Chapitre 2 (partie 1)

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J'inspire à  grande bouffée l'air frais en cette douce nuit, sous la bienfaisance de cette Lune au clair de laquelle je n'avais encore jamais marché. Entourée de ses fidèles alliés et sujets, cette Reine illumine ce beau ciel d'encre que je ne pouvais qu'admirer depuis ma fenêtre. Moi qui, enfant, avais toujours rêvé de mettre les pieds dehors une fois le "Roi" couché, je ne peux que bénir cette chance exceptionnelle qui s'offre à moi. Je pose alors mes yeux sur mon poignet dans lequel est incrusté ma puce qui, à mes plus grands bonheur et surprise, n'émet pas la moindre lumière. Malgré mon exaltation, je ne parviens à réprimer la crainte que, sans prévenir, un halo rougeoyant ne m'éclaire et ne me porte préjudice par la suite. Bien que je sois particulièrement comblée en ce moment précis, un bourgeon d'émotions négatives naît en moi ; si seulement ce satané Gouvernement à la noix ne nous imposait pas, à nous, citoyens dits "Fidèles", des règles aussi stupides qu'inutilement contraignantes...


— Décidément, je suis vraiment tombée sur un mauvais siècle, soupiré-je en serrant mes poings, frustrée.


Je lève la tête vers la voûte parsemée d'étoiles scintillantes. Cette image m'apaise et me redonne le sourire.


Mila, oublie ces idiots et profite de l'instant présent. Repense à tes désirs d'enfant naïve et rêveuse. Cette enfant qui ne voulait que liberté et joie de vivre. Remémore-toi ça et laisse-toi aller.


•  •  •


Désormais épuisée et appuyée contre le mur d'un haut bâtiment, je consulte l'heure qu'affiche mon portable. Minuit passée. Wow. J'ai donc passé plusieurs heures en dansant au gré du silence (ou pas) nocturne, libérée de mes chaînes, tout en chantant plus bas que je ne l'aurais voulu une mélodie entêtante et entraînante ; en riant comme une tarée ivre de bonheur et d'excitation, fidèle à moi-même ; en admirant la ville de nuit, ce sombre tableau qui fait naître des étincelles de joie dans mes yeux pétillants malgré ses couleurs foncées et "fades".


Ce n'est pas tout, mais il serait peut-être temps que je rentre chez moi. Je soupire et me redresse. À présent bien droite sur mes deux pieds, je m'avance d'un pas lent (car hésitant), me démerdant pour me diriger dans un noir presque total dans lequel je ne peux que distinguer ce qui m'entoure, bien incapable de lire les pancartes sur lesquelles sont inscrits les noms des rues.

• • •

Environ trois quarts d'heure plus tard, d'après ma mauvaise notion du temps, j'arrive enfin devant la propriété dans laquelle je loge avec mes parents. La trouver n'a pas été si dur que je le pensais. Enfin... Je me suis plutôt bien débrouillée, je trouve. Je passe le portail et traverse la longue allée menant à notre demeure. Tandis que je m'en approche, je ralentis progressivement mon pas déjà incertain jusqu'à ce que je m'arrête complètement.

Ai-jevraiment envie de rentrer ?

D'affronter une énième fois mes parents ?

Je pourrais tout autant m'enfuir pour ne plus jamais revenir... Non. Mauvaise idée. Si ma puce se remet en marche, je serais cuite. Exécutée.

Mais que dire à mes géniteurs, dans ce cas ?

La vérité ? Ou un mensonge éhonté ?

Mieux vaut ne pas m'enfoncer davantage.

Mais comment faire pour que ma situation ne s'envenime pas ?

Allez Mila, réfléchis.

Réfléchis.

Réfléchis.

Réfléchis.

Mais putain ! Je ne trouve pas ! Je ne peux pas être aussi peu rusée !

Des vies pour des millions [ EN PAUSE ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant