Chapitre II

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Je bouclais la sangle de mon sac. La lumière orangée de l'aurore envahissait ma chambre, me signalant qu'il était l'heure. J'étais heureux d'enfin sortir de cette école si ennuyeuse. Je descendis les escaliers et me dirigeai vers l'entrée principal. Le Capitaine Nocte m'y attendait. Il leva le bras et ordonna à un ouvrier d'ouvrir l'immense portail de fer noir.
Lentement la porte s'entrouvrit laissant apparaître ce monde extérieur que je n'avais jamais côtoyé. Le Capitaine Nocte me serra la main et me souhaita bonne chance.
Je n'en avais pas besoin. La chance n'avait jamais daignée veiller sur moi durant toute mon enfance. J'avais réussi à survivre sans elle. Pourquoi en aurais-je besoin à cet instant précis ?
Juste avant de partir, mon supérieur me retint et me tendit une petite pierre couleur émeraude. Je le dévisageai avec incompréhension.
"C'est une perle de jade. Si jamais tu dois t'enfuir loin et vite, jette la contre le sol et prononce à haute voix ta destination."
Je saisis délicatement l'objet et le rangeai bien soigneusement dans ma bourse. Cette perle avait dû coûter une fortune. Les objets avec de tels capacités magiques avaient besoin d'une grande réserve d'énergie et étaient donc très convoités.
J'hochai la tête pour le remercier puis me tournai vers le chemin de la liberté qui s'offrait à moi. Un écuyer ne tarda pas à m'apporter ma monture. Un cheval d'un blanc immaculé. Je soupirai intérieurement. Quel imbécile ! Il le faisait exprès ou quoi ?
J'enfourchai mon destrier et abandonnai cette prison de pierre pour me diriger, au galop, vers mon objectif : la forêt.

Le portail se refermait mais le regard du Capitaine Nocte portait toujours en direction du chemin qu'avait pris Thenos. Il plissa les yeux :
- Si tu savais tout ce qui repose sur tes épaules Thenos. Réussis.

La rosée glissait le long des pétales et le chant des oiseaux commençait tout juste à réveiller le monde. Je sortais si rarement... Je fermais les yeux et me délectais de chacun de ses instant. La légère brise matinale faisait voler mes cheveux sombres et rafraîchissait mon visage inexpressif. La route jusqu'à la forêt était longue. Après plusieurs heures de course, je m'arrêtai manger un morceau. J'avais des provisions pour plusieurs mois. Le soleil était déjà haut dans le ciel. Aucun nuage ne venait polluer cette étendue turquoise.
Après une petite sieste, je repartais en direction de la forêt.
Nous parcourûmes plusieurs kilomètres avant d'enfin l'atteindre.
Mon cheval avançait au pas afin de me permette de scruter chaque petit recoin de cette forêt, mille fois plus vaste que je ne l'aurais jamais imaginé.
Soudain, j'entendis un craquement. Je me retournai lentement. Rien. Sûrement mon imagination qui me jouait des tours.
Un autre bruit. Cette fois c'était sûr. Il y avait quelque chose ! Ma monture commençait à devenir nerveuse, je caressais son encolure pour la rassurer. J'examinais les environs quand soudain une ombre se jeta sur mon cheval. Il vacilla et je tombai violemment au sol. Ma vue était brouillée et un sifflement désagréable emplissait mes oreilles.  
Après quelques secondes de confusion, je repris mes esprits. Les contours de la forme sombre se précisait. Elle était en train de s'attaquer à ma monture. Un...loup ? La bête de tourna vers moi comme si elle avait entendu mes pensées. J'étais rassuré. Ce n'était qu'un loup, m'en débarrasser ne serait pas trop difficile. Je posai ma main sur un poignard dissimulé dans la doublure de ma veste. Je tentai de me lever mais une vive douleur à la cheville m'en empêcha. Le loup grogna, s'approchant dangereusement de moi. Je tendais mon poignard dans sa direction pour l'éloigner. C'était pathétique. J'étais de loin le meilleure élève de l'Ecole de la Garde Nocturne et je me faisais attaquer par un pauvre clébard sans pouvoir rien faire. Un excès de dégoût mêlé à de la colère m'envahit. Je donnai un coup de poignard au carnassier en pleine gueule.
L'animal poussa un gémissement de douleur et voulu s'enfuir mais, hébété par la douleur, il fonça vers moi et me bouscula. Le terrain était en pente. Je glissai sans pouvoir m'accrocher à quoi que ce soit. Les racines et les pierres écorchaient mon corps et je sentis certains de mes os se briser. Ma chute s'arrêta soudain. Je tombai. Puis je sentis une vive douleur se manifester au niveau de mes côtes. J'étais sûrement tombé dans un fossé. Chacun de mes muscles et de mes os me faisait horriblement souffrir. La douleur était insupportable. Je m'évanouis.

Mmh...J'entends des voix. Non, une voix. Laissez-moi dormir, je suis si bien ici. Encore cette voix, plus forte... J'ouvre difficilement mes paupières. La lumière du jour inonde mes pupilles sombre. Je ferme les yeux. La douleur revient. Aussi vivace que lorsque je l'ai laissé. Mais il y a autre chose. Mon ventre, ma bouche. Je meurs de faim et je suis assoiffé. J'entrouvre de nouveau les paupières. Des cheveux...blancs ? Serait-ce un ange ? Il me parle mais je ne comprend pas ce qu'il dit. Je ne veux pas comprendre, j'ai si mal. Je ferme les yeux et me laisse à nouveau plonger dans les ténèbres de l'inconscience...

La Larme de LuneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant