I - Electrochoc

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Je suis épuisée. Littéralement.

Fin de semaine. Plus de quarante heures de cirage de pompe pour de futurs clients. Je n'en peux plus. Je n'ai qu'une seule envie : m'emmitoufler dans mes couettes chaudes. Avec Matt pour oreiller. Et pourquoi pas un moment de sexe torride, en guise de "bonne nuit".

Il ne s'attend certainement pas à ce que je rentre maintenant, et je me réjouis à l'idée de lui sauter dessus dès mon arrivée.

Je devais être à un concert ce soir, organisé par l'un de nos labels, pour célébrer l'accord commercial entre nos deux boites. Mais finalement, les artistes ont décommandé.

Je suis assistante marketing au service client, dans une entreprise de distribution de musique en ligne. Mon premier emploi et déjà mon lot de responsabilités. Je suis en première ligne pour contacter de nouveaux clients, et leur promouvoir nos outils et nos offres. Un travail qui me passionne, mais assez prenant. Avec les heures au bureau et les soirées avec les artistes, je n'ai plus vraiment de minutes à moi. Il n'y a que le soir quand je rentre, que je trouve ce temps. Pour des moments doux et sensuels avec mon petit-ami.

Matt a la faculté de réveiller mon désir en toutes circonstances. Fatiguée ou pas.

Ensemble depuis cinq ans, nous sommes toujours fous l'un de l'autre. Nos ébats n'ont d'ailleurs pas perdu en intensité au fil des années. Peut-être en quantité malgré tout.

Nous nous sommes rencontrés alors que j'entamais ma première année de faculté. J'avais dix-huit ans, j'étais une jeune étudiante perdue dans l'immensité de la ville et lui, agent immobilier. Il m'avait trouvé un appartement et je lui avait montré ma gratitude.

A de nombreuses reprises...Très nombreuses!

J'avais un physique plutôt pulpeux à l'époque. J'étais grande, avec une poitrine opulente, de bonnes hanches, un ventre légèrement arrondi. De belles courbes féminines dont je ne me servais jamais. L'unique fois où je les avais offertes, à mon premier et seul amour du lycée, celui-ci m'avait quittée. Une semaine après. Je n'avais donc pas l'habitude d'user de mes charmes. Ni la confiance. Malgré cela, Matt m'avait remarquée tout de suite, puis m'avait fait la cour à la manière des plus grands séducteurs.

Ayant découvert ma sexualité et ayant grandement apprécié, j'avais d'abord résisté pour la forme, puis m'étais laissée gagner par l'ivresse de ce corps d'apollon qu'il m'offrait sur un plateau.

Aujourd'hui, mon physique n'a plus la même saveur. Entre le stress des examens et celui de ma recherche d'emploi, et maintenant, les repas sautés et le boulot où je cours partout, j'ai perdu ma silhouette. Le volume de mes seins a diminué et je n'ai plus vraiment de chair sur les cuisses, les fesses ou la taille. Des chairs auxquelles Matt aimait s'accrocher. Il ne m'en fait pas le reproche. Jamais. Mais de temps en temps, il aime me rappeler que mes formes du début lui manquent.

Je ne peux pas y faire grand chose, malheureusement. Le stress de ce premier job me reste constamment dans la tête. Je veux faire mes preuves. Montrer que je suis capable. Ramener de l'argent aussi. Parce que Matt, de trois ans mon aîné, a largement eu le temps de participer à mes frais universitaires. Et ce, même si mon père ne lésinait pas sur son aide.

Je veux bien faire. Autant dans ma vie professionnelle que personnelle.

Et ça commence par faire en sorte que Matt ne cesse pas de me regarder. Qu'il me désire encore et toujours. Je vois bien qu'il s'efforce d'être gentil et de me rassurer. Mais c'est plus fort que moi : je me dis que mon corps ne lui est plus si agréable. Ça devient un cercle vicieux, car ce nouveau complexe est une pression supplémentaire sur mon métabolisme.

Make me Bad [Publié chez Hugo Poche]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant