Fuir ou mourir

61 11 0
                                    

Cette semaine, les élèves et le personnel enseignant sont sur les nerfs. L'ambiance est tendue et les repas sont étrangement calmes. Tout le monde a peur les disparitions continuent.

Newt est de plus en plus bizarre. Ses accès de violence et de mauvaise humeur sont de plus en plus fréquents et il ne semble lui-même pas comprendre ce qu'il lui arrive. Hier soir, je l'ai surpris dans la bibliothèque, un cutter à la main. Il s'apprêtait à se tailler les bras sans aucune raison ! Je lui ai demandé plusieurs fois de consulter un médecin mais il n'a rien voulu entendre. Tout cela lui rappelle Rachel, je n'ai pas insisté.

                                            #~~#

Le professeur Janson ne doit plus s'échiner à nous faire taire, tout le monde est silencieux. Finis les rires, les bavardages et les incartades des élèves. Thomas a la mine sombre. J'essaie de le dérider en me moquant de Janson mais il n'esquisse qu'un vague sourire pour me faire plaisir. Je n'aime pas le voir ainsi, lui toujours si optimiste, ces disparitions l'affectent beaucoup. J'ai beau ne pas connaître les disparus, je compatis à la douleur des autres élèves qui fondent en larmes en entendant prononcer le nom de leur ami dans le haut-parleur chaque matin. Chacun est concerné. Qui me dit que ce ne sera pas mon nom ou celui d'un de mes amis qui sera énoncé demain matin durant le petit-déjeuner ?

Soudain, des cris fusent dans le couloir. Janson se fige et se tourne vers la porte fermée de sa classe. De nouveaux cris se font entendre, plus perçants. Je n'en saisis pas la teneur mais ça ne ressemble pas à une dispute. La porte s'ouvre à la volée sur un élève que je croise de temps en temps dans le hall :

- Ils sont là, planquez-vous !, hurle-t-il.

Un mouvement de panique nous soulève tous. Je me lève et cherche des yeux mes amis. Thomas glisse sa main dans la mienne et me tire sous la table. Il pose ensuite un doigt sur sa bouche pour m'intimer de me taire. Je tremble comme une feuille. La main dans celle du brun, je me colle à lui pour me rassurer.

- Je vais voir ce qu'il se passe, restez cachés, nous déclare le professeur.

La porte se referme derrière lui et certains élèves se relèvent.

- Qu'est-ce qui se passe putain ?

- Retourne sous la table, on doit rester caché, hurle une fille.

- Fermez-la !

Je reconnais la voix de Minho. Tout le monde se tait et un silence de mort s'abat sur la classe. Des coups de feu se font entendre, je sursaute, terrorisée. Certains de mes camarades sanglotent. La porte se rouvre subitement, je suis au bord de l'évanouissement.

- Les gars vous êtes là ? C'est Gally.

La classe entière sort de sa cachette et scrute le garçon avec de grands yeux.

- Écoutez, c'est pas joli dehors. Des gens ont pris d'assaut l'école. Je sais pas ce qu'ils cherchent mais y en a pleins qui se font enlever. Je ne sais pas encore s'il y a des morts mais j'imagine que oui. Il faut qu'on sorte d'ici.

- Personne n'a appelé les flics ?, demande Teresa, affolée.

- Le réseau a été coupé, explique Gally. On n'a aucun moyen de communication. Le truc à faire c'est de se barrer d'ici. Faites gaffe à vous surtout.

Sur ces paroles, il sort en courant. Sans plus d'hésitation, tout le monde sort de la classe en trombe. Une foule compacte passe la porte pour courir dans les couloirs. Thomas ne m'a pas lâché et je l'en remercie intérieurement, je me serais sûrement effondrée dans le cas contraire. Plus loin, j'aperçois Alexandra, Brenda, Teresa et Aris. Minho et Newt sont derrière. L'Asiatique aide son ami mais le roux a du mal avec sa blessure. Je ralentis pour l'attendre. Thomas s'étonne d'abord mais ne dit rien. Il me lâche enfin la main pour aider Minho et Newt. Sans aucune attache, j'ai l'impression de me vider totalement. Je décide de me ressaisir, ce n'est pas le moment de flancher. Je crie à Teresa de nous attendre.

- Qu'est-ce qui se passe ici putain ?, demande Minho.

Nous arrivons dans le hall, c'est la panique générale, des élèves courent dans tous les sens, notre classe et dispersée mais notre groupe s'est reformé plus loin. Des coups de feu éclatent et je retiens un cri. Des hommes et des femmes vêtus de noir font irruption dans le hall, de gros fusils à la main. L'un d'eux vise un élève qui lui passe devant. Une fléchette remplie d'un sérum à couleur étrange sort du canon pour venir se planter dans le cou du pauvre adolescent. Celui-ci hurle avant de s'effondrer sur les genoux.

- Ça fait effet rapidement, amenez-vous !, crie le tireur avant de s'élancer dans les escaliers.

Les autres le suivent et je m'empresse de m'accroupir près de la victime. Je lui demande si tout va bien.

Le garçon se relève instantanément et me saute dessus avec violence. Il est défiguré par la rage, le pauvre adolescent apeuré a totalement disparu. La fléchette est encore plantée dans son cou mais le sérum s'est dilué dans son organisme. Des lignes noires qui ressemblent à un tatouage apparaissent dans le cou du garçon. Il tente de me griffer au visage mais je me dégage de son emprise et me relève rapidement pour rejoindre mes amis. Je cherche Newt des yeux.

- Où est-il ?, hurlé-je.

- Il..., commence Minho.

Je n'entends pas la fin qu'on me saute sur le dos. C'est encore le garçon fou qui tente de me faire tomber. Il m'étrangle et me tire en arrière mais je résiste autant que possible. Thomas se jette sur lui et l'envoie valser plus loin. Je masse mon cou puis me redresse pour m'élancer vers la porte.

Je me rappelle soudain que Newt n'est toujours pas là.

- Attendez, vous ne m'avez pas répondu, où est Newt ?

- Ton copain s'est énervé d'un coup et a failli blesser Thomas et Minho. Il a hurlé et est parti en courant, m'explique Teresa.

Je n'arrive pas à y croire. Pourquoi nous aurait-il laissés et comment aurait-il pu essayer d'attaquer ses meilleurs amis ? C'est étrange, ce garçon et Newt ont tous les deux un comportement des plus étranges : accès de colère soudain et violence inexpliquée. Et si... ?

- Bouge-toi Georgie, me dit Brenda en me tirant par la main.

Nous arrivons vers la porte. Dehors, c'est un vrai massacre. Des hommes et des femmes, armés, tirent sur tout ce qui bouge. Toutes les fléchettes atteignent leurs cibles qui s'écroulent puis se relèvent défigurées, et attaquent les gens à proximité. D'autres élèves tentent d'attaquer les assaillants qui leurs tirent de vraies balles. C'est un vrai bain de sang. Un vrai cauchemar se déroule sous mes yeux. Des corps s'affaissent, troués par des balles, d'autres se relèvent, complètement transformés. Les victimes des fléchettes ont de longues lignes noires qui apparaissent à la base de leur cou et descendent le long de leur dos. Certains d'entre eux s'attaquent aux hommes et femmes armés mais ceux-ci les tuent sans ménagement. Je reste un long moment atterrée. Alexandra enfouit sa tête dans le creux de l'épaule de Thomas qui baisse les yeux, horrifié, Brenda et Teresa sont pétrifiées de peur.

- Faut vraiment qu'on se casse d'ici avant de finir comme ces pauvres gars.

Les paroles de Minho nous glacent mais il a raison, nous devons partir. Dorénavant c'est fuir ou mourir...


Joy : Je te protégerai quoi qu'il m'en coûte ✓Où les histoires vivent. Découvrez maintenant