Une vive angoisse s'empara de mon être. En effet, on était dans la mouise. Un vingtaine de gardes accouraient de tous les côtés.
- Je m'occupe de lui, dit le Commandant d'une voix sourde, fais le reste !
Apparemment pris d'un élan d'énergie désespérée, il écarta violemment les mains du Capitaine Nocte de sa nuque rougis et lui infligea un violent coup de point dans l'estomac.
Soudain, une vague d'adrénaline m'envahit à mon tour.
Je me ressaisissais. Vite ! Il fallait faire vite !
Je me jetai sur un garde et, possédé par une folle rage, je lui assainissais de coups de points.
Une fois mon adversaire inerte, je lui dérobai son épée.
Légère, bon tenue, assez courte. Parfait.
Un cri de guerre accompagnait mes geste. Je fendais l'ennemi tel un rayon de soleil parmi une sombre couche d'épais nuages.
Malheureusement, les nuages se faisaient de plus en plus nombreux. Pour un pourfendu, deux accouraient à la rescousse. Je me retrouvais bientôt, haletant, entouré de nombreux soldats armés jusqu'aux dents.
Quel abruti ! Mon regard croisa la silhouette de Neïla. Mon cœur se serra à l'image de son corps qui paraissait sans vie.
Qu'aurais fait Neïla dans cette situation ? Qu'aurait-elle fait ?
Elle sûrement aurait évalué le problème.
Problème : les gardes arrivent de plus en plus nombreux.
Solution...Mais oui ! Bloqué les issus !
Je me mis à courir vers la porte la plus proche, les hommes à mes trousses.
C'était une large porte avec un volet fermant. Comment la bloquer?Réfléchis. Réfléchis !
Les bruits de pas des gardes se faisaient de plus en plus proches.
Vite ! Vite !
Le mécanisme fonctionnait grâce à un détecteur de mouvement. Mais oui ! J'allais devoir sacrifier mon arme. Je dégainai mon épée et me concentrai. L'échec n'était pas une option.
Les ennemis n'étaient plus qu'à une dizaine de mètres de moi et un bruit étouffé de bottes en cuirs m'indiquait qu'une autre troupe accourait.
Il n'y avait que deux entrées. Je me trouvais à côté de la première tandis que la deuxième se trouvait à l'autre bout du hall.
Un bruit de métal qui s'entrechoquaient m'interloqua.
Le Capitaine Nocte et le Commandant se battaient sauvagement à coup de poignard. Ce dernier se trouvait en position de faiblesse sous les coups répétés du Capitaine de la Garde Nocturne.
- COMMANDANT !! hurlai-je de l'autre bout de la salle. LES PORTES !!
L'homme se tourna un millième de seconde avant d'éviter de justesse un coup meurtrier de son ennemi.
- COMPRIS !! me répondit-il en se dirigeant vers l'autre porte.
Je me concentrai à nouveau sur mon objectif. Soudain, une douleur vive se fit sentir dans mon épaule. Un garde venait d'enfoncer son épée dans ma chair. Mon cri de douleur accompagna le généreux flot de sang pourpre qui coulait le long de mon bras.
J'assainis un violent coup de poing dans la mâchoire du soldat puis lançai mon épée vers le détecteur de mouvement de la porte.
Au loin, une cinquantaine de silhouettes se formaient dans la pénombre du couloir.
Mon regard restait figé sur mon arme qui, en une fraction de seconde qui me parut une éternité, alla se loger dans le dispositif détecteur de mouvement.
Aussitôt une lumière rouge s'activa et le son de l'alarme revint dans mes oreilles.
Sans prendre le temps d'être soulagé, je criai :
- COMMANDANT !!
- J-J'ARRIVE !!
Sa voix semblait de plus en plus tendue mais seul mon ouïe pouvait en juger car mes yeux restaient fixés sur les portes qui se refermaient petit à petit tandis que les troupes de renfort se rapprochaient dangereusement.
- COMMANDANT !!! hurlai-je d'une voix de plus en plus pressante.
Les soldats accouraient. Ils n'étaient plus qu'à vingt mètres...dix mètres...
Soudain les portes se refermèrent immédiatement formant une barrière contre les soldats.
Ça avait marché ! Les systèmes de sécurité militaire s'étaient automatiquement fermés à la suite de deux anomalies, croyant enfermer l'ennemi.
Le silence stupéfait qui envahissait le hall fut bientôt déchiré par un cri bestial. Puis un bruit d'épée fendant l'air. Et plus rien.
Je me tournais vers la source de ce bruit, enfin le sourire aux lèvres. Mon visage s'assombrit aussitôt. Proche du Capitaine, haletant, se trouvait le cadavre ensanglanté d'un homme. Peut-être cet homme aurait-il pût avoir une vie heureuse. Peut-être aurait-il pût être récompensé pour avoir sauvé les vies de millions de personnes. Peut-être aurait-il pût rester dans les mémoires et survivre à travers les siècles. Peut-être aurait-il pût vivre...Peut-être...Mais le funeste pantin de la mort qu'est le destin avait choisi de prendre l'âme de cet homme. Il l'avait prise à l'instant où il avait lancé son seul moyen de survivre sur le mécanisme d'une porte militaire...
Il s'était sacrifié, ne laissant derrière lui que l'inexprimable poids de la culpabilité sur le cœur déjà meurtri d'un adolescent amoureux.
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La Larme de Lune
FantasiaJe suis né une nuit d'orage, une nuit sans lune. Des éclairs déchiraient le ciel dans un vacarme assourdissant. Je n'ai jamais connu mon père et ce soir là, ma mère a échangé sa vie contre la mienne...J'étais l'enfant qui annonçait la mort ("thanato...