CHAPITRE 16

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Plusieurs jours se sont écoulés. Nick était bizarre, il ne parlait pas beaucoup, et était distant. J'évitais de l'embêter en lui posant des questions, et j'ai laissé les jours défilés.
S'endormir, se réveiller, faire à manger, se laver, aller au toilette, aller sur la plage, retourner un peu dans la cabane, s'amuser dans le lagon, dormir, manger, aller au toilette... Tout ça à longueur de journée sans réellement se parler. De temps en temps il me souriait, mais son sourire n'atteignait pas ses yeux. C'était un sourire forcé, j'ignorais ce qui le rendait triste mais je préférais ne pas lui demander.
Il y a un jour où on a réussit à allumer un des ordinateurs, on a pu mettre un des CD, on a dansé pendant des heures il avait enfin retrouver le sourire jusqu'au soir, et avant de s'endormir il recommençait à devenir muet et à ne plus sourire.
Et puis c'est en remarquant tout bêtement qu'on avait la date et l'heure sur l'ordinateur que je me suis rendu compte que dans six jours c'est mon anniversaire. Ça faisait donc bientôt deux mois que nous étions sur cette île. Je me suis dis "déjà", mais ça me paraissait tellement long en même temps.
Un soir Nick s'est endormit, torse nue et à plat ventre. Je voyais ses traces... Je me suis imaginé l'enfer que c'avait du être de subir ce que ces salopards lui ont fait. Ca me fendait le cœur... Je les ai caressé du bout des doigts, par peur de lui faire mal, et en espérant que ça ne le réveil pas. J'ai finis par m'allonger en m'appuyant sur mon coude pour continuer de regarder ses cicatrices. J'avais envie de les embrasser mais je me suis retenue. Et au bout d'un certains temps il s'est réveillé, et à juste tourné la tête vers moi.

- Tu pleures ? Il m'a demandé avec une voix fatigué, en relevant la tête.
- Non.
- Eh... Souffla t-il doucement en caressant mon visage. Ça va pas ?
- Et toi ?
- Je sais que je suis bizarre... Mais ça va aller mieux. Je te le promet.
- Je t'ai jamais vu comme ça, ça m'inquiète.
- T'inquiète pas, c'est juste que je réfléchis beaucoup trop, ça va passer.

Qu'est ce que je pouvais dire ?

- Vient là.

Il m'a ouvert ses bras et je suis aller m'y blottir.

- Je suis désolé pour tout ce que j'ai pu te dire l'autre jour...
- T'as pas être désolé. Et au moins c'est sortit, c'est une bonne chose.
- Ca doit être à cause de ça que je me sens aussi bizarre. J'ai tout dit, du coup je me sens vide. 
- Surement oui.
- Mais même si j'ai tout dit, je me suis pas énervé comme je l'aurais fais en général. Ca c'est pas bon... Ca va finir par ressortir.
- Et bien ça ressortira.
- J'aime pas quand tu me vois comme ça.
- T'as pas à avoir honte.
- J'ai pas honte... C'est juste que j'aime pas. On dirait un psychopathe a tapé dans les murs comme ça...
- Une fois j'ai lu un truc qui disait : "taper contre le mur, c'est ce que les hommes font pour montrer qu'ils souffrent".
- Sauf que je suis pas une homme, je suis encore qu'un ado, et je souffre pas je suis juste malade.
- Je vais rien dire sinon on va encore entrer dans un débat, parce que je pense tout le contraire.
- Oui vaux mieux, ria-t-il.

Etre contre son torse, comme ça, et de sentir sa peau toujours aussi chaude, Ca me procurait une sensation de bien être et c'était clairement un truc de MALADE. J'ai pas d'autre mot.
J'aurais pu le regarder pendant des heures mais il valait mieux éviter parce que si c'était le cas, je le ferais sûrement de la façon la moins discrète.

- C'est quoi ta passion Cali ? Je te l'ai jamais demandé.
- Ma passion ? Genre un sport où un truc dans le genre ?
- Oui un truc que tu aimes faire.
- Lire, regarder des films, mais je pense pas que ce soit une passion, riais je.
- Tu m'aurais sortis le shopping je crois que j'aurais fais une crise cardiaque!
- Aucun risque! Et toi dit moi, c'est quoi ta passion ?
- J'en ai pas vraiment non plus, mais il y a un truc dans lequel je suis doué.
- C'est quoi?
- La musique.
- Tu chantes ?
- Ah nan... Vaux mieux que t'entende jamais ma voix.
- Alors tu sais jouer d'un instrument ?
- Oui, la guitare et la batterie.
- Tu me montreras un jour ?
- Si tu veux. Et toi t'as un talent ?
- Je sais loucher d'un œil.
- Sérieusement ?
- Je te jure, regarde.

Je me suis relevé pour lui montrer, et il a explosé de rire.

- Waw j'avais jamais vu ça, t'es douée!
- Merci beaucoup... Ca m'a valut de longue heure d'entraînement devant le miroir...
- Ah ouais?
- J'ai pas d'amis, fallait bien que je m'occupe, j'ai dis en riant.
- Sympathique comme passe temps, vraiment!
- En vrai, je sais faire du piano.
- C'est pas une blague ?
- Non... J'en faisais avant, j'avais un piano chez moi mais on a dû le vendre.
- T'es douée ?
- Je sais pas, tu me le diras quand tu me verras jouer.
- J'ai vraiment hâte.

Il s'est remit à me caresser le visage, et je suis partie dans un autre monde.

- T'es tellement belle Cali.
- Dit pas ça s'il te plait...

Je me suis mise à rire nerveusement, j'avais horreur de ça.

-Pourquoi ?
- J'aime pas les compliments, même si venant de toi je sais que c'est sincère.

Il a sourit, et je me suis sentis fondre comme une guimauve.

- Je le pense vraiment.
- Arrête...

Il a glissé son bras autour de ma taille pour me prendre contre lui avant d'embrasser le bout de mon nez puis mon front.
Sa peau chaude, ses bras autour de moi, sa main qui me caresse le dos, mes lèvres qui frôlent son cou, son torse qui se soulève, sa respiration, son souffle sur mon épaule.
J'avais des frissons partout, je me sentais si bien. Et j'avais envie de lui demander : " putain mais comment t'arrives à me faire ressentir ça". C'était tellement bon et agréable.
J'avais tellement envie qu'il m'embrasse. Mais j'ai finis par m'endormir avant de me faire du mal à imaginer des choses qui n'arriveront peut être jamais.

*

Quand je me suis réveillé, Nick n'était pas là. J'ai cherché un peu partout dans le bunker et j'ai finis par le trouver dans la cuisine. Il était toujours aussi bizarre mais tout avait l'air d'aller bien. On a mangé, et je suis aller me laver.
Et une fois sèche je suis retourné dans la chambre, où j'ai trouvé Nick les mains contre le mur.

- Tu sens que ça revient ?
- Je sais pas...
- Dit moi si je peux faire quelque chose.
- Me touche pas, on sait jamais.
- Tu vas rien me faire.
- Laisse moi un peu seul s'il te plaît...
- Nick...
- Je t'en supplie...

J'avais vraiment pas envie de le faire mais j'ai cédé. Je suis retourné dans le couloir pour aller vers le self.

- Caliopé ?
- Pourquoi tu m'appelles comme ça ?
- Je suis désolé, il a soufflé en s'approchant de moi à toute vitesse.

Je n'ai pas eu le temps d'avoir un mouvement de recul, Nick a prit mon visage entre ses mains et m'a embrassé. Mon cœur à raté un battement avant de repartir plus vite qu'il ne l'a jamais fais. Tout mon corps tremblait, j'avais des frissons, et une énorme vague de chaleur m'a traversé tout le corps.
Il s'est détaché de moi un instant pour reprendre son souffle, il allait me dire quelque chose mais je ne lui ai même pas laissé le temps de finir que je l'ai embrassé à mon tour.

- Je viens de trouvé le meilleur traitement après avoir tout essayé. La thérapie cognitive, les psy, les médicaments, ça m'a jamais calmé. Et toi tu... T'es... Putain...

Il m'a prise dans ses bras et on a continué à s'embrasser jusqu'à manquer de souffle, et une fois qu'on l'avait récupéré, on recommençait. Jamais j'aurais pu m'arrêter. Mais au bout d'un moment j'ai sentis que ça montait en moi, et Nick l'a ressentit au même moment.

- J'ai pas envie d'aller trop vite avec toi Cali.
- Moi non plus.

Même si au fond ça ne m'aurait pas du tout déranger. Bien au contraire.

- Depuis quand ?
- La première fois que je t'ai vu.

Je ne m'étais jamais sentie aussi heureuse, je lui ai fais comprendre que moi aussi en l'embrassant encore une fois. Jamais j'aurais pu me sentir mieux. Pour la première fois de ma vie, j'étais pleinement heureuse.

150 days on a lost island Où les histoires vivent. Découvrez maintenant