Clarisse resta longtemps dans son canapé, sans bouger. Elle regardait fixement le plafond. Il avait disparu. Était-ce pour de bon ? Cette question la hantait. Elle avait peur qu'il ne meurt, que cette blessure, cette stupide blessure, qui était sa faute, complètement sa faute, ne le tue et qu'il ne doive mourir quelque part, seul, inconnu, dans une ruelle ou pire, à l'hôpital. Elle voyait les infirmières éteindre le dispositif électrique qui l'aidait à respirer et fermer ses paupières. Clarisse tressaillit. Il fallait le retrouver. Il fallait le sauver.
Mais d'un seul coup, sans crier gare, sa conscience refit surface. Elle lui souffla qu'elle ne pouvait pas partir après ce meurtrier, ce liberticide, que c'était contraire à toute morale et que ce serait certainement bien fait pour lui, s'il venait à en crever. Elle avait la main sur la poignée de la porte. Elle hésitait. Elle se retourna et contempla le canapé vide, la télé éteinte. Le silence pesait de tout son poids. La tasse qu'utilisait Loki d'ordinaire séchait près de l'évier. Il manquait quelque chose, l'éclat de la vie, l'étincelle de l'existence, il manquait Loki. Clarisse fit volte-face et sortit d'un air déterminé. Elle savait où il était.
Elle marchait vite, courait presque. Le chemin, elle le connaissait par cœur. D'abord, il fallait aller jusqu'au bureau de son ex, celui avec qui elle était encore avant l'arrivée de Loki. Ensuite, elle devait continuer tout droit sur l'avenue, en passant devant les bureaux sans s'arrêter. C'était facile, la route se dressait toute prête devant elle. Elle marcha quelques temps et puis quitta brutalement l'avenue, s'engouffra dans une rue parallèle, une des plus ordinaires. Elle arriva bientôt devant la façade d'un hôtel, le genre d'hôtel dans lequel personne n'aime entrer. Clarisse poussa tout de même la porte, sans se poser de questions et s'approcha de la vieille qui tenait les comptes. Celle-ci regardait fixement un mini-poste de télé caché sous le comptoir. Clarisse ne voyait pas l'écran mais elle entendait les doublages douteux des films policiers diffusés pendant les heures creuses. Elle fit mine d'être pressée pour ne pas perdre de temps à espérer avoir toute l'attention de son interlocutrice et demanda une chambre. L'autre tordit les lèvres dans une affreuse grimace pour savoir si c'était pour l'après-midi ou pour la nuit ; Clarisse répondit qu'elle n'en n'aurait que pour une heure. La vieille lui factura l'après-midi, à régler d'avance, et la laissa monter.
Chambre 302. Clarisse marmonna ; elle n'aimait pas ce nombre.
Elle prit l'ascenseur, avança dans le couloir et ouvrit la porte de sa chambre. C'était à peine plus grand que chez elle. D'abord, il fallait suivre un petit couloir avec, sur la gauche, l'entrée de la salle de bain. Au bout du couloir, un espace plus vaste s'ouvrait avec un lit deux places et un bureau placé en face. La télévision surplombait le tout, juchée sur une étagère, au-dessus du bureau. La pièce était bien éclairée. Il y avait une grande fenêtre qui donnait sur la rue. Et devant cette fenêtre, qui regardait sur la rue, il y avait Loki.
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La colocation de Clarisse
FanfictionClarisse est une étudiante comme les autres. Quand elle est fatiguée, elle se repose, quand elle a faim, elle mange. Et quand elle en a le courage, elle discute avec son colocataire, même si, la plupart du temps, c'est lui qui commence à poser les...