Chapitre 4 (partie 1)

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— Mila ?

— Hmm ? fais-je doucement, les yeux toujours rivés sur le sol gris et morose.

— Tu vas bien ? s'enquiert mon compagnon.

— Oui, Léo.

— Si tu le dis, lâche-t-il avec un haussement d'épaules.

Je relève la tête et aperçois, du coin de l'œil, son regard légèrement inquiet. Je l'ignore et nous continuons d'avancer.
Lorsque nous nous arrêtons devant un passage piétons, attendant que le feu devienne vert, Léo glisse délicatement sa main dans la mienne, comme s'il a peur de me faire mal. Je lorgne furtivement dans sa direction. Rien. Il regarde droit devant lui et n'affiche aucune expression. Soudainement, il resserre doucement son étreinte et me tire contre lui. Je me laisse faire, ne craignant rien de sa part et curieuse de savoir ce qu'il compte faire. Il me colle à lui en plaquant simplement son bras sur mon dos.
Léo me dépasse d'environ une demi-tête, ce qui fait que, contrairement à Rossio, je suis forcée de nicher mon visage dans son cou. Quelques-unes de ses mèches blondes me chatouillent le front.

— Tu sais, Mila, j'ai été très fier de toi, ce matin, me chuchote Léo dans le creux de l'oreille. Tu nous as tous épatés, en particulier Jeremy. D'ailleurs, tu comptes accepter sa proposition ?

— Laquelle ? Venir dans son lit ? Cet abruti peut toujours rêver.

— Pourquoi ? me demande-t-il bêtement. Plein de filles rêveraient d'être à ta place.

— Mais je ne suis pas comme ces filles. Je ne veux pas baiser avec un mec que je ne connais pas, juste parce qu'il est musclé, soi-disant beau et populaire. Je ne l'aime pas, donc je ne le ferai pas.

— Je t'aime bien, souffle-t-il.

— Je sais, Léo, murmuré-je en le serrant dans mes bras. Mais dis-moi, pourquoi tu me demandes ça ?

— Simple curiosité. Donc, comme je le disais, tu es vraiment douée en sport. Pourquoi tu ne t'inscris à aucun club ?

— Je ne veux pas m'engager, c'est tout.

— Moi aussi, au début. Mais être avec des gens qui partagent les mêmes intérêts que soi en vaut la peine. Vraiment, Mila, inscris-toi et rejoins l'équipe de basket.

— Je n'aime pas les filles de l'équipe féminine.

— Rejoins celle masculine, alors.

J'écarquille les yeux et ris doucement.

— Léo, j'suis pas un gars.

— Et ? Je ne suis pas le seul à te vouloir dans l'équipe : les autres joueurs aussi. Et je ne pense pas que le coach s'opposerait à ça.

— Léo, laisse tomber.

— Viens au moins aux entraînements, alors. Comme aujourd'hui.

— Venir les mardis, les jeudis et parfois les samedis ? Non.

— Juste les samedis, alors.

— Léo, non.

Mon ami grogne discrètement. Je pouffe légèrement et relève la tête pour lui embrasser la joue puis m'arrache à son étreinte.

— C'est vert, me signale-t-il.

Nous traversons le passage en vitesse et continuons de marcher silencieusement.

— Dis, t'étais obligé de me prendre dans tes bras, tout à l'heure ?

— Non, mais j'aime les câlins.

Des vies pour des millions [ EN PAUSE ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant