqu'au bas du dos. Elle portait une jupe turquoise ainsi un haut beige et me souriait d'un air amical.
- Je suis vraiment désolée. Vulpi est terriblement impoli.
Le concerné grogna.
Sa voix. Elle était aussi douce que la cuillère de miel que l'on avale lorsqu'on à mal à la gorge.
- Je me présente. Je m'appelle Neïla. Je suis l'Esprit Protecteur de cette forêt. C'est moi et Vulpi qui t'avons trouvé dans un fossé, à moitié mort. Nous t'avons donc ramené ici.
Un ange. Une fée. Cette jeune fille ressemblait à une fée. Une fée démoniaque. Un sentiment de dégoût m'envahit. La représentation même de l'Enfer se trouvait devant moi. Je ne laisserais pas prendre au piège. Jamais. Ce magnifique monstre voulait ma mort !

La Larme de LuneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant