Chapitre XVII

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Tout était redevenu comme avant. La même longue et interminable routine. Le même rapport avec les autres et le même ennui. C'est ce que je désirais de toute façon, non ? Revenir à tout prix. Pourtant...Pourtant une pointe de nostalgie s'inséminait dans mon cœur.
Je regardais par la fenêtre, fixant la forêt et murmurant l'air qu'elle fredonnait lorsqu'elle soignait ma cheville. Parfois, le blanc immaculé des nuages me rappelait sa chevelure.
"Elle te manque !" me soufflait sans arrêt une petite voix dans ma tête.
N'importe quoi ! Ce n'est rien qu'une immonde fille. En plus...
"Je te hais !!"
Je soupirai.
Cela faisait déjà une semaine. Je n'allais pas m'apitoyer sur mon sort toute ma vie !
La porte de la classe s'ouvrit brusquement laissant apparaître le visage aux traits fins du Commandant du Service d'Espionnage.
- Puis-je vous emprunter le futur général de la Section 9 ? demanda-t-il, arborant son habituel et agaçant sourire malicieux.
- Je...Bien entendu ! bafouilla le professeur.
Je me dirigeai vers le Commandant, élevant comme à mon habitude les chuchotements de mes camarades.
- Tss...
Je refermai la porte. Le Commandant m'examina d'un air intéressé.
- Tu as l'air encore plus grognon que d'habitude Thenos.
Je lui lançai un regard noir.
- Je ne suis pas d'une nature très joyeuse Commandant.
- J'espère que la revoir te redonnera le sourire, ajouta-t-il, visiblement heureux.
Je me figeais.
- Que...?
Mais le Commandant était déjà parti en trottinant joyeusement devant moi.
Je secouai la tête. Impossible qu'il connaisse Neïla.
Nous arrivâmes dans le bureau du Capitaine Nocte.
- Oh, vous voilà. Enfin !
Une lueur d'excitation brillait dans son regard.
- Thenos. Tu vas assister au lancement du Canon Etherium ! Grâce à l'énergie de la Larme de Lune l'Empire d'Omois possède à présent le canon le plus puissant de tous les temps.
La folie.
- En plus nous avons une petite surprise pour toi.
Elle-même.
Il avait l'air d'une bête sauvage, revenue aux instincts bestiaux.
Je déglutis et hochai la tête.
Apparemment satisfait, le Capitaine se dirigea vers la bibliothèque qui tapissait le mur arrière de son bureau. Des centaines d'ouvrages tous aussi ennuyeux les uns que les autres étaient parfaitement alignés. Il saisit un gros pavet à la couverture vert sapin et l'ouvrit. Une petite clé doré s'y trouvait. Je le regardai, fasciné.
Il se planta ensuite devant un portrait de l'Imperator d'Omois. Un homme à la carrure d'ours et au regard sévère. Il introduisit alors la clé dans une minuscule serrure que je n'avais jamais remarqué auparavant. Le tableau pivota laissant place à un tunnel sombre : un passage secret.
Le Capitaine tourna la tête vers moi.
- Tu ne pensais tout de même pas que le Canon Etherium ne serait pas un minimum protégé, me nargua-t-il, souriant.
Il s'engouffra ensuite dans celui-ci, laissant les ténèbres engloutir son corps.
- Après vous, dit le Commandant d'un air faussement poli en exécutant une révérence.
Le tunnel était froid et humide. Chacun de mes pas résonnait dans la pénombre effrayante. Nous bifurcâmes plusieurs fois. Heureusement le Capitaine s'occupait de nous guider ainsi que de désamorcer les pièges.
Mon cœur commençait à s'emballer. Pourquoi tant de précautions ? Ce canon était-il si dangereux que ça ?
Nous arrivâmes enfin dans une petite salle tout de verre faite. Un tableau de commande se dressait devant nous, arborant des centaines de boutons de toutes les formes et qui clignotaient dans une cacophonie de couleurs. De cette pièce protégée nous pouvions voir un immense hall de fer au milieu duquel se trouvait un canon gigantesque. À sa droite, lévitait tranquillement la Larme de Lune au dessus d'une estrade blanche.
Le Capitaine Nocte, de dos, admirait l'arme destructrice en silence.
- Enfin, murmura-t-il.
Thenos ! tonna-t-il ensuite.
Je sursautais.
- O-Oui, Capitaine ?
- Il y a quelques semaines, nos scientifiques ont déterminé que la Larme de Lune ne possédait pas une réserve de magie assez puissante pour lancer le canon plus de trois ou quatre fois.
Je fronçais les sourcils. Vu sa puissance, l'Empire ne devait avoir à s'en servir plus non ? Que manigançait la famille Impériale ?
Je me pinçais les lèvres.
Ma mission n'avait donc servi à rien ?
Des dizaines de questions chamboulaient mon esprit dérouté.
- Heureusement, le Commandant des Services Secret a trouvé une alternative juste quelques jours avant que tu nous reviennes. Nous nous inquiétions de la durée prolongée de ta mission alors, il y a quatre jours nous l'avons envoyé pour voir si tu étais encore en vie. Non seulement il s'est avéré que tu étais vivant mais en plus les informations fournies par le Commandant nous ont permis de régler notre problème de puissance.
Je fronçai les sourcils. Qu'est-ce que ça voulait dire ? On m'avait espionné ? Je ne l'avais même pas remarqué... Ma gorge se serrait petit à petit. J'avais un mauvais pressentiment.
Le Capitaine Nocte se retourna, un sourire diabolique au visage.
- Nous avons pensé que cela te ferait plaisir qu'on l'élimine sous tes yeux.
Non...
Il appuya sur un des innombrables bouton du tableau de commande. Une vingtaine de garde apparurent, poussant un objet circulaire d'une dizaine de mètres de diamètre qui était recouvert d'un drap.
Non...
Le Capitaine fit un signe aux sbires qui ôtèrent d'un mouvement brusque le tissu qui le recouvrait.
Non...
Un corps évanoui et mutilé était attaché par les main et les pieds à l'intérieur de cette sphère de verre. Lentement, elle releva la tête, ses longs cheveux blancs ruisselèrent sur ses épaules. Elle posa ses yeux azurs sur la salle de commande. Plus aucune lueur ne brillait dans ses pupilles...

La Larme de LuneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant