CHAPITRE 1: MECHANT

141 16 0
                                    


PDV Charlie


Mon dos heurte la paroi de la camionnette chaque fois que le véhicule cahote sur le bitume abimé, j'absorbe les chocs comme je peux. Mon corps a beau être paralysé il ressent les coups que l'on me porte et ne pas pouvoir les anticiper augmente leurs effets.

J'essaie de me concentrer sur le trajet que nous empruntons : virage à gauche et maintenant à droite, on monte légèrement là je crois, pour avoir une idée de notre destination. Mais mon cerveau est tellement engourdi par le produit que Norah m'a injecté, que je n'ai aucune notion, que ce soit temporelles ou spatiaux temporelles, je décide d'abandonner. Mes yeux eux sont grands ouvert, mais pourtant je ne vois rien, je n'arrive pas à diriger mon regard où j'aimerais, c'est-à-dire sur ces hommes qui encore une fois m'ont piégés. Ma vision reste perdue dans le vague devant moi, fixé sur la porte coulissante de la camionnette. J'entends seulement Jay et Brad discuter à l'avant du camion, (en train de se congratuler certainement) et la respiration silencieuse de Johakim non loin de moi. Je voudrais bouger, lui envoyer un coup de pied dans le maxillaire pour leur signifier à chacun que jamais plus ils ne pourront poser leur mains sur moi, mais rien ne répond, mon système nerveux est HS et je me concentre pour ne pas hurler ma frustration. J'essaie plutôt de me concentrer pour contrer l'effet de ce produit, trouver la porte de sortie dans mon esprit embrumé et enfin pouvoir me défendre. Je suis pas censé être spéciale putain ? Un truc dans le genre !? Alors pourquoi je suis réduite à l'état de légume ! Je ne parvins qu'à rester droite et rien d'autre. Combien de temps ça va durer ? Deux minutes supplémentaires ? Deux heures ? Ou l'effet est permanent ? Je sens mon corps se raidir d'avantage lorsque cette idée s'imprime en moi. NON !

Que peuvent-ils encore me vouloir, Caren n'a-t-elle pas dit qu'ils ne me voulaient aucun mal ? Je l'avais pensé sincère, se peut-il que ces trois-là agissent en solo ? Je commence à ne plus supporter d'être celle qui en sait le moins. Mes mains se serrent en point sur mes genoux, je cache mon soulagement, le produit semble ne plus agir sur tout mon corps ou alors la frustration que je ressens en surpasse l'effet. Je tente de bouger la tête, si infimement que personne ne le remarque lorsque j'y parviens. Je retiens le soupir de soulagement quand l'espoir revient en moi. Je peux maintenant observer Johakim, il est assis tout près de moi sur la même banquette et sa cuisse effleure la mienne, ce contact me rebute mais je réussis à ne pas faire bouger mes jambes, bien que je ne sois pas encore sure que celles-ci m'obéissent. Je m'attendais à ce qu'il me fixe avec intérêt mais non, lorsque mes yeux glissent sur son visage je remarque que les siens sont fermés. Il est absorbé par ses pensées, son visage est si concentré que je commence à flipper. Il ne parait pas si dangereux sans son expression sournoise, il est même beau je dirai, mais d'une beauté effrayante presque artificielle, comme un robot ou une photo trop retouchée. Il a la peau si lisse que ça m'étonne. Je frissonne lorsque ses paupières tressaillent. Je me reconcentre à présent sur la portière face à moi.

Je ne sais pas de quel talent il est doté. Que compte-t-il faire ? Il n'apporte absolument aucune attention à ses sbires, ni à ma petite personne. Son attitude me glace le sang, il semble si indifférent à la situation. Je ne comprends pas, bien que certaines pièces du puzzle s'assemblent, les plus importantes restent encore manquantes. Les cases dans ma tête se mettent à s'agiter et se requalifient d'elles-mêmes en ce qui concerne Johakim et affiche : MECHANT. En gros caractères.

Je récupère petit à petit l'usage des muscles de mon visage, je ferme les yeux de soulagement et me mets à retourner cette situation dans tous les sens. Je ne peux faire que ça pour l'instant. Tout ce qui a pu m'échapper passe de nouveau sous mon regard.

Tout d'abord il est évident que l'histoire avec Tyler était un piètre mensonge que j'aurai dû sentir venir de loin. Mais ça m'a totalement échappé, bouleversée par sa potentielle disparition, je me suis fait avoir comme une débutante. –Tu es une débutante- me rappelle ma conscience. La ferme ! Je m'agace moi-même, oui je le suis, mais je ne supporte pas le fait de mettre fait avoir ! Pure arrogance.

FORCE D'AME (Tome II FORCE D'ESPRIT)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant