Chapitre 13

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— Vous êtes totalement inconscients ! hurle Aiden avant de claquer la porte.

Je baisse les yeux. Je ne sais pas quoi dire, j'ai juste merdé.
Il ne pourra jamais me pardonner. Ni lui, ni les autres.

— Bon, je pars avec lui, déclare Clara en fixant le battant d'un air triste.

Elle se décolle du mur et s'avance vers la sortie. Lorsqu'elle s'apprête à en franchir le seuil, elle se tourne vers nous.

— On se voit à la Base, nous salue la rousse, un peu froidement à mon goût.

Puis elle ajoute quelque chose à Maxime en s'exprimant dans une langue étrangère avant de s'en aller sur un clin d'œil envers le noiraud.

L'écart qu'interpose Clara entre elle et les fautifs – Léo et moi – est tout à fait justifié et j'en comprends la cause, mais je ne peux ignorer le pincement au cœur que me fait cette inhabituelle gêne entre nous. J'ai senti, ressenti la déception et l'amertume dans son regard.

Après quelques minutes de silence désagréables, Maxime prend la parole :

— Allez dans le voiture, je vais rassembler les affaires.

Je m'apprête à rétorquer quelque chose, mais il ajoute :

— Même les vôtres.

Sur ces mots secs, Maxime s'en va dans une autre chambre de ce motel, sans même nous jeter un regard de plus.

Léo et moi quittons la pièce, verrouillons la porte et gagnons la voiture, taciturnes.
Il s'installe sur la banquette arrière et moi sur le siège passager.

Le mutisme de mon compagnon et le silence alentour montent mon malaise d'un cran.
Je lutte pour m'empêcher de tout revisionner dans mon esprit, mais mes pensées morbides prennent le dessus sur ma volonté ; les gestes et paroles d'Aiden comblent le vide de ma tête, en boucle infinie.

Une fois arrivés au motel, après avoir rendu une petite visite à Rossio, Léo et moi sommes remontés, en silence, dans notre chambre. Mais quand nous y sommes entrés, Aiden était assis sur le lit avec Clara et Maxime. Ils nous ont demandé où nous étions passés, et Léo a décidé de se taire. Vu que je suis une menteuse médiocre, j'ai préféré tout avouer. Oui, vous avez bien compris, j'ai dit la vérité.

Et là, le drame a éclaté. Aiden a bondi du lit et s'est indigné de notre trahison à grands cris. Il vociférait tout un tas de choses, trébuchait sur ses mots, répétait que nous avons mis tous les Rebelles, sa famille en danger. Et il avait terriblement raison, je le savais, nous le savions tous.

Il hurlait de rage et a saccagé l'entier de l'ameublement de la chambre – n'épargnant que le lit qu'occupaient Maxime et Clara. La terreur que m'inspirait Aiden n'avait d'égales que sa fureur et sa violence ; je n'avais jamais vu quelqu'un plongé dans une colère aussi noire.

Une fois qu'il n'avait plus rien à détruire dans la chambre, il s'est approché de moi, menaçant. Maxime a essayé de s'interposer, mais son ami l'a repoussé et le noiraud n'a pas insisté. Aiden s'est davantage avancé et m'a plaquée contre le mur. Il m'a craché des insultes et des reproches à la figure, ignorant mes pleurs silencieux.

Et puis, tout s'est passé très vite ; en une fraction de seconde, j'avais le poing d'Aiden juste à côté de ma tête. Il a voulu me frapper, mais s'est ravisé à la dernière minute. La suite, vous la connaissez.

Toujours dans mes pensées et mes remords, je perds la notion du temps et de l'espace. Pourtant, je sais que les minutes s'égrènent et que Maxime n'est toujours pas revenu.

Il doit sûrement me détester, lui aussi. J'ai vraiment tout gâché !
Et c'est reparti avec ma liste de regrets...

J'aimerais tellement revenir en arrière, et ne rien faire de tout ça, mais c'est impossible.
Ce qui est fait est fait.

Des vies pour des millions [ EN PAUSE ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant