Si près du but

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Proches du but, nous ne cessons de tomber sur des écueils qui ralentissent notre progression. Minho parvient cependant à nous en sortir mais la victoire n'est pas encore au bout du chemin, bien s'en faut.

Voici un peu plus de vingt minutes que nous avons passé l'épreuve des illusions. Nous tournons une dernière fois et tombons dans un grand couloir sombre.

- C'est quoi ça au fond ?, demande soudain Alexandra.

Je scrute plus attentivement la direction qu'elle pointe du doigt. Les contours d'une porte se dessinent dans le mur et au-dessus, on peut lire en surbrillance "Sortie".

- Putain les gars, je crois qu'on vient de trouver la sortie de ce foutu Labyrinthe, fait remarquer Minho.

Une vague de soulagement déferle en moi, un rire nerveux me secoue et je sens retomber toute la tension accumulée.

- Ça y est on l'a trouvé !, m'écrié-je.

- On va pouvoir sauver tout le monde !, poursuit Teresa.

- On va bientôt retrouver Newt, soupire Thomas.

Lui aussi est inquiet pour son ami. Son comportement des dernières semaines nous a tous alertés mais personne n'a osé réagir parce que c'est Newt et qu'il est lunatique quelquefois. Je suis sûre maintenant qu'il n'était pas dans son état normal, il a été contaminé par la Braise, comme tous les autres.

- Bon, en route !, lance Aris au bout de quelques secondes.

Nous progressons dans le couloir et une lueur d'espoir illumine chacun de nos regards. Nous sommes près du but, plus qu'une centaine de mètres...

Le bruit d'une détonation retentit bientôt, suivi d'un hurlement. Je me retourne et vois Teresa au sol, la tête entre les mains. Aris aide la jeune fille à se relever et tous deux prennent leurs jambes à leurs cous.

- Fuyez !, crie l'adolescent. On nous tire dessus !

Une flèche fuse et m'égratigne le nez.

Je pique un sprint à la suite de Thomas et des autres sans me retourner. J'entends seulement les flèches perdues siffler à nos oreilles.

Un cri guttural s'élève dans mon dos. Thomas court dans le sens inverse. Je le suis sans réfléchir. Il est agenouillé auprès d'Alexandra et lui parle doucement. Mon cœur tambourine dans ma boîte crânienne.

- Thomas, relève-toi !

- Non, Alexandra a été touchée. On doit l'aider.

D'autres flèches nous frôlent et l'une manque de se loger dans mon bras droit. Je m'agenouille à côté du couple, Alexandra commence à sombrer. Ses pupilles sont dilatées, sa respiration est ataxique et elle émet des bruits étranges.

- C'est trop tard pour elle Thomas, on doit s'en aller !

Je souffre de lui infliger cet ultime adieu mais il en va de nos vies à tous les deux.

- Vas... Vas-y Thomas..., souffle la brune en essayant péniblement de garder les yeux ouverts. Georgie, force-le...

- Je suis désolée Alexandra..., murmuré-je, la voix brisée.

La laisser là, étendue à moitié morte me brise le cœur mais nous devons sauver les autres et nous-mêmes également. Le virus agit déjà et dans quelques secondes, elle va devenir une autre personne.

- Je t'aime Alexandra, reste avec moi !, s'égosille Thomas.

- Moi aussi je t'aime mais...

La détonation d'une arme à feu met un terme à mes suppliques, le corps de mon amie tressaille, ses yeux se ferment et une énorme tache de sang recouvre son pull blanc. Le visage blême de Thomas est défiguré par la douleur, je me retiens de sombrer à mon tour. Je dois rester forte pour lui. Je relève la tête, trois hommes du Bras Droit pointent leurs fusils sur nous. Je traîne Thomas par le bras, il ne semble pas vouloir coopérer jusqu'à ce qu'il voit nos assaillants à quelques mètres de nous.

Nous nous ruons au fond du couloir, j'ouvre la porte, nous pénétrons dans une pièce blanche. Une lumière aveuglante me plie en deux.

- Elle est morte..., dit Thomas, désemparé.

- Thomas ?...

Ma voix se brise sous le regard haineux qu'il me jette. Me croit-il responsable de la mort d'Alexandra ? J'ai pourtant tout fait pour l'aider, le sauver...

J'entends Aris hurler. Sa voix agit comme un électrochoc et je prends conscience de mon environnement. Nous sommes dans une pièce qui ne semble pas avoir un jour appartenu à le WICKED. Les murs sont placardés d'affiches scientifiques et les tables remplies de matériel expérimental. Nous sommes dans le laboratoire du Bras Droit... Ceux-ci ont dû occuper cette pièce pour être près de l'établissement. C'est donc par le Labyrinthe qu'ils sont passés. J'aperçois, derrière une énorme vitre, plusieurs écrans avec des boutons. C'est ici que l'on "contrôle" le Labyrinthe. Je n'y suis pas retournée depuis un certain temps, je ne savais donc pas qu'il était hors service.

- Vous avez finalement réussi à franchir nos épreuves ?

Je me tourne d'un bloc vers l'homme qui a parlé. C'est l'auteur de mes tourments et de la mort d'Alexandra.

- Emparez-vous d'eux, ordonne-t-il.

Des hommes et des femmes en noir déposent leurs armes et se ruent sur nous. Minho assène un coup de poing dans la mâchoire de son assaillant et Teresa se baisse pour esquiver les coups d'un autre. Commence alors une bagarre épique. Les cours d'auto-défense me sont d'une utilité vitale mais mes amis se débrouillent aussi bien que moi. Quand la peur domine, l'instinct de survie se réveille.

Je vise plusieurs fois le nez d'un des attaquants, des mares de sang maculent le sol. Soudain, alors que les forces périclitent, une femme m'envoie son pied dans l'estomac. Je m'effondre mais tente toutefois de me relever. Un homme attrape mes mains et les maintient dans mon dos. Je me débats comme un beau diable en vain et il me place devant l'homme au rictus malsain. Bientôt, mes amis sont maîtrisés et me rejoignent au centre de la pièce. Les soldats du Bras Droit nous forcent à nous agenouiller, les mains toujours croisées dans le dos.

- Vous êtes coriaces mes petits. Je suis désolé mais nous avons découvert que Jorge nous avait trahis. Ne vous inquiétez pas pour lui, il ne parlera plus. Vous avez donc quelque chose qui m'appartient, dit l'homme en fouillant mes poches et en brandissant l'enregistreur comme un trophée.

Je lui jette un regard assassin mais rien n'y fait.

- Amenez le garçon !, ordonne-t-il enfin.

Les affidés ricanent avant de gagner le fond de la salle. Je n'avais jamais remarqué qu'un jeune homme y était ligoté depuis notre arrivée. Ils le détachent et le jettent à mes pieds.

- Newt !, hurlé-je.


Joy : Je te protégerai quoi qu'il m'en coûte ✓Où les histoires vivent. Découvrez maintenant