Chapitre 9. Le parapluie et la discussion
-12h30 PM, Campagne londonienne-
Les heures qui s'étaient écoulées jusqu'à ce que retentisse le « bonne année! » à minuit tapant avaient été une véritable torture pour Mycroft et son frère qui avait finalement décidé de ne pas agir aujourd'hui avec Magnussen. Ils offrirent un superbe vase Ming bleu et blanc – un consensus auquel ils étaient arrivés non sans efforts – à leur mère qui les embrassa tous les deux avec affection. Quand les festivités furent terminées, ce fut un soulagement pour le politicien qui détestait ce genre de fête et Sherlock qui trouvait cela inutile (pourquoi ne pas simplement s'envoyer un texto le lendemain matin pour se souhaiter une bonne année? Pourquoi veiller tous ensemble jusqu'à minuit, c'était inutile et fatiguant...) et trop commercial.
-Dieu, c'est enfin terminé!
Il était heureux d'avoir réussi à passer en-travers de Noël et du jour de l'an indemne. Maintenant, il pouvait enfin recentrer toute son attention sur Gregory. Une fois que tout le monde eut étreint tout le monde en offrant les vœux de bonne année, il entraîna le policier dans leur chambre et verrouilla la porte derrière eux. Il était grand temps qu'ils aient une sérieuse discussion.
Il poussa Gregory qui échappa un hoquet de surprise à s'asseoir sur le lit et il lui tourna autour comme un vautour autour de sa proie. Le policier le suivait du regard, méfiant. En réalité, Mycroft était bien embêté: il ne voyait pas du tout comment aborder le sujet en douceur, toutes les approches lui semblaient à son désavantages. Il visualisait la conversation qu'ils s'apprêtaient à avoir dans sa tête et, à chaque fois, ça se finissait mal, avec un Greg qui claquait la porte en hurlant. Pourtant, un jour ou l'autre, il devrait bien se lancer où il perdrait cette occasion d'avoir une bonne discussion avec un Gregory qui n'avait aucune échappatoire (ils étaient perdus en pleine campagne londonienne, après tout, et ils y étaient venus en hélicoptère présidentielle que seul Mycroft – et un peu le Président Britannique – contrôlait).
-Merde, de quoi voulez-vous me parler, bon sang! Vous me rendez mal à l'aise! Cessez de tourner en rond! Finit par s'exclamer Lestrade, visiblement énervé. Dîtes ce que vous avez à dire et n'en parlons plus!
Mycroft se figea net, les yeux un peu rond. De toutes ses prédictions, il n'avait jamais pensé que ce puisse être le policier qui parle le premier. Merde, ça remettait en cause tous ses calculs! Puis zut, il n'avait plus le temps de rien calculer! Il allait devoir improviser. Et il ignorait comment ses sentiments, ses émotions ainsi que tout le reste allaient sortir. « Imprévisible », il détestait ce mot. Même si certains diraient que cela lui ferait le plus grand des biens de décrocher de temps en temps. Bien sûr, il n'était pas de cet avis. L'être humain commettait les pires vices au moment où il laissait ses instincts primitifs prendre le dessus sur son intelligence, après tout. Et Mycroft avait peur de se gourer, de faire une erreur. Lui qui n'en faisait habituellement jamais, sachant tout prévoir avec justesse et précision.
-Alors, vous allez vous décider à parler? Rajouta Greg en s'impatientant. Arrêtez de me rendre nerveux!
Sa jambe gauche était d'ailleurs devenue folle – sûrement du manque de patience –, tressautant en rythme.
-Oui, je voulais savoir si vous vous sentiez bien.
Lestrade plissa les yeux, perplexe.
-Je vais bien. Vos parents sont accueillants et chaleureux : j'aurais aimé avoir la même famille.
-Je parlais plutôt d'en général.
Il toussota pour arriver à aborder le sujet qu'il voulait. Ce n'était pas facile. Il détestait remettre lui et ses actions en question.
-Trouvez-vous que je vous surprotège? Finit-il par lâcher.
Le policier le regarda sans savoir comment réagir. C'était comme s'il n'en croyait pas ses oreilles. Ses joues s'empourprèrent.
-Eh bien, peut-être que les caméras et les berlines noires qui me suivent sont un peu exagérées...
-Oh, alors vous vous en êtes rendu compte, fit Mycroft en fronçant légèrement les sourcils.
-On ne peut pas dire que c'était subtil. Vous devriez arrêter toute cette mascarade : je ne suis pas en porcelaine!
Il se pinça les lèvres.
-C'est bien ce que je craignais...
S'il continuait de surprotéger Lestrade ainsi, il allait finir par le perdre. Il détestait avoir à dire ça, mais Sherlock avait eu raison sur au moins une chose.
-Mais..., reprit Gregory après un silence, je... je suis toujours là à courir après les pires esprits criminels qui soient, à me mettre en danger et à risquer ma vie. Je suis le chef de mon équipe, je suis responsable des gars sous mes ordres, mais il n'y a jamais eu personne pour veiller sur moi.
Plus il discutait avec Mycroft, plus le policier se rendait compte que Sherlock n'était pas le seul à avoir eu raison, John n'était pas non plus tombé bien loin de la vérité.
Le regard de l'aîné des Holmes s'illumina. C'était à son tour de ne pas arriver à croire ce qu'il entendait.
-Moi, dit-il, moi je vais veiller sur vous.
Il s'arrêta tout juste devant Gregory et planta son regard de loup dans le sien. Lestrade baissa instantanément les yeux au sol, alors Mycroft lui releva la tête en posant deux doigts sous son menton.
-C'est facile d'arrêter de courir, Gregory, vous n'avez qu'à vous appuyer sur mon épaule et vous laissez aller. Je vais tout prendre en charge pour vous, il est temps que vous laissiez quelqu'un prendre soin de vous.
Surtout après autant de temps avec une femme qui vous négligeait en plus de vous faire cocu... Comme il avait longtemps été jaloux de cette femme! Dès la seconde où il avait aperçu l'alliance au doigt du policier.
-Je ne peux pas. Je suis détective inspecteur qu'en penseraient ceux qui travaillent avec moi? Je ne peux me reposer sur personne.
-Au contraire, Gregory, il faut être plus fort pour se laisser protéger que pour protéger quelqu'un d'autre. Et vous êtes fort. Vous êtes de loin un des meilleurs policiers que ma carrière m'ait permis de rencontrer.
Lestrade ne pouvait pas s'empêcher de rougir sous la pluie de compliments qui lui tombait dessus. Fatigué de lutter contre les sentiments qui le submergeaient, il laissa sa tête tomber et appuya son front contre le torse de Mycroft. Il soupira lentement. Finalement, s'appuyer sur quelqu'un n'était pas si désagréable... Le politicien posa une main à la fois protectrice et possessive sur sa nuque, la pressant doucement. Greg ferma les yeux.
-Si vous me laissez tomber, murmura-t-il, je ne vais pas vous le pardonner.
En bon Holmes, Mycroft pouvait être salement égoïste avec ce qu'il considérait comme étant sa propriété. Avec lui, Lestrade était en sécurité. Il le méritait.
-Je ne vais pas vous laisser tomber, assura l'autre homme, je vous garde pour moi tout seul.
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Le parapluie noir (Mystrade)
FanficQuand Mycroft veut quelque chose, il le prend et il le garde. Ce qu'il veut, depuis la première fois qu'il l'a vu, sept ans auparavant, c'est Gregory Lestrade. Cependant, le policier est insensible aux charmes du politicien. Ce qu'il ne sait pas, c'...