La chambre 302

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Dans la lumière sale, la poussière flottait délicatement. Clarisse se tenait bêtement dans la porte et elle gardait un regard fixe sur la scène qui avait lieu devant elle. Un sentiment étrange l'envahissait, à la fois proche de la libération et du déchirement. Elle voulait pleurer toutes les larmes de son corps tant ce qu'elle voyait lui faisait mal. Elle aurait voulu pouvoir hurler son désespoir, sa solitude, extirper hors d'elle-même le sentiment de trahison. Et tout comme les larmes, la volonté de rire à gorge déployée plaçait son pauvre esprit sur la falaise de la folie. C'était le temps heureux de la fin d'hypocrisies toutes plus stupides et égoïstes les unes que les autres. Elle voulait rire de sa stupidité, de sa naïveté... de sa libération. Tiraillée entre ces extrêmes, elle restait plantée au milieu du passage sans rien faire, sans rien dire. Comment réagir ?

La vie, elle, ne saurait être immobile et cette scène ne pouvait durer éternellement. Il était venu précipitamment vers elle, mais elle l'avait regardé droit dans les yeux et lui avait dit :

- Tu savais déjà que tout était fini ?

Et elle s'en était désapproprié. Elle avait rejeté son être loin d'elle, elle avait cessé de voir en lui quelque chose qui fût à elle, quelque chose qu'elle appelait « mon... » pour ne plus voir qu'une loque humaine, un « autre », lointain et égoïste. Il avait gardé son ego en cadeau.

Ce jour-là, elle lui avait tourné le dos et elle l'avait abandonné.

Cette scène, son ex, sa maîtresse, le lit défait et son regard... Clarisse avait tout gardé en tête et Loki qui se tenait dans la fenêtre, le dos tourné...

- Vous l'avez fait exprès ? Vous étiez blessé ? vexé ?

- Je suis, petite humaine, un dieu d'Asgard. Maître des illusions, je domine tous les cœurs, toutes les âmes.... mais cette chambre, tu y es venue toute seule. Le sceptre, d'ordinaire, me révèle ce genre de choses.

- Mais il est cassé... comment est-ce possible alors ?

- Je te l'ai déjà dit, il ne peut pas se casser. Ce n'est pas possible.

Et la conversation tourna mal.Clarisse oublia la chambre, oublia son ex, elle laissa toutes ces histoires de côté. Loki, en grand seigneur, se refusait toujours à la regarder. Il fixait obstinément la rue, comme s'il avait voulu s'échapper. Clarisse le taquina gentiment sur cet instrument des dieux qui n'avait pas fonctionné sur une simple mortelle et quand Loki se tourna enfin vers elle pour lui montrer l'ampleur de son orgueil, il la vit en larmes, et en train de rire. Elle avait retrouvé Loki. Elle avait retrouvé son Loki. Il n'était pas mort.

- C'est bête, c'est si bête... ! Si quelqu'un savait que j'héberge un terroriste comme vous... mais j'ai l'impression qu'il manque quelque chose quand vous n'êtes pas là... Pourquoi êtes-vous venu ce soir-là ?

Loki ne répondit rien, tout d'abord. Il la laissa rire et pleurer. Quand elle eut finit, il lui dit :

- Vous savez très bien pourquoi je suis venu. Je suis un dieu recherché. Mon existence vexe des égoïstes manipulateurs. Ils veulent tout s'approprier. Ils se sont approprié ma vie quand j'étais petit. Aujourd'hui, je me vengerai... je me vengerai ! Quant à toi, arrête de réfléchir, arrête de pleurer, ou tu vas me faire repérer.

Clarisse ne comprenait rien à ce discours étrange. Elle avait, pendant un instant, perdu la trace de son étrange colocataire, et elle l'avait retrouvé à l'endroit même où quelque chose d'autre était resté. À moins que ce ne soit Loki ?


La colocation de ClarisseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant