Chapitre 1

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Salut ! On tenait à 'expliquer' la règle du couvre-feu ici (puisque c'est dans ce chapitre que c'est utile). Donc, la voici :

Règle du couvre-feu
Tout citoyen "fidèle" est prié de respecter les heures ci-dessous en fonction de son âge :
De 6 à 10 ans : 17h
De 11 à 15 ans : 18h
De 16 à 18 ans : 19h
De 19 à 25 ans : 20h
De plus de 25 : 21h

Bref, voilà. On vous laisse avec ce premier chapitre.

Bisous.

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Je m'empare de ma grande bouteille d'eau et me désaltère goulûment, puis la repose près de mon lit, devant ma table de nuit. J'hésite un moment avant de déplacer mon ordi portable sur ma couverture afin de libérer mes jambes sur lesquelles il reposait. Je me lève, lentement, et dois me rasseoir aussitôt à cause des fourmis qui parcourent mes pieds nus. Je grimace et me force à marcher jusque dans ma vaste salle de bain accolée à mon Sanctuaire (ma chambre). J'appuie sur l'interrupteur et me couvre les yeux lorsque la lumière de la pièce m'éblouit. J'attends un peu, le temps que je m'habitue à la clarté, et m'avance face à mon miroir. L'image qu'il me renvoie toujours me nargue chaque matin. Je ne peux réprimer un soupir de découragement face à mes cheveux ébouriffés. Avec mes mains, je tente de démêler ma chevelure sombre, en vain. Pas étonnant, sans brosse ni peigne perdus dans le bordel de ma chambre. Je grogne et me démerde tant bien que mal pour rassembler mes cheveux en un chignon fait à la va-vite. Au moins, ils ne me gêneront pas. Je prends appui sur le rebord du lavabo, les doigts crispés. Mes pieds me picotent et je commence à sentir la froideur des carreaux bleu nuit qui recouvrent le sol. Je frissonne. Le froid me plait. Les picotements passés, je lâche le lavabo et fais couler de l'eau afin de rincer mon visage.

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Une fois propre et correctement vêtue, je descends au rez-de-chaussée et gagne la cuisine pour y prendre mon petit-déjeuner. Assis à table, mon père lit le journal posé près de son café encore fumant tandis que ma mère en (café) prépare pour elle-même. Lorsque mon géniteur retourne le journal, je m'aperçois alors qu'une grande photographie de notre cher Président figure sur la première page... à côté duquel se tient princièrement ma sœur aînée, Julie. Son hypocrisie n'a d'égal que son amour propre et son ego surdimensionné. Cela dit, je dois admettre que ce dernier n'est pas infondé : passer du statut de Trois à celui d'Un ne se fait pas en un claquement de doigts, même si cela a été un jeu d'enfant pour Julie. Notre relation n'est certainement pas à envier : nous nous méprisons mutuellement mais n'en laissons rien paraître aux autres, sauf à nos parents, bien entendu.
D'ailleurs, ces derniers ne m'ont toujours pas remarquée. Après tout, il faut les comprendre : une fille qui a réussi et redoré l'honneur d'une modeste famille de professeurs vaut bien plus d'attention qu'une autre qui, je cite, « se laisse aller et devrait plutôt prendre exemple sur Julie ». Tch. Parents indignes. Ils me ressortent ça à chaque dîner, alors qu'on vient tous de passer une journée dans un établissement scolaire, et même le matin, alors qu'on s'apprête à y aller ! C'est a-bu-sé. Respectons la bouffe, par pitié.
Au moins, les jours de repos, c'est du chacun pour soi. Et, surtout, moi avec mes pizzas (ou tout autre truc de bon goût).
Me sentant plutôt ronchonne et particulièrement casse-couilles en cette belle matinée de lundi matin, je toussote avec mon élégance propre pour me faire remarquer.

— Charmant, commente mon paternel dans sa barbe inexistante sans même lever ses yeux gris et ternes vers moi.

N'est-ce pas ?

— Bonjour Papa ! Bien dormi ? Tu as l'air de si bonne humeur !  rétorqué-je d'un ton moqueur.

Non, mon père n'a jamais l'air de bonne humeur. Pas en ma présence, en tout cas.

Des vies pour des millions [ EN PAUSE ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant