Chapitre 5. Le parapluie et Mr. M.
-10h00 PM, Belgravia, Westminster-
Après lui avoir fait le tour de sa demeure – le walk-in de l'homme où trônait, en son centre, un pot remplit d'une dizaine de parapluies noirs n'avait pas manqué d'impressionné Gregory –, Mycroft lui montra sa chambre et lui dit de déposer ses affaires et de les ranger, il avait visiblement lui-même des choses à régler. Quand il entendit sonner tandis qu'il rangeait T-shirt et chemise dans un tiroir de la commode et qu'il vit Dave Cameron – premier ministre britannique – entrer et accourir en clamant qu'il avait besoin de l'aide de Mycroft, il voulut bien le croire.
Comme le tête-à-tête entre le premier ministre et Mycroft semblait s'éterniser, Lestrade décida de travailler un peu. Il sortit donc son ordi portable de son sac et bossa sur sa nouvelle affaire. Quelques recherches supplémentaires sur la victime et sa famille ne feraient pas de tort.
Ce ne fut que bien plus tard que, soulagé, Dave Cameron quitta finalement la maison. Quelques minutes après, Mycroft cogna à la porte ouverte de la chambre de Gregory et s'appuya dans l'encadrement.
-Sur quoi travaillez-vous?
-Un meurtre sans suspect, répondit machinalement Gregory sans se détourner de l'écran de son ordinateur.
-Sans suspect? S'étonna le politicien
-Tout le monde aimait la victime, Mrs. Rivera : voisins, amis, collègues, enfants, parents, famille... tout le monde l'adorait et personne ne pense que quelqu'un pourrait lui en vouloir pour quoique ce soit.
-Ce genre de choses en cachent généralement d'autres.
-Je suis bien d'accord. C'est pour ça que je bosse; j'essaye de trouver quelque chose, n'importe quoi qui pourrait, au moins, nous fournir un motif. Peut-être de la jalousie?
Mycroft se pinça les lèvres et s'avança dans la pièce.
-Quand a eu lieu le meurtre?
-Selon la légiste, tôt ce matin.
-Hum...
Il s'approcha de Lestrade et se pencha sur son épaule pour apercevoir l'écran. Le policier pouvait sentir son souffle chaud sur son cou. Il déglutit et sa main se serra sur sa cuisse.
-Je crois savoir.
Gregory sursauta.
-Même Sherlock n'a pas résolu ce meurtre, comment pouvez-vous...–
-Mon frère n'avait tout simplement pas toutes les données en main pour résoudre cette affaire, le coupa-t-il presque immédiatement.
-C'est exactement ce qu'il a dit, s'étonna le fonctionnaire.
-Moi, j'ai tout ce qu'il me faut. Ce meurtre, Gregory, il a été fait pour vous occuper.
-Que dîtes-vous?
-La donnée manquante était le cambriolage de votre maison. On a tué cette personne – choisie le plus loin possible de votre domicile au complet hasard – pour vous empêcher de retourner chez-vous pour qu'on puisse avoir tout le temps de cambrioler votre habitation. Voilà pourquoi vous n'avez pas de suspect. Rien ne relie la victime et son meurtrier. (Il marqua une pause.) Si ce n'est que vous... et moi...
S'installa un lourd silence. Lestrade digérait la nouvelle avec quelques difficultés. Il ne doutait pas une seconde de Mycroft puisque celui possédait les mêmes capacités hors du commun que Sherlock, mais cependant, il avait peine à croire qu'une innocente puisse avoir été tuée simplement parce qu'il avait été vu en compagnie du politicien.
-Je vais tout de même devoir démasquer le meurtrier.
-Alors, j'ai bien peur qu'il vous faille travailler conjointement avec moi.
Un gémissement s'échappa d'entre les lèvres de Lestrade. Pourquoi, au diable, le malheur ne cessait-il donc pas de s'abattre sur lui?
-Venez, je vais vous montrer quelque chose, rajouta l'autre homme en repartant déjà par où il était venu.
Gregory prit une grande inspiration, soupira, puis suivit Mycroft à regret. Celui-ci l'amena devant une porte postée sous les escaliers de la demeure, une porte qu'il ne lui avait pas montrée durant son tour guidé. Il poussa ladite porte qui s'avéra déboucher sur un escalier plongé dans le noir.
-Faîtes attention où vous marchez, vous pourriez manquer une marche, ce serait dommage.
Suivant les conseils de son hôte, Lestrad lui emboîta le pas, prudent. Quelques sept marches plus tard, ils mirent pied à terre. Mycroft alluma la lumière et Gegory resta bouche-bée.
Devant lui, il avait sous les yeux une toile d'araignée géante. Faite de bouts de ficelle qui s'entrecroisaient çà et là, attachés au mur par des punaises. Chaque agrafe était posée sur une coupure de journal, une photo, un endroit précis sur une carte géographie ou encore un simple mot. Comme un collage scrapbooking gigantesque.
-Qu'est-ce que c'est ça? Demanda-t-il, ébahi.
-Mes recherches de ces derniers mois.
Lestrade souleva un journal pour passer en-dessous et rejoignit Mycroft près du mur, au fond de l'étrange pièce.
-Mais pourquoi?
-Quelqu'un cherche à me faire tomber et souhaite me prendre une chose que je possède; je tente toujours de déterminer ce dont il s'agit. La chose dont je suis sûr, c'est que cette personne, c'est Mr. M. autrement connu sous le nom de Charles August Magnussen, dit-il en pointant un portrait de l'homme en question sur sa toile d'araignée gigantesque.
Même en photo, ses petits yeux semblaient vous observer comme s'ils n'ignoraient rien de vous. Lestrade en avait les mêmes frissons que lorsqu'il regardait la Mona Lisa.
-Dîtes, ce ne serait pas...?
-Si, c'est lui. C'est le propriétaire de l'immeuble où habitait Sherrinford. Je l'ai rencontré à New-York voilà quelques mois... Je le soupçonne de convoiter cette chose ce que je possède et qu'il veut obtenir depuis très longtemps déjà. Son choix de locataire n'était pas anodin. Je ne crois pas aux coïncidences.
-Alors, il pourrait être celui qui a tué Mrs. Rivera?
-Oh, je ne crois pas qu'il soit du genre à se salir lui-même les mains pour ce genre de choses, mais oui, il est sûrement celui ayant ordonné son meurtre. S'il en a ordonné un, il peut en ordonner d'autres... S'il veut m'atteindre et qu'il croit que vous êtes mon compagnon, vous n'êtes plus en sécurité, Gregory.
-Pourquoi ne pas s'en prendre à Sherlock?
-Sans vouloir vous vexer, Gregory, vous êtes une cible bien plus facile...
Le policier fut effectivement vexé, mais il le cacha du mieux qu'il le put.
-Ne vous inquiétez pas, poursuit Mycroft, je veillerai à ce qu'il ne vous arrive rien. Vous êtes sous ma protection, désormais.
-Et si je ne veux pas?
Il était capable de se protéger lui-même, bon sang! Il était DI de Scotland Yard, pas n'importe quel civil : il avait une arme et il savait s'en servir!
-Je ne vous laisse pas vraiment le choix, remarquez.
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Le parapluie noir (Mystrade)
FanficQuand Mycroft veut quelque chose, il le prend et il le garde. Ce qu'il veut, depuis la première fois qu'il l'a vu, sept ans auparavant, c'est Gregory Lestrade. Cependant, le policier est insensible aux charmes du politicien. Ce qu'il ne sait pas, c'...